Cette image est tirée de la bande dessinée La Lumière fatiguée, Tome 4, page 8 de la série : Les Indices pensables |
Dans son livre paru en 1850, le physicien Clausius a donné à cette loi de la nature le nom d’entropie, du grec entropé (régression, involution, retour en arrière). En effet, toute composition physique, chimique, biologique, qui ne reçoit plus d’information, tend à retourner à son état le plus probable : la poussière, la dispersion. Qu’est-ce que ça veut dire ? Quelque chose que nous savons tous par expérience et bon sens : de façon naturelle, tout ce qui est organisé, composé, tend à l’usure, la dégradation, la destruction, la décomposition.
Prenons l’exemple simple d’un bonhomme de neige. Il s’agit d’abord de le construire, de lui donner la forme que nous voulons : une grosse boule pour le corps, une plus petite pour la tête. Avec un peu de talent, nous le complétons avec des trous pour les yeux, une carotte pour le nez et un chapeau et un balai qui couronneront le tout.
Maintenant qu’il est construit, composé, il va avoir tendance à se décomposer, à fondre ou à partir en morceaux. A moins de l’installer dans un réfrigérateur, La seule façon de le maintenir tel qu’il était, c’est de l’entretenir et de réparer au fur et à mesure les dégradations, sans quoi il va retourner à son état le plus probable, la dispersion.
On peut faire la même expérience avec un château de sable sur une plage : si on ne l’entretient pas, les millions de grains de sable qui le composent vont s’éparpiller, retourner à leur état le plus probable et le château sera décomposé.
Cette décomposition/destruction/éparpillement peut même être accélérée par un agent extérieur comme la marée montante. On aura beau lutter, la bataille pour empêcher l’entropie sera perdue.
Or, Clausius a été le premier à nous faire constater que cette loi de l’entropie (décomposition/destruction/éparpillement) concerne TOUT dans notre Univers.
Tout est soumis à cette loi de l’usure et de la destruction, de façon « naturelle ». C’est la pente naturelle de tout ce qui est composé/construit/organisé…
Nous sommes donc conduits à nous poser une question essentielle : Puisque TOUT tend à retourner à l’état de départ, la dispersion, comment expliquer que des choses soient sorties de la dispersion ? Comment expliquer que des compositions existent ?
Dans le cas du bonhomme de neige et du château fort, c’est facile de répondre : c’est nous qui avons fait sortir toutes ces particules de leur état le plus probable, la dispersion, pour les composer dans des compositions que nous nommons « château de sable » ou bonhomme de neige »…
Nous avons procédé par étapes et avec plus ou moins de talent, mais de toute façon, avec une certaine intelligence. Ce château de sable ne s’est pas fait « tout seul ». Il ne s’est pas fait par hasard, c’est-à-dire : sans aucune intelligence organisatrice. Même un simple pâté de sable en forme de tour avec ses créneaux ne se fait pas « tout seul ». Il faut avoir le moule : le seau en plastique, et (au moins) un enfant de quelques années, suffisamment habile pour le démouler correctement. Tous les objets qui sont des compositions réalisées par des artisans ou des machines sont dans le même cas.
Chaque fois, c’est l’intelligence humaine qui a permis de composer cette table, cette amphore, cette lampe, cette bicyclette, cet ordinateur. C’est l’intelligence humaine qui a sorti de la dispersion tout ce qui fait la « matière » de cette table, de ce vélo de cette pendule.
Mais dans le cas des êtres vivants ? Qu’est-ce qui a fait sortir de la dispersion tous ces composants qui font la « matière » de mon organisme ? Qu’est-ce qui donne les instructions et l’énergie pour combattre cette entropie qui finira par l’emporter à la fin ? Car, on sait bien qu’après la mort de tout être vivant (plante animal, Homme), toutes ces cellules qui composent son organisme vont se dé-composer. Tous ces éléments vont retourner à leur état le plus probable, la dispersion, d’où ils n’ont pas pu sortir de façon naturelle, puisque la pente « naturelle « n’est pas celle de la construction mais celle de la démolition. C’est ce que nous enseigne (entre autre) ce second Principe de la thermodynamique qui nous conduit à poser la question d’une intelligence créatrice et organisatrice, capable de surmonter l’entropie pour créer des structures hautement improbables comme des êtres vivants.
Cette chronique est écrite par Mr Bruno Brunor, auteur des bandes dessinées « Les indices pensables ». Les images que vous voyez sont tirées des bandes dessinées.
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