Le procureur et le Paysan


Je suis en train de faire un travail sur la chronologie du livre des Actes et l'un des principaux repères chronologiques est celui d’Actes 24, 27, quand le procurateur romain qui avait Paul en captivité (Félix) est remplacé par son successeur (Festus).

On pourrait penser qu’on a simplement à regarder quand ce changement de responsables gouvernementaux a eu lieu dans les sources profanes, mais nous ne pouvons pas faire cela. Nous n'avons pas ces informations et la date du début du mandat de Festus est une question complexe.

En fait, comme Ben Witherington le souligne:
À propos du successeur de Félix, Porcius Festus, on peut dire très peu de choses, car nos sources sont limitées à ce que nous trouvons dans Actes 25-26 et dans Josèphe, Anthologie 20, 182-197 et a Guerre des Juifs 2, 271 (The Acts of the Apostles: A Socio-Rhetorical Commentary, 717).
Vous avez bien compris ?

Les sources que nous avons sur Festus sont limitées aux Actes et à quelques passages dans les écrits de Josèphe.

Festus était un homme important. Il a régné sur toute la province de Judée (c’est plus que le territoire au sud de la Judée). Il avait un grand nombre de sujets. Il est l'un des successeurs de Ponce Pilate. En outre, il a été l'un des rares (certains disent le seul) bons procureurs que les Romains ont envoyés en Judée.

Et pourtant, nous en savons bien peu sur lui.

De là, nous pouvons conclure certaines choses…

1) L'empreinte laissée dans les sources historiques antiques, même par une personne aussi importante que le procurateur romain de Judée, peut être très faible. 

Sans doute qu’à son époque, il y avait beaucoup plus de références littéraires à lui dans tous les types d'œuvres (de documents officiels du gouvernement jusqu’à des lettres privées), mais à l'exception des références dans les Actes et dans les deux passages de Josèphe, ils ont tous péri.

2) Cela devrait nous aider à calibrer nos attentes à l'égard d'autres personnes dans le monde antique. 

Si le procurateur romain n'a que deux auteurs antiques qui le mentionnent, alors nous devons nous attendre à ce que la grande majorité de ses sujets passent complètement sous silence dans les sources historiques… comme en fait, ils le font.

Nous connaissons seulement les noms d’une poignée des sujets de Festus et ce sont des gens importants, comme les grands prêtres de son époque.

3) Nous ne devrions pas faire des demandes excessives en ce qui concerne les mentions de Jésus dans les sources antiques. 

Jésus vint de la classe paysanne (Luc 2, 24; Lévitique 12, 8.), et nous nous attendons alors à ce que les événements de son enfance ne laissent aucune trace du tout dans les sources profanes qui ont survécu.

Ce n'est qu'après que son ministère ait commencé qu'il est devenu un personnage public, duquel on peut s'attendre qu’il soit mentionné dans les sources non chrétiennes, comme il l’est, ainsi que le mouvement qu'il a fondé :

  • Suétone, qui a écrit autour de l’an 121
  • Tacite, qui a écrit autour de l’an 116
  • Pline le Jeune, qui a écrit en 110 ou 111
  • L'empereur Trajan, qui a répondu à Pline en l'an 110 ou 111
  • Et Josèphe, qui a écrit autour de l’an 93 (y compris le passage incontesté en ce qui concerne son frère Jacques le Juste)

À comparer à la seule source non chrétienne qui mentionne Festus (Josèphe), le nombre de sources anciennes non chrétiennes qui mentionne Jésus est tout à fait suffisant!

Il a laissé une empreinte plus forte sur la littérature de son temps que l’a fait ce procurateur romain!

4) Nous ne devrions pas rejeter la valeur historique d’une preuve biblique 

Un historien de l'Empire romain aurait deux sources datant du premier siècle pour en apprendre sur Porcius Festus: Luc et Josèphe.

Il serait insensé d'ignorer l’une de ces deux sources et, en effet, les historiens ne rejettent pas ce que dit Luc, simplement parce que ses œuvres sont dans le Nouveau Testament.

Seules les personnes hyper-sceptiques rejettent d’emblée le Nouveau Testament comme source historique.

Les historiens consciencieux les traitent comme ils traitent les autres sources historiques. Celui qui a une approche séculière ne la considérera pas comme étant divinement inspirée, mais cela ne signifie pas qu'elle est sans valeur historique.

L'idée que tout le Nouveau Testament dit doit être considéré comme faux, à moins d'indications contraires par des sources extérieures, est un non-sens.

Les preuves historiques trouvées dans le Nouveau Testament sont justement cela… des preuves historiques.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «The Procurator and the Peasant» de Jimmy Akin. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

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