
Le protestantisme (2/4): les débuts de la réforme protestante
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La Bible traduite en allemand par Martin Luther |
Au 16e siècle, le mouvement que l'on appelle la Renaissance avait permis l'essor d'un grand nombre d'érudits qui, grâce aux nouveaux moyens de diffusion de l'information, redécouvraient les textes fondamentaux de l'antiquité. C'est le climat qui a favorisé le développement de la méthode scientifique et de l'esprit critique. À une époque où la religion était le facteur social dominant, il est normal que ces nouveaux érudits y aient tourné un œil critique. L'un d'entre eux, Martin Luther, a passé à l'histoire pour avoir critiqué des abus dans la pratique des indulgences en publiant ses 95 thèses. Il se trouve que Luther avait raison de dénoncer ces abus et l'Église lui a donné raison en procédant à une réforme quelques années plus tard.
Mais Luther et d'autres comme lui ne se sont pas contentés de réformer des abus. Ils ont poursuivi leur critique de la religion sur le terrain théorique, allant jusqu'à renverser les fondements de l'autorité de l'Église. Encore ici, leurs théories se fondaient sur une redécouverte des textes originaux, c'est-à-dire sur une relecture de la Bible.
Il ne fait aucun doute que la Bible a toujours été considérée un fondement incontournable du christianisme. L'innovation de Luther est de considérer la Bible comme le SEUL fondement du christianisme, comme si le christianisme était fondé uniquement sur un livre divin comme une sorte de Coran chrétien. C'est ce qu'ils appelaient « sola scriptura » (l'écriture seule).
Luther et surtout le réformateur Calvin se sont mis à examiner systématiquement toutes les croyances de l'Église pour en écarter certaines et réformer d'autres, selon ce qu'ils lisaient dans la Bible. Le plus souvent, les réformateurs ne s'entendaient pas entre eux sur l'interprétation qu'il fallait accorder à tel ou tel passage et chacun est allé fonder sa propre secte. Le seul élément qui unissait tout ce beau monde était leur rejet de la tradition comme source de doctrine parallèlement à la Bible et le rejet de l'autorité de l'Église pour interpréter la Bible.
Pourquoi ont-ils rejeté la tradition ? Pourquoi se sont-ils crus capables de comprendre la Bible correctement ? Nous avons vu que le retour aux écrits originaux était l'une des caractéristiques de la Renaissance. On a présumé que la somme des écrits reconnus comme inspirés (la Bible) comprenait la somme de la doctrine chrétienne. C'est une présomption naïve, mais compréhensible pour l'époque. Aussi, nous avions affaire à des érudits, des gens qui avaient confiance en leurs propres capacités intellectuelles. Ce ne sont pas que Luther et Calvin qui sont tombés dans le piège. D'autres érudits se sont précipités à retrouver le christianisme primitif, mais certains d'entre eux, dont Érasme, le plus grand savant de l'époque, n'ont pas adopté la même interprétation que Luther et Calvin sur l'autorité de l'Église, de sorte qu'ils sont demeurés catholiques.
Le protestantisme est lié de près à la naissance de l'époque moderne et du début de la lutte annoncée entre la raison et la foi. Si les réformateurs n'avaient pas immédiatement fondé leurs propres églises qui ont développé leurs propres traditions, ils auraient peut-être eu le temps de développer un raisonnement plus nuancé sur le rôle de la Bible dans la doctrine chrétienne que cette idée simpliste de sola scriptura. Malheureusement, les nouvelles communautés fondées par les réformateurs ont immédiatement accepté sola scriptura comme leur dogme fondateur, de sorte qu'une nouvelle religion est née sans possibilité de revenir en arrière.
Dans le prochain article, nous discuterons des implications doctrinales de sola scriptura.
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