
Dieu est-il le bouche-trou de notre ignorance ?
La théorie du Dieu bouche-trou
Si vous discutez de l’existence de Dieu avec des gens autour de vous qui ne croient pas en Dieu, vous avez certainement déjà entendu quelque chose qui ressemble à ceci :
« Dans les temps anciens, les hommes étaient ignorants des sciences et ils attribuaient plusieurs phénomènes à l’action de Dieu, comme par exemple la foudre ou les maladies. Maintenant que les sciences peuvent expliquer plusieurs de ces phénomènes, l’homme n’a plus besoin de Dieu pour les expliquer. Donc, Dieu n’existe pas. »
Si vous avez lu attentivement, vous verrez que logiquement, la conclusion « Donc, Dieu n’existe pas » ne résulte pas des prémisses du raisonnement. D’ailleurs, vous remarquerez que la plupart du temps, votre interlocuteur ne mentionnera même pas cette dernière phrase et terminera simplement son argument par « on a maintenant plus besoin de Dieu pour expliquer cela ». Cependant, le fait même qu’il vous présente cet argument dans une discussion sur l’existence de Dieu trahit sa conclusion sous-entendue qui est : « Donc, Dieu n’existe pas. »
Si on applique cette logique du Dieu bouche-trou au problème de la création du monde, les chrétiens seraient alors obliger de repousser leurs interventions divines encore plus loin dans le passé, à la limite entre la science et l’inconnu, à chaque nouvelle découverte scientifique cosmologique. La prétention ultime derrière tout cela est qu’un jour viendra où la science expliquera tout et qu’il ne restera plus aucune place pour les interventions de Dieu.
Alors où est l’erreur ?
La théorie du Dieu bouche-trou comporte un sous-entendu erroné : Si quelque chose a une cause matérielle, elle ne peut pas avoir de cause efficiente. Si ces termes ne vous sont pas familiers, je vous conseille de lire l’article Les quatre types de cause.
Afin de mieux illustrer l’erreur de cette théorie, voici une petite mise en situation plus concrète. Imaginez que vous avez une machine à remonter le temps et que vous remontiez le temps de 30 ans en arrière avec votre ordinateur portable. Vous donnez votre ordinateur à une personne et elle est émerveillée de voir tout ce que cette machine peut faire, bien qu’elle ne comprenne presque rien de son fonctionnement. Elle vous demande d’où vient cette machine et vous lui répondez c’est un ingénieur de la compagnie Dell qui l’a fabriqué. Quelques jours plus tard, cette personne à qui vous avez donné votre ordinateur vous revient en disant : « Je sais maintenant que cet ingénieur de la compagnie Dell n’existe pas, car j’ai ouvert la machine, j’en ai étudié toutes les composantes et je comprends maintenant comment elle fonctionne ».
Dans cet exemple, l’erreur est flagrante : Cette personne prétend que parce qu’elle a trouvé les causes matérielles du fonctionnement de l’ordinateur, elle peut alors nier l’existence de la cause efficiente qui est l’ingénieur. Exactement comme dans le cas de la création de l’univers, le savant athée croit qu’il peut nier la cause efficiente qui est Dieu parce qu’il a trouvé une théorie qui expliquerait les causes matérielles des débuts de la création de l’univers.
La solution chrétienne
Dans la description des causes de l’univers, les causes matérielles et les causes efficientes ne sont pas en compétition. Le fait de découvrir l’existence de nouvelles causes matérielles n’enlève rien aux causes efficientes. Par exemple, la cause «Dieu» n’est pas en compétition avec les autres causes matérielles, envers lesquels il perdrait progressivement du terrain comme s’il se revendiquait du même type de cause. Dieu est la cause efficiente et les découvertes scientifiques s’occupent davantage des causes matérielles ou formelles. Le graphique ci-dessous montre bien la différence entre les deux approches. Dans l’approche chrétienne, Dieu est une cause efficiente qui ne souffre en rien des découvertes scientifiques actuelles ou des découvertes à venir (partie hachurée), car ils n’appartiennent pas au même type de cause. J’ai aussi tenté de représenter la progression du savoir scientifique des trois derniers siècles, selon les deux conceptions présentées dans cet article.
La science a beaucoup de difficulté à répondre aux questions des causes efficientes et finales de l’univers. Cela est dû au fait que la science se limite à l’étude de l’univers lui-même et que les causes efficientes et finales lui sont extrinsèques (à l’extérieur) comme cela est toujours le cas pour ces types de cause. Elle se porte donc davantage sur les causes matérielles et formelles qui lui ont intrinsèques (à l’intérieur). Pour poursuivre avec l’exemple de l’ordinateur portable, celui-ci nous en dit peu sur l’ingénieur qui l’a fabriqué, mais en le démontant, on peut facilement en comprendre les causes matérielles comme les circuits, le plastique et le métal qui le compose, ainsi que l’interaction entre les différentes composantes.
Conclusion
Dieu est-il le bouche-trou de notre ignorance? Absolument pas. Dans le passé, s’est-on servi de Dieu pour expliquer certains phénomènes? Certainement, et cela n’était pas totalement faux, car les causes matérielles de certains phénomènes nous étaient encore inconnues et on ne pouvait répondre qu’avec la cause efficiente qui était Dieu. De plus, il ne serait pas faux d’affirmer que Dieu est cause même d’un phénomène qui nous est maintenant scientifiquement connu comme par exemple la foudre, car Dieu est ultimement la cause de tout ce qui existe (voir la preuve de Dieu par la contingence), bien que nous savons qu’elle est matériellement causée par un transfert de charges électrostatiques dans l’atmosphère. La clé dans tout cela est de savoir répondre aux questions en utilisant le discours approprié à ce que veux savoir celui qui pose la question.
Si vous discutez de l’existence de Dieu avec des gens autour de vous qui ne croient pas en Dieu, vous avez certainement déjà entendu quelque chose qui ressemble à ceci :
« Dans les temps anciens, les hommes étaient ignorants des sciences et ils attribuaient plusieurs phénomènes à l’action de Dieu, comme par exemple la foudre ou les maladies. Maintenant que les sciences peuvent expliquer plusieurs de ces phénomènes, l’homme n’a plus besoin de Dieu pour les expliquer. Donc, Dieu n’existe pas. »
Si vous avez lu attentivement, vous verrez que logiquement, la conclusion « Donc, Dieu n’existe pas » ne résulte pas des prémisses du raisonnement. D’ailleurs, vous remarquerez que la plupart du temps, votre interlocuteur ne mentionnera même pas cette dernière phrase et terminera simplement son argument par « on a maintenant plus besoin de Dieu pour expliquer cela ». Cependant, le fait même qu’il vous présente cet argument dans une discussion sur l’existence de Dieu trahit sa conclusion sous-entendue qui est : « Donc, Dieu n’existe pas. »
Si on applique cette logique du Dieu bouche-trou au problème de la création du monde, les chrétiens seraient alors obliger de repousser leurs interventions divines encore plus loin dans le passé, à la limite entre la science et l’inconnu, à chaque nouvelle découverte scientifique cosmologique. La prétention ultime derrière tout cela est qu’un jour viendra où la science expliquera tout et qu’il ne restera plus aucune place pour les interventions de Dieu.
Alors où est l’erreur ?
La théorie du Dieu bouche-trou comporte un sous-entendu erroné : Si quelque chose a une cause matérielle, elle ne peut pas avoir de cause efficiente. Si ces termes ne vous sont pas familiers, je vous conseille de lire l’article Les quatre types de cause.
Afin de mieux illustrer l’erreur de cette théorie, voici une petite mise en situation plus concrète. Imaginez que vous avez une machine à remonter le temps et que vous remontiez le temps de 30 ans en arrière avec votre ordinateur portable. Vous donnez votre ordinateur à une personne et elle est émerveillée de voir tout ce que cette machine peut faire, bien qu’elle ne comprenne presque rien de son fonctionnement. Elle vous demande d’où vient cette machine et vous lui répondez c’est un ingénieur de la compagnie Dell qui l’a fabriqué. Quelques jours plus tard, cette personne à qui vous avez donné votre ordinateur vous revient en disant : « Je sais maintenant que cet ingénieur de la compagnie Dell n’existe pas, car j’ai ouvert la machine, j’en ai étudié toutes les composantes et je comprends maintenant comment elle fonctionne ».
Dans cet exemple, l’erreur est flagrante : Cette personne prétend que parce qu’elle a trouvé les causes matérielles du fonctionnement de l’ordinateur, elle peut alors nier l’existence de la cause efficiente qui est l’ingénieur. Exactement comme dans le cas de la création de l’univers, le savant athée croit qu’il peut nier la cause efficiente qui est Dieu parce qu’il a trouvé une théorie qui expliquerait les causes matérielles des débuts de la création de l’univers.
La solution chrétienne
Dans la description des causes de l’univers, les causes matérielles et les causes efficientes ne sont pas en compétition. Le fait de découvrir l’existence de nouvelles causes matérielles n’enlève rien aux causes efficientes. Par exemple, la cause «Dieu» n’est pas en compétition avec les autres causes matérielles, envers lesquels il perdrait progressivement du terrain comme s’il se revendiquait du même type de cause. Dieu est la cause efficiente et les découvertes scientifiques s’occupent davantage des causes matérielles ou formelles. Le graphique ci-dessous montre bien la différence entre les deux approches. Dans l’approche chrétienne, Dieu est une cause efficiente qui ne souffre en rien des découvertes scientifiques actuelles ou des découvertes à venir (partie hachurée), car ils n’appartiennent pas au même type de cause. J’ai aussi tenté de représenter la progression du savoir scientifique des trois derniers siècles, selon les deux conceptions présentées dans cet article.

La science a beaucoup de difficulté à répondre aux questions des causes efficientes et finales de l’univers. Cela est dû au fait que la science se limite à l’étude de l’univers lui-même et que les causes efficientes et finales lui sont extrinsèques (à l’extérieur) comme cela est toujours le cas pour ces types de cause. Elle se porte donc davantage sur les causes matérielles et formelles qui lui ont intrinsèques (à l’intérieur). Pour poursuivre avec l’exemple de l’ordinateur portable, celui-ci nous en dit peu sur l’ingénieur qui l’a fabriqué, mais en le démontant, on peut facilement en comprendre les causes matérielles comme les circuits, le plastique et le métal qui le compose, ainsi que l’interaction entre les différentes composantes.
Conclusion
Dieu est-il le bouche-trou de notre ignorance? Absolument pas. Dans le passé, s’est-on servi de Dieu pour expliquer certains phénomènes? Certainement, et cela n’était pas totalement faux, car les causes matérielles de certains phénomènes nous étaient encore inconnues et on ne pouvait répondre qu’avec la cause efficiente qui était Dieu. De plus, il ne serait pas faux d’affirmer que Dieu est cause même d’un phénomène qui nous est maintenant scientifiquement connu comme par exemple la foudre, car Dieu est ultimement la cause de tout ce qui existe (voir la preuve de Dieu par la contingence), bien que nous savons qu’elle est matériellement causée par un transfert de charges électrostatiques dans l’atmosphère. La clé dans tout cela est de savoir répondre aux questions en utilisant le discours approprié à ce que veux savoir celui qui pose la question.
dieubienchrétienconception
Articles similaires

Clarifications sur les arguments pour l’existence de Dieu : 1/3 - cosmologique
Il y a beaucoup de bons arguments en faveur de l'existence de Dieu et chacun a ses forces et ses difficultés. Alors que certains arguments sont devenus plus populaires, certaines...

Création et Évolution de l’homme
Depuis quelques années, il y a des débats dans plusieurs pays à savoir si l’on doit enseigner l’évolution ou la création de l’homme dans les écoles. Ce même débat a...

18 janvier 2015 - Deuxième dimanche du temps ordinaire
Lectures de la liturgie
Entendre l’appel
Avec l'appel de Samuel et des premiers apôtres, les lectures d'aujourd'hui mettent en lumière notre propre appel à être des disciples du Christ.
Notez que dans l'Évangile...

Jésus est Dieu : Le pardon des péchés (Marc 2, 1-12)
Comme il était entré de nouveau à Capharnaüm, après quelque temps on apprit qu'il était à la maison.
Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même...

Ils célébraient l’Eucharistie: Jean 6
Si nous célébrons l’Eucharistie, c’est tout d’abord parce que Jésus lui-même nous l’a enseigné. Le passage de la Bible où Jésus parle le plus explicitement de l’Eucharistie est dans son...

Saint Grégoire le Grand: 3 septembre
Le 3 septembre, l'Église catholique célèbre la mémoire de Saint Grégoire le Grand, un des plus grands papes de l'histoire de l'Église. Sa vie et son œuvre demeurent une source...

La Typologie : Le sacrifice d’Isaac et de Jésus
Selon les experts, la montage sur laquelle Abraham amena Isaac pour y être sacrifié fait partie des montagnes de Moriyya, ce sont les mêmes montagnes que le Golgotha (Calvaire) où...

L'empereur Constantin, Nicée et la Trinité
Certains groupes affirment que l'Église et les enseignements des Apôtres ont été corrompus dès le premier concile œcuménique de Nicée en 325. Cette doctrine porte généralement le nom de «...

Pourquoi les catholiques prient les saints?
Pourquoi les catholiques prient les saints?
Puisque le Christ a un seul corps (1 Corinthiens 12, 20), pas deux corps; un dans le ciel et un sur la terre, et puisque...

Est-ce l’Église catholique qui nous a donné la Bible? (et comment sommes-nous sauvés?)
La Bible de Gutenberg (15e siècle). Photo par Mark Pellegrini
Fréquemment, les évangéliques parlent de la nécessité de joindre une Église qui est basée sur la Bible. On propose même des...

Comment aller au Ciel
Un lecteur de ce blog nous demande :
Si tous les honnêtes gens vont au Ciel, à quoi sert le baptême ? Chacun ne sera-t-il pas jugé sur le capital que...

19 juillet 2015 : 16e dimanche du Temps Ordinaire
Cliquez ici pour lire les lectures de la liturgie
Un seul troupeau
Comme les Douze reviennent de leur premier voyage missionnaire dans l'Évangile d'aujourd'hui, nos lectures continuent de réfléchir sur l'autorité et...

Réflexions bibliques du 24 août 2014: Ô, profondeurs!
Lectures de la liturgie
« Ô, profondeurs » !
« Ô profondeur inépuisable et de la sagesse et de la science de Dieu! », Paul s'exclame-t-il dans l’épître d'aujourd'hui. Le Psaume d'aujourd'hui...

Pourquoi la résurrection n’est pas une conspiration
Lorsqu'on est confronté au témoignage des premiers chrétiens au sujet de la Résurrection de Jésus, il est naturel de se demander s’il est crédible. Un scepticisme sain exige que l'on...

Existence de Dieu : Par le raisonnement (1/7)
L’existence de Dieu peut être démontrée à l’aide de la raison. C’est pour cela que l’Église a affirmé, au concile de Vatican I (1870), que l’existence de Dieu peut être...

Les paroles de Jésus au bon larron réfutent-elles la nécessité du baptême
Chez les chrétiens qui nient la nécessité du baptême pour le salut (ce qui s’accompagne généralement aussi de la négation de la régénération baptismale), il n’est pas rare de voir...

Fête de Saint Paul VI: 29 mai
Le 29 mai, l'Église catholique célèbre la fête de Saint Paul VI, un pape dont le pontificat a marqué une période de transformation et de renouveau pour l'Église au milieu...

Les Indices pensables: 7- La dignité de la raison humaine.
Cette image est tirée de la bande dessinée l'Univers imprévisible, page 89
Résumé : Avant les multiples tentatives de réponses religieuses et philosophiques, c’est l’intelligence humaine qui pose la question :...

Fête de l'Annonciation du Seigneur
L'Église Catholique célèbre avec dévotion l'Annonciation du Seigneur, cette fête liturgique mémorable qui commémore l'instant sacré où l'archange Gabriel annonce à la Vierge Marie qu'elle concevra le Christ par l'œuvre...

La Trinité dans le Nouveau Testament
Bien que le mot Trinité n'est pas écrit dans le Nouveau Testament, cela ne veut pas dire que la Trinité n'est pas biblique et qu'elle n'a pas été enseignée par...