Ministres du miracle

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Jésus a souvent fait ses miracles à travers les autres. Prenez par exemple le mariage à Cana. Pour autant que nous puissions en juger, Jésus ne touche jamais l'eau, ni le vin, ni les cruches. Au lieu de cela, Marie demande à Jésus le miracle, puis dit aux serviteurs: « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jean 2, 5). Ensuite, Jésus leur a donné des instructions et ils ont agi comme on leur avait dit.

Bien entendu, c’est toujours Jésus qui fait le miracle. Comme Jean le dit: « Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus, et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui » (Jean 2, 11). Nous pourrions décrire les serviteurs comme des « ministres du miracle ». Ils accomplissent le miracle, mais pas avec leur propre pouvoir. Jésus accomplit le miracle à travers eux.

Jésus travaille de la même manière dans les sacrements. Après avoir dit à Nicodème que « nul, s'il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3, 5), Jésus et ses disciples se rendent en Judée. « Il y séjourna avec eux, et il baptisait » (Jean 3, 22). Même si « toutefois ce n'était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais ses disciples », l'évangéliste peut néanmoins dire que « Jésus faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean » (Jean 4, 1-2).

C’est aussi la raison pour laquelle les gens baptisés par Jean Baptiste ont été rebaptisés (puisque son baptême était symbolique et ne conférait pas le Saint-Esprit: voir Actes 19, 1-7), mais les personnes baptisées par Judas n’étaient pas, eux, rebaptiser à nouveau. Comme l'a dit saint Augustin: « Ceux que Jean avait baptisés, c’était Jean qui les avait baptisés; ceux au contraire que Judas avait baptisés, c’était le Christ qui les avait baptisés » (Saint Augustin, traité sur Saint Jean, traité 5, chapitre 18).

Les disciples sont des ministres du miracle sacramentel. C’est la base de la compréhension catholique des sacrements. Ils sont efficaces, non pas à cause de la sainteté (au mieux imparfaite, au pire inexistante) du ministre sacramentel, mais à cause de la sainteté du Christ lui-même, celui qui agit à travers le ministre.

Cela est vrai pour tous les sacrements, y compris l'Eucharistie. Dans Marc 8, 19-21, Jésus rappelle à ses disciples qu'il y avait deux miracles différents de la multiplication des pains et les incitait à comprendre le sens plus profond du miracle. On peut discerner une partie de cette signification plus profonde en examinant le langage de l'Évangile avec davantage d'attention. Plus précisément, les évangélistes décrivent généralement Jésus comme faisant les cinq mêmes choses, dans le même ordre: (1) prendre le pain; (2) en remerciant et en le bénissant; (3) rompre le pain; (4) le donner aux disciples; et (5) envoyer les disciples faire de même avec les foules. Nous voyons ce modèle à plusieurs reprises dans les évangiles:

  • « Après avoir fait asseoir les foules sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction, rompit les pains et les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent aux foules » (Matthieu 14, 19)
  • « Il prit les sept pains et les poissons, et, après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna aux disciples, et les disciples aux foules » (Matthieu 15, 36).
  • « Il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction, rompit les pains et les donna aux disciples, pour qu'ils les leur servirent; il partagea aussi les deux poissons entre tous » (Marc 6, 41).
  • « Il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains, et, après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les servir; et ils les servirent à la foule » (Marc 8, 6).
  • « Il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples pour les servir à la foule » (Luc 9, 16).

Les évangélistes s'assurent-ils seulement que nous comprenons comment manger fonctionne? Ou pourrait-il y avoir quelque chose de plus?

La réponse est bien sûr « quelque chose de plus ». Ces passages ne se lisent pas avec le langage du « manger » ordinaire. Contrastez avec Luc 24, 42-43: « Ils lui donnèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et en mangea devant eux ». Au lieu de cela, le langage est celui de l'Eucharistie. Jean nous dit que la multiplication des pains des cinq mille a eu lieu autour de Pâque, un an avant la dernière Cène (Jean 6, 4), et que ces pains miraculeux préfiguraient l'Eucharistie. Le mot grec traduit dans ces passages par « a rendu grâce » est eucharisteō, un mot de la même racine que l'Eucharistie. Rappelez-vous aussi que « la fraction du pain » est l'une des façons dont les premiers chrétiens se référaient à la liturgie eucharistique (Actes 2, 42). La connexion entre ces deux passages est très claire, une fois que vous portez une attention particulière aux mots utilisés:

« Et il prit du pain, et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : " Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi " » (Luc 22, 19).

« Car, pour moi, j'ai reçu du Seigneur, ce que je vous ai aussi transmis, savoir, que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, le rompit et dit : " [Prenez et mangez]; ceci est mon corps, [qui sera livré] pour vous; faites ceci en mémoire de moi." » (1 Corinthiens 11, 23-24).

Remarquez la même séquence d'actions précise: prendre le pain, le remercier (l’ « eucharistier »), le rompre et le donner aux disciples. Mais qu'en est-il de la dernière étape? Dans les miracles de multiplication de pains, Jésus a donné les pains « aux disciples, et les disciples aux foules » (Matthieu 15, 36). Où voyons-nous cela dans l'institution de l'Eucharistie? Dans les instructions pour « faire ceci ». Jésus donna « le pain unique » (1 Corinthiens 10, 17) aux disciples, puis leur ordonna de faire de même, partageant ainsi ce miracle avec les foules.

Son instruction « Faites ceci en mémoire de moi » est un ordre permanent adressé aux apôtres et à leurs successeurs. Mais ce n’est pas l’évêque ou le prêtre célébrant la messe qui accomplit le miracle. C’est le Christ lui-même, c’est pourquoi le célébrant dit « Ceci est mon corps » plutôt que « Ceci est son corps ». Le prêtre est là en tant que ministre du miracle. Son travail, comme celui des serviteurs du mariage de Cana, ne consiste qu’à faire tout ce que le Christ lui dit.


Cet article est une traduction personnelle de « Ministers of miracles » de Joe Heschmeyer pour Catholic Answers

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