Les paroles de Jésus au bon larron réfutent-elles la nécessité du baptême


Chez les chrétiens qui nient la nécessité du baptême pour le salut (ce qui s’accompagne généralement aussi de la négation de la régénération baptismale), il n’est pas rare de voir l’exemple du bon larron être présenté comme un argument en ce sens. Si vous vous souvenez bien, Jésus lui dit en croix « Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » tout juste après que le bon larron lui ai dit : « Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous reviendrez avec votre royauté » (voir Luc 23, 42-43). Dans cet article, je veux présenter trois scénarios possibles qui démontrent que l’épisode du bon larron n’implique pas nécessairement ce que certains chrétiens voudraient vous faire croire.

1. Il n’est pas impossible que le bon larron ait déjà été baptisé

L’évangile de Jean nous rapporte que plusieurs personnes avaient été baptisées par les apôtres de Jésus (Voir Jean 3, 22 – 4, 3). En fait, Jean dit même que les apôtres avaient baptisé encore plus de gens que Jean-Baptiste (Jean 4, 1), ce qui devait être un nombre assez important de personnes. Rien dans le texte n’implique que le bon larron se soit converti au moment qu’il agonissait sur sa croix. Il n’est pas impossible que celui-ci se soit converti entre le moment où il avait commis son crime et l’exécution de sa sentence et qu’il ait eu le temps de se faire baptiser. J’avoue que ce premier scénario est hautement spéculatif, car rien de l’histoire du bon larron n’est mentionnée dans les Écritures, mais cela demeure tout de même une possibilité.

2. Le baptême n’était pas nécessaire en ce temps

Une autre possibilité est que, comme l’œuvre du salut de Jésus-Christ n’était pas encore achevée et que l’âge du christianisme n’était pas encore complètement arrivé, le baptême n’était pas encore en ce temps nécessaire au salut, comme au temps d’Abraham,  de Moïse ou au temps des Rois d’Israël.

3. Le bon larron a eu un baptême de désir

Le bon larron peut aussi avoir eu une conversion pendant qu’il était sur la croix et ainsi avoir ce que l’on appelle un « baptême de désir » (le catéchisme reconnaît le baptême d’eau et le baptême de désir, voir l'extrait du catéchisme au bas de cet article). Il pouvait avoir eu la ferme intention d’aligner sa vie au Christ et de faire tout ce qui était en son pouvoir pour être sauvé, mais qu’il était dans l’impossibilité physique de recevoir le baptême étant sur la croix.

Conclusion 

Je crois que la possibilité deux derniers scénarios constitue un contre-argument solide contre l’argument de ceux qui affirment que cet épisode de l’Évangile de Luc entraîne nécessairement la négation de la nécessité du baptême pour le salut,

Pour ceux qui désirent plus de détail, voici ce que dit le catéchisme de l’Église catholique au sujet de la nécessité du baptême et du baptême de désir (#1257-1260)

Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3, 5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28, 20) (cf. DS 1618 ; LG 14 ; AG 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle ; c’est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu’elle a reçue du Seigneur de faire " renaître de l’eau et de l’Esprit " tous ceux qui peuvent être baptisés. Dieu a lié le salut au sacrement du Baptême, mais il n’est pas lui-même lié à ses sacrements.
Depuis toujours, l’Église garde la ferme conviction que ceux qui subissent la mort en raison de la foi, sans avoir reçu le Baptême, sont baptisés par leur mort pour et avec le Christ. Ce Baptême du sang, comme le désir du Baptême, porte les fruits du Baptême, sans être sacrement.
Pour les catéchumènes qui meurent avant leur Baptême, leur désir explicite de le recevoir uni à la repentance de leurs péchés et à la charité, leur assure le salut qu’ils n’ont pas pu recevoir par le sacrement.
" Puisque le Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé(s) au mystère pascal " (GS 22 ; cf. LG 16 ; AG 7). Tout homme qui, ignorant l’Évangile du Christ et son Église, cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon qu’il la connaît, peut être sauvé. On peut supposer que de telles personnes auraient désiré explicitement le Baptême si elles en avaient connu la nécessité.
Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des funérailles pour eux. En effet, la grande miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2, 4), et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire : " Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas " (Mc 10, 14), nous permettent d’espérer qu’il y ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême. D’autant plus pressant est aussi l’appel de l’Église à ne pas empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du saint Baptême.

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