La Bible interdit-elle la décoration d’arbre de Noël ?


Malgré le fait que la fête de Noël devient de moins en moins une fête à connotation religieuse, la tradition de décorer un arbre de Noël est toujours très populaire, même chez les non-croyants. Certains groupes chrétiens, à tendances fondamentalistes, prétendent que la Bible interdit de décorer les arbres de Noël. Ces derniers citent souvent un extrait du prophète Jérémie dans l’Ancien Testament. Voici l’extrait en question :

Oui, les coutumes des peuples ne sont que vanité; ce n'est que du bois coupé dans une forêt, travaillé par le sculpteur, ciseau en main, puis enjolivé d'argent et d'or. Avec des clous, à coups de marteau, on le fixe, pour qu'il ne bouge pas. (Jérémie 10, 2-4 : Bible de Jérusalem)

Il faut avouer que lu en pleine période de Noël en regardant notre sapin de Noël dans le salon, cet extrait a vraiment l’air de condamner cette pratique. Est-ce vraiment ce que ce texte condamne? Tentons d’examiner le contexte de ce passage pour voir si cela est vraiment le cas.

Premièrement, ce texte a été écrit plusieurs siècles avant la venue de Jésus-Christ et le début de la tradition de fêter la naissance du Christ. Il n’est donc certainement donc pas question d’arbre de Noël proprement dit. Cependant, cela pourrait-il condamner la décoration d’arbre de façon générale?

Lorsqu’on lit le chapitre 10 du livre de Jérémie au complet, il est facile de se rendre compte que ce n’est pas la décoration d’un arbre qui est condamné, mais la fabrication et l’adoration des idoles. Le verset 14 est explicite en ce sens. Pour vous placer plus en contexte, je vous invite à lire le chapitre 10 en entier au bas de cet article.

À moins que vous n’ayez l’intention d’adorer ou de rendre un culte à votre sapin, vous n’avez rien à craindre de cet oracle du prophète Jérémie.

Joyeux Noël à tous!


Jérémie 10, 1-16 : Bible de Jérusalem
1 Écoutez la parole que Yahvé vous adresse, maison d'Israël!
2 Ainsi parle Yahvé N'apprenez pas la voie des nations, ne soyez pas terrifiés par les signes du ciel, même si les nations en éprouvent de la terreur.
3 Oui, les coutumes des peuples ne sont que vanité; ce n'est que du bois coupé dans une forêt, travaillé par le sculpteur, ciseau en main,
4 puis enjolivé d'argent et d'or. Avec des clous, à coups de marteau, on le fixe, pour qu'il ne bouge pas.
5 Comme un épouvantail dans un champ de concombres, ils ne parlent pas; il faut les porter, car ils ne marchent pas! N'en ayez pas peur : ils ne peuvent faire de mal, et de bien, pas davantage.
6 Nul n'est comme toi, Yahvé, tu es grand, ton Nom est grand dans sa puissance.
7 Qui ne te craindrait, roi des nations? C'est bien cela qui te convient! Car parmi tous les sages des nations et dans tous leurs royaumes, nul n'est comme toi.
8 Tous tant qu'ils sont, ils sont bêtes, stupides l'instruction que donnent les Vanités, c'est du bois!
9 c'est de l'argent en feuilles, importé de Tarsis, c'est de l'or d'Ophir, une œuvre de sculpteur ou d'orfèvre; on les revêt de pourpre violette et écarlate, ce sont tous œuvre d'artisan.
10 Mais Yahvé est le Dieu véritable, il est le Dieu vivant et le Roi éternel. Quand il s'irrite, la terre tremble, les nations ne peuvent soutenir sa colère.
11 Voici ce que vous direz d'eux : "Les dieux qui n'ont pas fait le ciel et la terre seront exterminés de la terre et de dessous le ciel. "
12 Il a fait la terre par sa puissance, établi le monde par sa sagesse et par son intelligence étendu les cieux.
13 Quand il donne de la voix, c'est un mugissement d'eaux dans le ciel; il fait monter les nuages du bout de la terre, il produit les éclairs pour l'averse et tire le vent de ses réservoirs.
14 Alors tout homme se tient stupide, sans comprendre, chaque orfèvre rougit de ses idoles; ce qu'il a coulé n'est que mensonge, en elles, pas de souffle!
15 Elles sont vanité, œuvre ridicule; au temps de leur châtiment, elles disparaîtront.
16 La Part de Jacob n'est pas comme elles, car il a façonné l'univers et Israël est la tribu de son héritage. Son nom est Yahvé Sabaot. 


Commentaires

  1. Que dire des sculptures présentes dans nos églises, sont-elles condamnées par ce même passage?

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  2. Bonjour Mr Arseno,

    Comme dans les 10 commandements, Dieu ne veut pas que l’on adore les statues. Il ne condamne pas tant l’acte de faire la statue, mais la tentation que l’on pourrait avoir de l’adorer par la suite. D’où le regroupement dans les commandements selon la tradition catholique et luthérienne en rapport avec les autres traditions que vous pouvez découvrir à cette adresse :
    http://www.foicatholique.com/2011/10/programme-interactif-les-traditions-des.html

    En plus, Dieu demande aux hommes de faire des statues à plusieurs reprises dans la Bible et même de les placer dans son Temple. Je crois que vous être d’accord avec le fait que Dieu ne pourrait pas commander aux hommes de violer sa propre Loi.

    Voir ces passages bibliques où Dieu ordonne de faires de statues :
    Des statues sur l’arche d’Alliance : Tu feras deux chérubins d'or repoussé, tu les feras aux deux extrémités du propitiatoire. (Ex 25, 18)
    Des statues dans le Temple : Dans le Debir, il fit deux chérubins en bois d'olivier sauvage... Il avait dix coudées de haut. (1R 6, 23)

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  3. En fait il faut comprendre l'interdiction de faire des statues comme étant liée à l'interdiction de rendre un culte à des faux dieux. Il serait inexact de dire que les idolâtres adorent des statues, puisque dans pratiquement toutes les religions païennes la statue est censée représenter une divinité; elle n'est pas elle-même la divinité. Il me semble que les prophètes, lorsqu'ils parlent des statues, prennent un ton ironique pour ridiculiser les adorateurs des faux dieux en disant qu'ils adorent des statues. Ce qu'ils disent, pour paraphraser, c'est que leur dieux n'existent pas et que tout ces adorateurs ont de concret, c'est leurs statues qui représentent des divinités fictives. Alors ce sont des statues qu'ils adorent, rien de plus.

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  4. Bonjour Mr Arseno,
    Je sui d’accord avec vous, il faut comprendre l'interdiction de faire des statues comme étant liée à l'interdiction de rendre un culte à des faux dieux. C’est pourquoi je vous ai parlé du regroupement des 10 commandements dans l’Église catholique qui reflète bien ce point de vue.

    À savoir si les idolâtres de l’Ancien Testament, dont parlent les prophètes, croyaient vraiment que la divinité était réellement présente dans leur statue est un sujet débattu par les chercheurs bibliques. Certains pensent que oui, d’autres non. Pour ma part, je n’ai pas vraiment d’opinion arrêtée sur ce sujet.

    Une chose est certaine, l’Église Catholique permet l’usage de statue ou d’images saintes dans nos églises, tel qu’exprimer dans le concile de Trente :

    1823 De plus, on doit avoir et garder, surtout dans les églises, les images du Christ, de la Vierge Marie Mère de Dieu et des autres saints, et leur rendre l’honneur et la vénération qui leur sont dus. Non pas parce que l’on croit qu’il y a en elles quelque divinité ou quelque vertu justifiant leur culte, ou parce qu’on doit leur demander quelque chose ou mettre sa confiance dans des images, comme le faisaient autrefois les païens qui plaçaient leur espérance dans des idoles [voir Ps 135,15-17], mais parce que l’honneur qui leur est rendu renvoie aux modèles originaux que ces images représentent. Aussi, à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous prosternons, c’est le Christ que nous adorons et les saints, dont elles portent la ressemblance, que nous vénérons. C’est ce qui a été défini par les décrets des conciles, spécialement du deuxième concile de Nicée, contre les adversaires des images.

    Miguel

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  5. Dans le Cantique des Cantiques, chapitre 5 verset 16, nous lisons : "Hiko mamtakim vé khulo mahammadim vé dodi vé zé rei bnot yarushalaim", qui a été traduit ainsi par le rabbinat :
    "5.16
    Son palais n'est que douceur, Et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, Filles de Jérusalem!"
    en hébreu cela s'écrit : "חִכּוֹ, מַמְתַקִּים, וְכֻלּוֹ, מַחֲמַדִּים; זֶה דוֹדִי וְזֶה רֵעִי, בְּנוֹת יְרוּשָׁלִָ"


    Le mot hébreu מחמד (avec le -im, cela donne : "מַחֲמַדִּים") se traduit par le prénom "Muhammad" d'après le dictionnaire Anglais/Hébreu Ben Yehuda.
    Le "-im" final est un pluriel qui serait la marque du respect porté à Muhammad.
    En arabe, on le traduit d'ailleurs par محمد qui est le prénom Muhammad.

    Abdur Rahim Green, un ex-chrétien converti à l'islam et imam à Londres raconte qu'un rabbin lui aurait avoué que ce verset faisait effectivement référence au prophète de l'islam, mais que celui-ci refusait de le suivre par orgueil.

    Comment réfuter cela ?

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  6. Bonjour Mr Ferranti,

    Merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à mon blogue. Je dois dire que je ne suis pas un expert en traduction de la langue hébraïque, mais voici ce que je peux vous dire à ce sujet en me basant sur les outils qui sont à ma disposition.

    Je ne comprends pas ce qui pourrait justifier la traduction du terme מַחֲמַדִּ֑ים par le nom de Mahomet. Comme vous le voyez dans la traduction française de ce verset, ce terme est rendu par l’expression « pleine de charme ». Ce terme a le sens de quelque chose de chéri, de précieux, de désirable, etc. J’ai vérifié la traduction dans quatre ouvrages de traduction de l’Hébreu et ils sont tous d’accord sur cette traduction. Personne ne traduit ce terme מַחֲמַדִּ֑ים par Mahomet (excepté les musulmans). Voici les références des quatre dictionnaires que j’ai consultés:

    1) Swanson, J. 1997. Dictionary of Biblical Languages with Semantic Domains

    2) Thomas, R. L. 1998. New American Standard Hebrew-Aramaic and Greek dictionaries

    3) Whitaker, R., Brown, F., Driver, S. (. R., & Briggs, C. A. (. A. 1906. The Abridged Brown-Driver-Briggs Hebrew-English Lexicon of the Old Testament: From A Hebrew and English Lexicon of the Old Testament by Francis Brown, S.R. Driver and Charles Briggs, based on the lexicon of Wilhelm Gesenius. Houghton, Mifflin and Company: Boston; New York

    4) Strong, J. 2009. A Concise Dictionary of the Words in the Greek Testament and The Hebrew Bible.

    J’aimerais savoir ce qui pourrait alors justifier cette traduction qui rend le terme par un nom propre? Cela ressemble beaucoup plus à une recherche désespérée pour trouver le nom d’une personne dans les textes bibliques. La même racine de ce terme מַחְמָד est utilisée à une bonne dizaine d’endroits dans la bible comme : 1 Roi 20,6 ; Lamentations 1, 10 ; Isaïe 64, 11 ; etc. En regardant ces passages, on voit bien que cela ne fait pas de sens de tous les traduire par le nom de Mahomet. De plus, pourquoi Dieu aurait-il caché le nom de son prophète dans un poème dans la Bible qu’il a inspiré à une seule reprise, alors que les prophéties sur Jésus abondent dans l’Ancien Testament?

    J’espère que cela pourra vous aider

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