Qu’est-il arrivé à Jésus pendant les 3 jours où il était mort?



Un internaute m’a demandé récemment :

Qu’est-il arrivé à Jésus pendant les 3 jours où il était mort. Son âme a-t-elle erré sur terre? Était-il prisonnier dans le tombeau? Et que dire que la descente aux Enfers dont parle le symbole des apôtres? Est-ce là qu’il a passé les 3 jours? Pouvait-il être aux deux endroits en même temps (tombeau et enfer) ? Pendant qu’il était mort, était-il toujours à la fois homme et Dieu? Merci de m’éclairer sur cette question.

Entre le moment de sa mort, le vendredi saint, et Sa Résurrection, l’Âme de Jésus (toujours entièrement attachée à sa nature divine) est descendue aux Enfers tandis que Son Corps (toujours lui aussi attaché à sa nature divine) est demeuré dans le tombeau. Pour éviter toute confusion, il faut préciser qu'il s’agit ici en fait des « Enfers » au sens du séjour des morts, où les justes de l’Ancien Testament attendaient l’ouverture des Cieux et non pas l’enfer éternel des damnés d’où on ne revient pas.

Son Corps et son Âme étaient donc séparés l’un de l’autre (définition de la mort), mais jamais elles n’ont été séparées de Sa Divinité. C’est pourquoi le symbole des Apôtres affirme à la fois qu’il était enseveli (Corps) tout en étant descendu aux enfers (Âme).

Pour plus de précision, je vous conseille ce petit texte de saint Thomas d’Aquin :


SOMME THÉOLOGIQUE IIIa Pars
ARTICLE 2: Par la mort du Christ, sa divinité a­t­elle été séparée de sa chair? 
Objections:  
1. Le Seigneur, attaché à la croix, s'est écrié; " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as­tu abandonné? " (Mt 27, 46). Ce que S. Ambroise commente ainsi: "Il a crié comme un homme que sa séparation de la divinité allait faire mourir; car, la divinité étant exempte de mort, la mort ne pouvait se produire que si la divinité se retirait; et la vie, c'est la divinité." Il semble donc qu'à la mort du Christ, sa divinité a été séparée de sa chair.  
2. Enlevez l'intermédiaire, et les termes qu'il unissait se séparent. Or, la divinité a été unie à la chair par l'intermédiaire de l'âme, on l'a vue. A la mort du Christ, son âme ayant été séparée de sa chair, il s'ensuit que sa divinité a été aussi séparée de sa chair.  
3. La puissance vivificatrice de Dieu est plus forte que celle de l'âme. Or, le corps du Christ ne pouvait mourir que si son âme en était séparée. Il y avait donc encore moins de raison qu'il meure, si sa divinité n'en était pas séparée.  
Cependant:  
Ce qui appartient à la nature humaine ne se dit du Fils de Dieu qu'en raison de l'union, comme on l'a montré. Or, on attribue au Fils de Dieu ce qui convient au corps du Christ après la mort, par exemple d'avoir été enseveli, comme on le voit dans le symbole de foi où l'on dit que le Fils de Dieu " a été conçu, est né de la Vierge, a souffert, est mort et a été enseveli". Le corps du Christ, à la mort, n'a donc pas été séparé de la divinité.  
Conclusion: 
Ce que Dieu concède par grâce, il ne le reprend jamais sans qu'il y ait eu faute: "Les dons de Dieu et son appel sont sans repentance " (Rm 11, 29). Or, la grâce d'union, en vertu de laquelle la divinité a été unie à la chair du Christ dans la même personne, dépasse de beaucoup la grâce d'adoption, en vertu de laquelle nous sommes sanctifiés; elle est même plus permanente, de sa nature, parce que cette grâce est ordonnée à une union personnelle, tandis que la grâce d'adoption est ordonnée à une union d'affection. Et pourtant, nous voyons que la grâce d'adoption n'est jamais perdue sans une faute.
Puisqu'il n'y a eu aucun péché dans le Christ, il a été impossible que l'union de sa divinité à sa chair ait été dissoute. Et c'est pourquoi la chair du Christ ayant été unie au Fils de Dieu dans la même personne et hypostase avant la mort, elle lui est demeurée unie même après la mort. Comme le remarque S. Jean Damascène après la mort du Christ l'hypostase de la chair du Christ n'a pas été autre que l'hypostase du Verbe de Dieu.  
Solutions:  
1. Il ne faut pas rapporter l'abandon du Christ sur la croix à une rupture de l'union personnelle, mais à ce fait que Dieu le Père a exposé le Christ à la passion; abandonner, ici, n'a pas d'autre signification que celle de ne pas protéger contre les persécuteurs. Ou bien encore, comme le note S. Augustin, le Christ se dit abandonné, eu égard à la prière où il disait: "Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi ! "  
2. Le Verbe de Dieu s'est uni à la chair par l'intermédiaire de l'âme, en ce sens que la chair appartient par l'âme à la nature humaine, que le Fils de Dieu voulait assumer; mais non en ce sens que l'âme serait l'intermédiaire qui relie entre elles la divinité et la chair. La chair doit à l'âme d'appartenir à la nature humaine, même après que l'âme en a été séparée; car le cadavre conserve, en vertu du plan divin, un ordre à la résurrection. Aussi l'union de la divinité à la chair n'a­t­elle pas été détruite. 
3. L'âme du Christ possède la vertu de vivifier le corps à titre de principe formel; aussi, tant qu'elle est présente et unie formellement au corps, est­il nécessaire que celui­ci soit vivant. Mais la divinité possède la vertu de vivifier non à titre de principe formel, mais comme cause efficiente; la divinité, en effet, ne peut être forme du corps; aussi n'est­il pas nécessaire que la chair soit vivante tant que dure son union à la divinité, car Dieu n'agit point par nécessité, mais par volonté.


ARTICLE 3: A la mort du Christ, la divinité a­t­elle été séparée de son âme?  
Objections:  
1. Le Seigneur dit (Jn 10, 18) " Personne ne m'enlève mon âme, mais je la donne de moi­même; j'ai le pouvoir de la donner et j'ai le pouvoir de la reprendre." Or, le corps ne peut livrer son âme en se séparant d'elle, car l'âme n'est pas soumise au pouvoir du corps, mais c'est plutôt l'inverse. Par suite, c'est au Christ, comme Verbe de Dieu, qu'il appartient de donner son âme. Or, c'est là s'en séparer. Par la mort du Christ, son âme a donc été séparée de la divinité.  
2. S. Athanase écrit: "Maudit celui qui ne confesse pas que tout l'homme assumé par le Fils de Dieu a été repris ou libéré pour ressusciter des morts le troisième jour." Mais tout l'homme ne pouvait pas être repris s'il n'avait pas été séparé quelque temps du Verbe de Dieu. Or, l'homme en sa totalité est composé d'âme et de corps. Il y a donc eu une séparation momentanée entre la divinité d'une part, et le corps et l'âme d'autre part. 
3. C'est par son union à l'homme tout entier que le Fils de Dieu mérite le nom d'homme. Donc, si l'union entre son âme et son corps étant dissoute, le Verbe de Dieu était demeuré uni à l'âme, il s'ensuivrait qu'on aurait pu donner le nom d'âme au Fils de Dieu. Or, cela est faux; car, l'âme étant forme du corps, il en résulterait que le Verbe de Dieu aurait été forme du corps, ce qui est impossible.A la mort du Christ, son âme a donc été séparée du Verbe de Dieu. 
4. Lorsque l'âme et le corps sont séparés l'un de l'autre, il n'y a plus une seule hypostase, mais deux. Donc, si le Verbe de Dieu est demeuré uni tant au corps qu'à l'âme du Christ, séparés tous deux l'un de l'autre par la mort, il paraît s'ensuivre que le Verbe de Dieu, aussi longtemps qu'a duré la mort du Christ, a eu deux hypostases. Ce qui est inadmissible. Après la mort du Christ, son âme n'est donc pas demeurée unie au Verbe.  
Cependant:  
S. Jean Damascène écrit: "Bien que le Christ soit mort comme homme, et que sa sainte âme se soit séparée de son corps non soumis à la corruption, sa divinité est demeurée inséparable de l'un et de l'autre, de son âme et de son corps."  
Conclusion: 
L'âme est unie au Verbe de Dieu d'une manière plus immédiate et plus prochaine que le corps; car le corps est uni au Verbe de Dieu par l'intermédiaire de l'âme, nous l'avons déjà dit. Donc, puisque le Verbe de Dieu n'a pas été, à la mort, séparé du corps, il a été encore moins séparé de l'âme. Aussi, de même que l'on attribue au Fils de Dieu ce qui appartient au corps séparé de l'âme, à savoir qu'" il a été enseveli", de même dit­on dans le Symbole qu'" il est descendu aux enfers", parce que son âme, séparée du corps, y est descendue.  
Solutions:  
1. S. Augustin, commentant ce texte de S. Jean se demande, puisque le Christ est " Verbe, âme et chair, en vertu de quel principe il a livré son âme; comme Verbe, comme âme, ou comme chair? " Et il répond: "Si l'on prétend que c'est comme Verbe, il s'ensuit qu'à un moment son âme a été séparée du Verbe; ce qui est faux, car la mort a séparé le corps de l'âme; mais je ne dis pas que l'âme a été séparée du Verbe. Si l'on affirme au contraire que l'âme s'est livrée elle­même; il en résulte que l'âme a été séparée d'elle-même: ce qui est absurde." Il reste donc que " la chair elle-même a livré son âme et l'a reprise ensuite, non par sa propre puissance, mais par la puissance du Verbe qui habitait dans la chair "; car, on vient de le dire, par la mort la divinité du Verbe n’a pas été séparée de la chair.  
2. Ces paroles ne signifient pas que l'homme tout entier, c'est­à­dire toutes ses composantes, a é repris, comme si le Verbe de Dieu avait quitté par la mort les deux composantes de la nature humaine. Mais que la totalité de la nature qui avait été assumée avait été réintégrée dans la résurrection en vertu de l'union rétablie entre le corps et l'âme.  
3. Le Verbe de Dieu, en raison de son union avec la nature humaine, n'est pas une nature humaine, mais un homme, ce qui veut dire qu'il possède la nature humaine. Or, l'âme et le corps sont des parties essentielles de la nature humaine. Aussi, à cause de l'union du Verbe avec l'un et l'autre, il ne s'ensuit pas que le Verbe de Dieu soit une âme ou un corps, mais qu'il existe en ayant une âme et un corps.  
4. D'après S. Jean Damascène " au fait qu'à la mort du Christ l'âme a été séparée de la chair, l'hypostase unique ne s'est pas trouvée divisée en deux hypostases; car le corps et l'âme du Christ ont existé au même titre dès le principe dans l'hypostase du Verbe; et dans la mort, quoique divisés l'un et l'autre, ils sont restés chacun avec la même et unique hypostase du Verbe. est pourquoi la même et unique hypostase du Verbe est demeurée l'hypostase et du Verbe, et de l'âme, et du corps. jamais en effet ni l'âme, ni le corps n'ont eu d'hypostase propre en dehors de l'hypostase du Verbe, car il y eut toujours une seule hypostase, celle du Verbe; il n'y en eut jamais deux." 

ARTICLE 4: Durant les trois jours de sa mort, le Christ est­il resté homme?  
Objections:  
1. S. Augustin écrit: "Telle était cette union qu'elle ferait Dieu homme, et l'homme Dieu." Or, cette union n'a pas cessé par la mort. Il semble donc que par la mort le Christ n'a pas cessé d'être homme.

2. D'après le Philosophe, " tout homme est son intelligence "; aussi, après la mort de S. Pierre par exemple, nous adressons-nous à son âme en disant: "S. Pierre, priez pour nous." Or, après la mort, le Fils de Dieu n'a pas été séparé de son âme intellectuelle. Donc, pendant les trois jours de sa mort, le Fils de Dieu est resté homme.  
3. Tout prêtre est homme. Or, pendant ces trois jours, le Christ est demeuré prêtre; autrement, il n'aurait pas été vrai de dire avec le Psaume (110, 4): "Tu es prêtre pour toujours." Donc, le Christ est resté homme pendant les trois jours de sa mort.  
Cependant: 
Enlevez le genre supérieur, le genre inférieur disparaît. Or, l'être vivant et animé est supérieur à l'animal ou à l'homme. L'animal est en effet une substance animée sensible. Pendant les trois jours de sa mort, le corps du Christ, ayant cessé d'être vivant et animé, il s'ensuit qu'il n'était plus homme.  
Conclusion: 
Que le Christ ait été vraiment mort est un article de foi. Il en résulte que toute affirmation qui va contre la réalité de la mort du Christ est une erreur contre la foi. Aussi est-­il dit dans la lettre synodale de S. Cyrille: "Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert, a été crucifié et a goûté la mort dans sa chair, qu'il soit anathème." Or, pour que la mort d'un homme ou d'un animal soit réelle, il importe que par la mort on cesse d'être homme ou animal; en effet, la mort d'un homme ou d'un animal provient de la séparation de l'âme, élément qui complète l'idée d'homme ou d'animal. Et voilà pourquoi affirmer que le Christ, pendant les trois jours de sa mort, a été homme, en parlant d'une manière simple et absolue, est erroné. On peut dire cependant que le Christ, pendant ces trois jours, a été " un homme mort". 
Néanmoins, certains ont soutenu que le Christ avait été un homme durant ces trois jours; s'il est vrai qu'ils ont avancé une proposition erronée, on ne peut les incriminer d'erreur dans la foi. Ainsi, Hugues de Saint­ Victor a prétendu que le Christ, pendant les trois jours de sa mort, avait été homme, parce qu'il pensait que l'âme constituait l'homme; ce qui est faux, ainsi que nous l'avons montré dans la première Partie.  
Le Maître des Sentences a soutenu la même opinion, mais pour une autre raison; il a cru que l'union de l'âme et du corps n'était pas impliquée dans l'idée d'homme, mais qu'il suffisait pour être homme d'avoir une âme et un corps, unis ou non entre eux; cela aussi est faux d'après ce que nous avons prouvé dans la première Partie', et ce que nous avons dit plus haut sur le mode d'union.  
Solutions:  
1. Le Verbe de Dieu a pris une âme et une chair qu'il s'est unies; ce fut donc cette union avec le Verbe qui a fait Dieu homme, et l'homme Dieu. Or, cette union n'a pas cessé d'exister, comme si le Verbe s'était séparé de l'âme ou de la chair; ce qui a cessé d'exister, pourtant, c'est l'union de la chair et de l'âme.  
2. On dit que l'homme est son intelligence: non pas que l'intelligence soit tout l'homme, mais l'intelligence est sa partie principale, et en elle se trouve virtuellement toute l'ordonnance de l'homme: ainsi le chef de la cité est appelé parfois toute la cité, parce qu'en lui se trouve tout le gouvernement de la ville.  
3. L'homme est prêtre en raison de son âme, qui reçoit le caractère de l'ordre; aussi, par la mort, l'homme ne perd­ pas son caractère sacerdotal. Et beaucoup moins encore, le Christ, source de tout le sacerdoce.

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