Avez-vous l’impression certains magazines ont une attitude de plus en plus antipathique envers la foi catholique? J’aime bien lire des magazines et en particulier ceux qui traitent des phénomènes religieux. Bien entendu, je ne m’attends pas à ce que tous les magazines défendent la foi catholique, mais je crois que j’ai le droit d’exiger une certaine qualité d’information, surtout si ce magazine se présente comme un magazine sérieux. Dans cet article, qui n’est que mon opinion personnelle, je voudrais vous présenter un exemple de ces articles douteux que l’on peut retrouver un peu partout.



Comme exemple, je vais parler d’un article intitulé « Marie, une idole est née », paru récemment dans le magazine « Science et Avenir » hors-série au numéro 173 de janvier/février 2013 aux pages 49 et 53. Je vais présenter quelques extraits de l’article et ensuite tenter d’apporter un éclairage sur les éléments qui y sont présentés. Je pourrais résumer l’article en disant que cet article présente le culte de la Vierge Marie comme étant la réappropriation des cultes de déesses païennes féminines par le christianisme, et plus particulièrement par l’Église catholique. Dans cet article, on y présente quelques arguments qui prétendent prouver ce fait. Examinons-en quelques-uns :

« Longtemps, son culte [de la Vierge Marie] reste limité à l’Orient : c’est là - précisément à Éphèse – qu’un concile lui attribue son premier statut officiel, en 431. Elle devient Mère de Dieu (Théotokos). L’Église aurait-elle cherché à « régulariser » un ensemble de pratiques païennes fondées sur une divinité féminine? »

La réponse à cette dernière question est non. L’enjeu du concile d’Éphèse ne concernait pas directement Marie. Son enjeu était principalement christologique, comme d’ailleurs tous les conciles précédents. La question de la Vierge Marie était secondaire, puisque le principal défi était de préciser l’articulation des deux natures de Jésus en relation avec sa personne et son union hypostatique. Le titre Marie « Mère de Dieu » est simplement une conséquence des précisions de ce concile et non l’élément essentiel du conflit. De dire alors que l’origine de ce concile était de régulariser un ensemble de pratiques païennes fondées sur une divinité féminine est faux, elle visait à régulariser une certaine vision de la personne du Christ d’où la condamnation du nestorianisme (hérésie niant l’unité des natures humaine et divine de Jésus) qui en a résulté. Examinons maintenant un autre extrait.

« L’idolâtrie se développe de plus belle, cette fois autour de l’image de Marie, au point qu’au 8e siècle, l’empereur byzantin Constantin V en vient à interdire toutes les représentations de la Vierge… ainsi qu’à son culte! »

Ici, je crois que l’article emploie une tactique qui frôle la malhonnêteté : il fait appel à votre ignorance de l’histoire! Ce que l’article ne vous dit pas, c’est que l’empereur Constantin V est un empereur lui-même iconoclaste, qui a régné pendant la crise iconoclaste : une idéologie qui visait à la destruction de toutes les images ou les sculptures religieuses. Ce que l’article ne vous dit pas non plus, c’est que cette crise iconoclasme a été reconnue comme étant une erreur, non seulement par l’Église, mais même aussi par les empereurs qui cesseront cette folie à partir de Constantin VI. Cette crise iconoclaste prit fin au deuxième concile de Nicée en 787. C’était donc une erreur reconnue comme telle par tout le christianisme.

Ensuite, l’article tente de démontrer, de multiples façons, que le « culte » de la Vierge Marie est issu des cultes de déesses païennes. Pour y arriver, l’auteur fait des liens entre diverses dates de fête religieuse en rapport avec la Vierge Marie. Par exemple, que la fête de l’Annonciation, le 25 mars, coïncide avec la fête de la déesse romaine Cybèle. Je ne suis pas en mesure de vérifier cette information, mais voici une explication beaucoup plus simple pour l’Annonciation : le 25 mars, c’est 9 mois avant la fête de la naissance de Jésus… De toute façon, si on voudrait exclure les jours de fête des tous les dieux grecs, romains ou égyptiens, il y aurait bien peu de journées libres pour les fêtes chrétiennes.

Bien que l’article tente par tous les moyens de vous faire croire que le culte de Marie est une réappropriation des cultes de déesses païennes, je voudrais vous présenter ce que les gens qui prennent au sérieux les données de l’histoire de la théologie chrétienne ont à dire à ce sujet. Pour ce faire, je vais vous citer le dictionnaire de théologie critique, qui n’est pas un livre de défense de la foi catholique, mais un ouvrage obéissant à des critères scientifiques rigoureux et qui n’a pas pour but de défendre les positions d’une confession chrétienne en particulier. Voici ce qu’il dit sur le développement du culte de la Vierge Marie :

« L’apparition assez tardive et lente de ces fêtes qui ont toutes un ancrage biblique ou doctrinal, exclut l’idée reçue d’une influence des cultes païens qui auraient donné naissance au culte de la Vierge dans le christianisme, même si, ça et là, le risque de diviniser Marie fut réel. Cela amena peu à peu à préciser en quel sens la Vierge est honorée comme mère de Dieu, et à distinguer le culte d’adoration dû au Christ de l’honneur qu’on rend aux créatures. » (Dictionnaire de théologie critique, Marie, p. 854)

Vous voyez comment cet article prétendument scientifique s’écroule devant la critique de véritables scientifiques. Ne vous laissez pas égarer par ce genre d’article dont les arguments ne sont souvent pas plus puissants que votre ignorance ou votre indifférence  religieuse.