
Le commencement de l’univers est-il un sophisme ?

Dans un
précédent article « maisqui a causé Dieu? », un internaute m’a posé une question qui m’a fait penser
à une objection que l’on rencontre couramment lorsque l’on présente des
arguments pour l’existence de Dieu, comme celui de la cause première ou celui
de la contingence : celle qui affirme que de parler du commencement de
l’univers est un non-sens. Voici l’extrait de son commentaire qui m’a fait
penser à cette objection :
Il n'y a pas de "avant l'univers" ou "après l'univers" puisque le temps n'existe pas en dehors de l'univers.
Au sujet du
commencement de l’univers, la position de la majorité des scientifiques est que
l’univers est issue du Big-bang il y a environ 13.7 milliards d’années et que
c’est à ce moment qu’aurait débuté la matière, l’espace et le temps.
Cependant,
comme le fait d’avoir un commencement est un stigmate assez flagrant de contingence,
certains athées ont proposé l’idée que de dire que l’univers a un commencement ne
fait pas de sens, puisque que le temps a commencé à exister avec le début de l’univers
et qu’il ne peut donc pas avoir un « temps » avant ce temps où
l’univers n’existait pas. Qu'un commencement peut s'appliquer aux choses qui sont dans le temps, mais pas au temps lui-même. On ne pourrait donc pas alors proprement parler du « commencement »
de l’univers. Ils acceptent donc sans trop de problème la théorie du Big-bang,
mais ils cherchent en même temps à en nier les conséquences. Comme si l’univers
pouvait avoir un passé fini, mais sans pourtant avoir de commencement.
Le but de la manœuvre est bien entendu de prétendre par là qu’il n’aurait alors pas besoin de cause. Nous savons que, même si elle réussissait, cette tentative serait vaine, puisqu’un univers même éternel serait toujours aussi contingent et aurait tout de même besoin d’une cause. Formalisons maintenant cet argument pour un peu plus de clarté :
Le but de la manœuvre est bien entendu de prétendre par là qu’il n’aurait alors pas besoin de cause. Nous savons que, même si elle réussissait, cette tentative serait vaine, puisqu’un univers même éternel serait toujours aussi contingent et aurait tout de même besoin d’une cause. Formalisons maintenant cet argument pour un peu plus de clarté :
- Toute chose qui a un commencement doit être précédé d’un temps où elle n’existait pas
- L’univers n’a pas été précédé d’un temps où il n’existait pas
- Donc, l’univers n’a pas de commencement
Du point de
vue de la forme, c’est un argument valide, mais le problème réside ici dans la
définition des choses qui ont un commencement dans la deuxième prémisse. En
fait, c’est tout l’argument qui s’écroule si l’on donne une définition légèrement
différente des choses qui ont un commencement. Il suffit seulement de définir les
choses qui ont un commencement comme quelque chose qui n’est précédée d’aucun
temps où elle existait. Reformuler de cette façon, on voit non seulement que
l’objection s’effondre, mais que l’argument nous mène à la conclusion inévitable
du commencement de l’univers… ce qui nous laisse entrevoir une cicatrice
incontestable de sa contingence. Reformulons maintenant l’argument précédant
avec cette nouvelle définition :
- Toutes les choses qui ne sont précédées d’aucun temps où elles existaient ont un commencement*
- L’univers n’a été précédé d’aucun temps où il existait
- Donc, l’univers a un commencement
Nous voyons
alors que le fait de parler du commencement de l’univers n’est pas un sophisme
et que ce commencement amène à nous poser la question de la cause de cet univers…
une cause qui doit nécessaire être intemporel, immatériel et non spatiale,
puisque le temps, la matière et l’espace sont apparus avec lui.
* Comme me le faisait remarquer un internaute dans son commentaire, cette définition des choses ayant un commencement est incomplète. Pour être rigoureuse, il faudrait y ajouter quelques précisions, qui sont formulées ainsi par le Dr W.L. Craig : Pour une entité e et un temps t, e commence à exister à t seulement et seulement si (1) e existe à t, (2) t est le premier moment où e existe, (3) il n’y a aucun état des choses dans le monde actuel où e existe hors du temps, et (4) e existe à t est un fait temporel [en anglais : tense fact]. On voit donc que Dieu, étant par essence existant (donc éternellement existant hors du temps, ne correspond pas aux choses qui ont commencé à exister, car il enfreint les conditions 2 et 3 de cette définition.
* Comme me le faisait remarquer un internaute dans son commentaire, cette définition des choses ayant un commencement est incomplète. Pour être rigoureuse, il faudrait y ajouter quelques précisions, qui sont formulées ainsi par le Dr W.L. Craig : Pour une entité e et un temps t, e commence à exister à t seulement et seulement si (1) e existe à t, (2) t est le premier moment où e existe, (3) il n’y a aucun état des choses dans le monde actuel où e existe hors du temps, et (4) e existe à t est un fait temporel [en anglais : tense fact]. On voit donc que Dieu, étant par essence existant (donc éternellement existant hors du temps, ne correspond pas aux choses qui ont commencé à exister, car il enfreint les conditions 2 et 3 de cette définition.
dieubien
Articles similaires

Les lettres des Pères de l'Église : Ignace d'Antioche aux Smyrniotes
Cette lettre date autour de l'an 110 et a été écrite lorsque Saint Ignace était sous escorte romaine jusqu'à Rome pour y subir son martyr.
Lettre d'Ignace d'Antioche aux Smyrniotes
Ignace, dit...

Existence de Dieu : Par le raisonnement (1/7)
L’existence de Dieu peut être démontrée à l’aide de la raison. C’est pour cela que l’Église a affirmé, au concile de Vatican I (1870), que l’existence de Dieu peut être...

La foi et les œuvres
La révélation divine vise à obtenir le salut des âmes, il s’agit donc d’une question centrale en théologie. Le 20 octobre 2011, le pasteur baptiste Pascal Denault a publié cet...

Ils célébraient l’Eucharistie: Jean 6
Si nous célébrons l’Eucharistie, c’est tout d’abord parce que Jésus lui-même nous l’a enseigné. Le passage de la Bible où Jésus parle le plus explicitement de l’Eucharistie est dans son...

Chronologie des livres bibliques
Pour le Nouveau Testament, la chronologie des livres est peu compliquée. Nous avons les Évangiles, ensuite viennent les actes des Apôtres et les lettres, et on termine par l'Apocalypse. Le...

Le pélagianisme et le semi-pélagianisme
Pour poursuivre cette série d’articles sur la grâce, après avoir défini ce qu’est la grâce en général, puis la grâce actuelle, nous allons maintenant identifier les principales erreurs qui ont...

7 juin 2015 : Fête du Saint Sacrement
Cliquez ici pour lire les lectures de la liturgie
Le Sang de l'Alliance:
Toutes les lectures d'aujourd'hui se situent dans le contexte de la Pâque. La Première Lecture rappelle l'ancienne alliance célébrée...

Fête de sainte Faustine Kowalska : 5 octobre
Le 5 octobre, l’Église catholique célèbre la mémoire de sainte Faustine Kowalska, une religieuse polonaise qui a reçu des révélations privées de Jésus sur sa miséricorde infinie. Sainte Faustine est...

Réflexions bibliques du 6 juillet 2014: Un joug d’enfant
Lectures de la liturgie
Un joug d’enfant
Jésus est dépeint dans l'Évangile d'aujourd'hui comme un nouveau et plus grand Moïse.
Moïse, l'homme le plus humble sur la terre (voir Nombres 12, 3), était...

Saint Augustin: 28 aout
Le 28 août, l'Église catholique célèbre la fête de Saint Augustin, l'un des plus grands Pères de l'Église et Docteurs de la foi chrétienne. Converti après une vie tumultueuse, Saint...

Pour la défense du baptême des enfants
Les baptistes et divers autres groupes évangéliques croient que de baptiser les enfants est contraire à la Bible. Les catholiques, en revanche, voient cela non seulement comme étant biblique, mais...

La puissance de la « lectio divina »
James Tissot, Jésus enseigne dans les synagogues (1886)
Dans son encyclique de 2010 Verbum Domini (« La Parole du Seigneur »), le pape Benoît XVI a plaidé pour une approche particulière...

« La pierre » de Matthieu 16,18 est-elle saint Pierre? Ou sa profession de foi?
L'un des passages les plus chaudement disputés dans les dialogues entre les catholiques et les protestants est le passage « sur cette pierre » de Matthieu 16, 18. Après que...

Comment aller au Ciel
Un lecteur de ce blog nous demande :
Si tous les honnêtes gens vont au Ciel, à quoi sert le baptême ? Chacun ne sera-t-il pas jugé sur le capital que...

Comment Jésus est devenu Dieu : un examen critique
La plupart des chrétiens disent que les apôtres sont venus à croire que Jésus était Dieu après avoir vu comment la résurrection du Christ a justifié ses prétentions à la...

Les états de la nature humaine
Suite à la publication de l’article précédent sur l’hérésie pélagienne, une lectrice m’a posé quelques questions au sujet de la nature humaine et des dons qui rendaient la nature humaine...

Fête de Sainte Agathe: 5 février
Chaque année, le 5 février, l'Église catholique célèbre la mémoire de Sainte Agathe, vierge et martyre, dont la vie exemplaire et le témoignage de foi ont traversé les siècles pour...

1 mars 2015 - Deuxième dimanche de Carême
Lectures de la liturgie
Liens déliés
Le Carême se poursuit avec une autre histoire des tests. Dimanche dernier, nous avons entendu les épreuves de Jésus dans le désert. En Première Lecture de...

7 mystères de la foi révélés par l'Eucharistie
L’agneau de Dieu, livre de prières de Waldburg (1486)
Dans Apocalypse 5, 1-10, Saint Jean décrit un rouleau scellé de sept sceaux que personne ne pouvait ouvrir:
Puis je vis dans la...

Réflexions bibliques du 14 décembre 2014 - Troisième dimanche de l'Avent
Lectures de la liturgie
Celui qui vient
La figure mystérieuse de Jean le Baptiste, introduite dans les lectures de la semaine dernière, est présentée plus nettement aujourd'hui. Qui il est, nous le...