Jésus n’est-il qu’une copie de divinités païennes ?


Dans cet article, je veux examiner et répondre à ceux qui affirment que l'histoire de Jésus-Christ a été empruntée à des mythologies antérieures.

Similarité n’implique pas nécessairement dépendance

Avant de nous pencher sur certains de ces prétendus parallèles entre le christianisme et le paganisme (et pourquoi ils sont faux), il est important de noter que la similitude n’implique pas nécessairement la dépendance. Autrement dit, même si le christianisme a des croyances et des pratiques similaires à celles de religions antérieures, il ne s’en suit pas qu'il doit nécessairement y avoir un lien de causalité entre eux.

Les similitudes entre les différentes religions ne doivent pas nous surprendre. Après tout, la plupart des religions essaient de répondre aux mêmes questions fondamentales de la vie: « D’où venons-nous? », « Y a-t-il une vie après la mort? », « Comment devrions-nous vivre? » La plupart des religions ont des rituels, des histoires sacrées et des codes moraux. Il serait surprenant qu'il n'y ait pas de similitudes entre elles. En fait, on pourrait dire que les similitudes sont un signe que Dieu existe. On pourrait en effet s’attendre à ce que différentes religions, provenant d’époques et de cultures différentes, arrivent à des conclusions similaires au sujet de Dieu et de comment se comporter avec lui.

Jésus, mythe païen et antisémitisme

Les affirmations que les croyances chrétiennes sur Jésus ne sont que des adaptations de cultes païens peuvent être populaires aujourd'hui, mais elles ne sont pas nouvelles. Une école de théologiens allemands du XIXe siècle a cherché à interpréter Jésus sur un arrière-plan païen plutôt que juif, qui est peut-être dû à une volonté antisémite d’avoir un « Jésus aryen ». Ce mouvement s’est poursuivi au début du XXe siècle avec des écrivains tels que J.M. Robertson, William Benjamin Smith, Arthur Drews et d'autres, qui ont cherché à nier l'historicité du Christ, en s’appuyant sur les travaux de théologiens libéraux, qui avaient tendance à nier la valeur des sources en référence à Jésus en dehors du Nouveau Testament.

Malheureusement pour ces critiques, leurs arguments ne furent pas pris au sérieux par les critiques traditionnels, et leurs travaux tombèrent un peu dans l’oubli. Il a fallu attendre qu’un professeur britannique allemand du nom de G.A. Wells redécouvre et traduise ces études allemandes dans les années 1970, pour que l'argument du mythe regagne de l’importance à nouveau. Cependant, c’est encore un mouvement marginal, que Wells a abandonné et il a même admis qu'il y a une base historique pour les histoires au sujet de Jésus. [1]

Le fait est qu’il n'y a pas débat sérieux entre la grande majorité des chercheurs dans les domaines liés à la question de l'historicité de Jésus. Même des agnostiques tels que Bart Ehrman, qui est devenu populaire pour ses arguments contre la fiabilité du Nouveau Testament, admettent que Jésus était un personnage historique. Il écrit: « L'idée que Jésus a existé est détenue par pratiquement tous les experts sur la planète » [2].

Parmi les nombreuses divinités païennes antiques dont le Christ est censé être une copie, le dieu égyptien Horus semble attirer le plus l'attention. Beaucoup plus pourrait être dit à propos de chacun des parallèles alléguées entre Jésus et Horus, mais en raison de l’espace limité de cet article, nous allons en examiner que trois: 1) la naissance virginale d’Horus, 2) sa crucifixion et 3) sa résurrection.

1) Horus est né d'une mère vierge

Plusieurs histoires différentes (et contradictoires) au sujet d’Horus ont été développé progressivement au cours des 3000 dernières années, mais l'histoire la plus commune de sa conception qui est adoptée par les mythicistes d’aujourd'hui implique son père Osiris et sa mère Isis.

Son histoire va comme ceci: lorsqu’Osiris a été assassiné et son corps découpé en quatorze morceaux, sa femme Isis a voyagé dans toute l'Égypte pour les ramasser. Elle réussit à trouver tous les morceaux, sauf ses organes génitaux, qui avaient été mangés par un poisson-chat au fond du Nil (non je n’invente rien). Isis fait alors une prothèse de phallus, elle se fait féconder par cette prothèse et de là est venu Horus.

Une naissance virginale? Pas tout à fait.

2) Horus a été crucifié

Comment Horus meurt? Eh bien, encore une fois, cela dépend quel récit vous lisez. Horus est soit : 1) pas mort du tout, 2) soit mort étant enfant après avoir été empoisonné par un scorpion, ou 3) sa mort est combiné avec celle d’Osiris (relaté ci-dessus). Pourtant, le film mythiciste populaire « Zeitgeist » prétend qu'il a été crucifié. Cependant, la crucifixion était une invention romaine et il n'y avait pas d'équivalent égyptien. Alors, quelle est la justification pour cette croyance? Il existe des images d'Horus debout avec les bras tendus… et c’est tout.

Comme le guide d'étude du film l’explique: « La question qui se pose n’est pas celle d’un homme jeté au sol et cloué sur une croix, comme Jésus nous est généralement représenté, mais la représentation des dieux et des déesses en croix, où par la figure divine apparaît avec les bras tendus dans un contexte symbolique ». [3]

Avec ce type de raisonnement, nous devrions aussi conclure que Barney le dinosaure a également été crucifié, car il y a beaucoup d'images de lui, debout avec les bras tendus!


3) Horus est ressuscité des morts

Le fait est que la mort et la revivification d'Horus sont considérablement différentes de la mort et la résurrection du Christ. En effet, le point de vue que les anciennes religions païennes étaient remplis de dieux qui mourant et ressuscitant, auxquelles les auteurs du Nouveau Testament ont empruntés afin de concocter l'histoire du Christ, a été mise au rancart par Jonathan Z. Smith à la fin des années 1980, dans son article « Rising-Dying Gods » de l' « Encyclopedia of Religion », une revue scientifique qui fait autorité dans ce domaine. Il écrit:

«La catégorie dieux mourant et ressuscitant, qui était une fois un thème majeur d'enquête scientifique, doit être comprise comme ayant été en grande partie fondée sur un abus de langage, sur des reconstructions imaginatives et sur des textes très tardifs ou très ambigus… Toutes les divinités qui ont été identifiées comme appartenant à la classe divinités qui meurent et qui ressuscitent peuvent être incluses dans deux grandes classes de divinités qui disparaissent ou qui meurent. Dans le premier cas, les divinités disparaissent, mais ne sont pas mortes; et dans le second cas, les divinités meurent, mais ne reviennent pas. Il n'y a aucun cas sans ambiguïté dans l'histoire des religions d'une divinité qui meure et qui ressuscite ». [4]

Lorsqu’on dialogue avec un mythiciste

Lorsqu’on dialogue avec ceux qui prétendent que Jésus n’est qu’une reprise de divinités païennes antérieures, vous devriez garder trois choses à l'esprit.

1) Demandez-leur où ils obtiennent leurs informations. Si elles vous indiquent un site web ou un film particulier, demandez-leur où ce site web ou ce film ont obtenu leur information.

2) Prenez les parallèles qui vous sont présentés un à la fois. Il est facile pour quelqu'un de débiter une liste de présumés parallèles, en faisant ainsi miroiter que la preuve est accablante, mais si vous prenez le temps d'examiner chaque supposée parallèle, vous verrez, comme nous l'avons constaté plus haut, qu'ils ne sont pas semblables du tout.

3) Étudiez les présumés parallèles provenant de sources autoritaires vous-même. Vous pouvez acheter « The Oxford History of Ancient Egypt », de l’« Oxford University Press » (en anglais). Pour un traitement plus court, vous pouvez lire certains des articles (en anglais) que mon collègue, Jon Sorensen , a écrits. Je vous suggère aussi fortement de regarder le discours suivant : « Refuting Zeitgeist the Movie » par le professeur de philosophie et de religion, Dr. Mark W. Foreman (en anglais) :

 

[1] Can We Trust the New Testament? par George Albert Wells (Nov 26, 2003) ISBN 0812695674 p. 43
[2] Did Jesus Exist?, p. 4
[3] traduit de http://www.zeitgeistmovie.com/Zeitgeist,%20The%20Movie-%20Companion%20Guide%20PDF.pdf
[4] Cité par Jonathan Z. Smith, “Dying and Rising Gods,” Encyclopedia of Religion, 2nd ed. Lindsay Jones, (Detroit: Macmillan, 2005 [original: 1987]), 4:2535).

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Is Jesus a Spin-Off of Pagan Deities?» de Matt Fradd. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

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