Devrais-je croire aux miracles?

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Devrais-je croire aux miracles? La question ici n'est pas si je dois croire à ce miracle-ci ou ce miracle-là en particulier. Cet article veut plutôt discuter le fait de savoir si on est rationnellement justifié de croire aux miracles en tant que tels.

Le conseil de David Hume aux sages

David Hume, un philosophe écossait et sceptique du dix-huitième siècle, a soutenu que le sage ne devrait pas croire aux miracles. La base de son affirmation était ce que l'on pourrait appeler le « principe de reproductibilité », qui affirme que les preuves reposant sur ce qui se produit couramment (le général) l’emporte toujours sur les preuves qui ne le font pas (le rare). Comme les miracles sont rares et qu’ils contredisent notre expérience courante, Hume soutient donc que le sage ne devrait jamais croire aux miracles.

Bien qu’il soit vrai que le sage doit fonder ses convictions sur des preuves, il est faux de dire que la preuve d'une expérience uniforme l’emporte toujours contre les preuves pour ce qui est singulier et rare.

Nous savons cela pour plusieurs raisons, mais je vais vous en donner quatre.

Pourquoi l'expérience uniforme ne rend pas irrationnel la croyance aux miracles

Premièrement, si le principe de Hume sur l'expérience d'uniforme était exact, alors nous devrions refuser plusieurs choses que nous tenons pour vrai. Par exemple, le Big Bang était un événement singulier qui n’est pas reproductible. Avez-vous expérimenté des Big Bangs récemment? Je me risquerais  également à dire que vous n’avez probablement pas vu personne atterrir sur la lune récemment.

Si nous nous en tenions au principe de Hume, il serait irrationnel de croire à la théorie scientifique du Big Bang et au fait historique que Neil Armstrong a marché sur la lune, puisque ces événements contredisent notre expérience uniforme. Mais cela est absurde. Le Big Bang est l'une des théories les plus rigoureusement établies dans l'ensemble de la science et tous ceux qui ne sont pas obsédé par les théories du complot croient que la marche de Neil Armstrong sur la lune est un fait historique.

Deuxièmement, le principe de Hume annule la science elle-même. En tant que discipline inductive, la science suppose nécessairement la possibilité de découvrir de nouvelles choses qui peuvent contredire notre expérience uniforme. Les lois scientifiques sont révisées continuellement sur la base de nouveaux éléments de preuve. Mais si le principe de Hume était exact, les scientifiques n’auraient jamais de motifs raisonnables pour réviser ces lois, et ainsi le remplacement de la conception newtonienne de l'univers par la conception d'Einstein aurait été irrationnel. Aucun sceptique ne peut accepter cela et être encore considérée comme étant intellectuellement crédible.

Une troisième raison pour laquelle l'argument de Hume de l'expérience uniforme échoue est qu’il met la  barre trop haut pour l'authentification d'un miracle. Il considère la rareté comme quelque chose qui disqualifie la croyance rationnelle, mais la rareté est l'essence du miracle. Un miracle, par définition, est un événement inhabituel, quelque chose de contraire au cours ordinaire des choses. Ainsi, selon l'opinion de Hume, tout miracle est disqualifié dès le départ, parce que chaque miracle est un événement rare.

Ceci est analogue à placer la barre à cinquante pieds de hauteur lors des qualifications pour le saut en hauteur, alors qu’aucun sauteur ne peut sauter plus de huit pieds. Il est tout à fait déraisonnable de fixer une norme si élevé que personne ne pourra jamais l’atteindre. Si les sceptiques veulent que les croyances chrétiennes soient soumises à la falsification, alors ils ne devraient pas fixer des normes que les croyances chrétiennes ne pourront jamais atteindre.

Une quatrième critique de l'argument de Hume est qu’il commet le sophisme du plaidoyer spécial. Une erreur de raisonnement dans laquelle on ignore délibérément les aspects défavorables à son point de vue. Hume fonde son argumentation sur son expérience ou peut-être sur l'expérience de ceux qu'il connaît. Peut-être y avait-il des gens à l'époque de Hume, ou même dans les gens du passé, dont l'expérience commune avait été témoins de miracles. Cela est précisément l’affirmation des premiers chrétiens. Alors que Hume est dans son droit de parler avec autorité de sa propre expérience, il ne peut pas le faire à l'égard des autres. Sa propre expérience uniforme ne peut pas être utilisée pour exclure le témoignage de l'expérience d'une autre personne.

L'improbable est un obstacle trop grand à franchir

Un sceptique pourrait ne pas articuler son scepticisme au sujet des miracles de la même façon que Hume, mais il pourrait simplement exprimer son incapacité à surmonter l'obstacle d'accepter une chose aussi improbable. Un sceptique pourrait dire: « Les miracles de la Bible sont tout simplement trop tirés par les cheveux pour que j’y crois : Un homme qui ressuscite des morts? Des aveugles qui voient? Vous voulez me faire croire cela? »

Alors que je peux sympathiser avec quelqu'un qui a un esprit sceptique en ce qui concerne les événements improbables, nous ne pouvons pas rejeter quelque chose purement et uniquement parce que cela semble improbable.

Tout d'abord, un événement pourrait être considérer comme étant improbable lorsqu'on le considère en rapport à notre connaissance générale, mais par rapport à d'autres connaissances ou à d’autres preuves spécifiques, l’invraisemblance peut diminuer.

Par exemple, il est hautement improbable que le numéro gagnant de la loterie en Californie soit 6345789. Cependant, si le journal dit que c'est le numéro gagnant, alors les probabilités changent, ce qui rend les chances pour qu'il soit le numéro gagnant de beaucoup supérieur. En outre, si le présentateur de nouvelles diffuse aussi ce numéro comme le numéro gagnant aux nouvelles du soir, alors les chances pour qu'il soit vraiment le numéro gagnant deviennent encore plus élevées.

De même, les miracles, comme Jésus ressuscitant des morts, sont improbables par rapport à nos connaissances générales, car les hommes ne se relèvent habituellement pas d'entre les morts. Mais l'improbabilité diminue quand cela est considéré par rapport aux autres éléments de preuve spécifiques, comme les témoignages de témoins oculaires. Si les témoignages sont solides, alors la croyance devient alors rationnelle malgré l'improbabilité de l'événement.

Une deuxième réponse pour aider un sceptique surmonter l'obstacle de la haute improbabilité d'un miracle est le principe de Hume:

Aucun témoignage n'est suffisant pour établir un miracle à moins que le témoignage soit d'un genre tel que sa fausseté serait plus miraculeuse que le fait qu'il veut établir (David Hume, des miracles).

Beaucoup de sceptiques considèrent seulement l’improbabilité du miracle, mais ils ne considèrent presque jamais l'improbabilité que le miracle ne se soit pas produit, malgré les témoignages en sa faveur.

Prenons l'exemple de la résurrection de Jésus, pour laquelle les premiers chrétiens ont témoigné. Les sceptiques considèrent à juste titre que cet événement est improbable et ils sont tout-à-fait rationnels quand ils font preuve de prudence en ce qui concerne les témoignages de la résurrection. Mais très rarement les sceptiques considèrent l’improbabilité des explications alternatives.


Par exemple, il est beaucoup plus improbable que les premiers chrétiens aient volé le corps de Jésus et qu’ils auraient menti à propos de la résurrection, ne gagnant ainsi que leur mort. Les gens ne meurent pas pour ce qu'ils savent être un mensonge. En outre, il serait très improbable que les apôtres nous auraient forgés des récits simples et non dramatiques (pour ne pas mentionner le fait qu’ils donnent aux femmes le rôle de premiers témoins), s'ils mentaient au sujet de la résurrection.

Une autre alternative improbable à la résurrection de Jésus est que les chrétiens aient halluciné. C’est improbable parce que saint Paul raconte que Jésus a apparu à beaucoup de gens différents à plusieurs reprises, ainsi qu’à plus de 500 disciples en même temps (voir 1 Corinthiens 15, 6). Des occurrences qui ne sont pas typiques des hallucinations.

Ainsi, face à l'obstacle de l’improbabilité, la question ne devrait pas être « Dois-je croire aux miracles en tant que tels? », mais plutôt « Y a-t-il suffisamment de preuves pour croire en ce miracle? » Si la preuve d'un miracle particulier est digne de confiance, comme pour la résurrection de Jésus, alors la croyance en ce miracle est raisonnable, même si elle est un événement improbable.

Le sage doit certainement faire preuve de prudence lorsqu'il est confronté à des récits miraculeux. Mais le sage devrait également être ouvert à suivre la preuve où elle le mène, peu importe si ce récit est extraordinaire ou improbable.


Cet article est une traduction personnelle de l’article « Should I believe in Miracles » de Karlo Broussard.

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