Pour la défense du baptême des enfants


Les baptistes et divers autres groupes évangéliques croient que de baptiser les enfants est contraire à la Bible. Les catholiques, en revanche, voient cela non seulement comme étant biblique, mais aussi salvifique. Les enjeux de cette question sont énormes, car cela pourrait faire la différence entre une personne mourante baptisée ou non baptisée. Donc, nous allons examiner les arguments contre le baptême des enfants (et pourquoi ils ne sont pas convaincants), suivies des arguments pour le baptême des enfants.

1. Trois mauvais arguments contre le baptême des enfants

Vous pouvez trouver les arguments typiques présentés contre le baptême des enfants sur le site de GotQuestions? Je vais présenter leurs arguments (que je rejette) en rouge. Leurs arguments sont les mêmes que ceux l’on retrouve un peu partout, mais si j’avais négligé un des arguments contre le baptême des enfants, sentez-vous libres de les ajouter dans les commentaires ci-dessous. GotQuestions commence son argumentation de cette façon:

Spinello Aretino, l’enfant Saint Jean Baptiste présenté à Zacharie (1390)
Il existe beaucoup de confusions au sujet du baptême dans les diverses dénominations chrétiennes. Toutefois, cela ne veut pas dire que le message de la Bible sur le baptême est confus. La Bible est très claire sur ce qu’est le baptême, ceux à qui il est destiné et ce qu’il accomplit.

Ironiquement, je suis d'accord avec ceci: la Bible est claire. Mais comme nous le verrons, elle présente exactement le contraire de ce que le site GotQuestion enseigne. Examinons chacun des trois arguments qu'il avance:

A. Silence biblique

Le premier argument que GotQuestions soulève est que « La Bible ne mentionne aucun cas de baptême d’enfants », au lieu de cela « Dans la Bible, seuls les croyants ayant placé leur foi en Christ étaient baptisés – comme un témoignage public de leur foi et de leur identification à Lui (Actes 2, 38 ; Romains 6, 3-4) »

Ceci est un bien faible argument du silence. Si on construisait un argument à partir de cet énoncé, il ressemblerait à quelque chose comme ceci:

  1. Nous ne savons pas si des enfants ont été baptisés dans la Bible;
  2. Par conséquent, il n'y avait pas d’enfants baptisés par les Apôtres;
  3. Par conséquent, l'Église doit avoir interdit le baptême des enfants.

Logiquement parlant, il n'y a aucun moyen de passer de (1) à (2) ou de (2) à (3). Pour voir pourquoi cet argument échoue, remplacez les enfants par des adolescents. Après tout, nous ne savons pas non plus si des adolescents ont été baptisés dans la Bible. Bien sûr, nous savons que des maisons entières ont été baptisées (Actes 16, 15, Actes 18, 8), mais nous ne savons pas si ces maisons incluaient des enfants ou des adolescents.

Donc, la Bible est tout aussi muette sur le baptême des adolescents que sur le baptême des enfants. Mais personne ne passe de ce silence (1) pour affirmer que le baptême d’adolescents n'a pas eu lieu (2) ou qu’il était interdit (3). Il serait absurde de faire ces sauts logiques.

Cet argument du silence est particulièrement non convaincant devant deux autres faits: (a) il n'y a pas d'interdiction contre le baptême des enfants et (b) le silence biblique peut être facilement expliqué.


  • Pour (a), considérant que la Bible ne dit pas que vous ne pouvez pas baptiser les enfants. Alors, l'argument du silence vaut pour les deux sens. En fait, Jésus nous dit de baptiser tout le monde (Matthieu 28, 19) et donc l'absence de toutes instructions spéciales pour les enfants semble plaider pour le baptême des enfants plutôt que contre lui.
  • Pour (b), nous savons pourquoi la Bible ne parle pas du baptême des enfants. À l'époque, presque tous les nouveaux chrétiens étaient des convertis: presque personne n’était né chrétien, parce que le christianisme était trop nouveau. Le livre des Actes met l'accent sur la conversion des Apôtres de leurs voisins juifs et païens. Ce n’est pas avant la fin de l’âge apostolique que nous commençons à rencontrer des chrétiens comme Saint Timothée, qui viennent de familles chrétiennes (2 Timothée 1, 5).


Pensez-y: si vous étiez en train de lire un ensemble de documents datant de la fin du 18e siècle, vous pouvez venir à la conclusion erronée que personne ne naît Américain. Mais ce serait seulement parce que les jeunes enfants sont nés dans la nation naissante. C’est la même chose qui se produit ici. C’est un saut logique énorme de supposer que les Apôtres n’ont pas baptisé d’enfants (en particulier quand ils ont baptisé des ménages entiers, comme le montre Actes 16, 15 et Actes 18, 8) et un second saut logique de supposer que cette absence présumée de baptême d’enfants était basée sur un refus doctrinal d’admettre les enfants au baptême.

B. Le baptême est juste un symbole et le baptême des enfants gâche ce symbole

Pietro Longhi, Le Baptême (1755)
Le deuxième argument est que le baptême des enfants détruit la symbolique du baptême ou  qu’il le dénature :

Le baptême des enfants est à l’origine des modes de baptême par aspersion ou par effusion, étant donné qu’il est dangereux et pas très sage de plonger un enfant dans l’eau. Même la méthode de baptême des enfants n’est pas en accord avec la Bible. En quoi l’aspersion ou l’effusion illustrent-elles la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ ? 

Il semble tout à fait trivial de savoir si le baptême est fait par immersion ou aspersion, mais pour GotQuestions, le baptême est seulement un symbole. L’aspersion occulte ce symbolisme et alors détruit le but de baptême. En fait, derrière cette idée se trouve le déni que le baptême fait quoi que ce soit:

Le baptême ne sauve pas. Peu importe que vous ayez été baptisé par immersion, par effusion ou par aspersion – si vous n’avez pas d’abord cru en Jésus pour votre salut, le baptême (peu importe la méthode) n’a pas de sens et est inutile.

Comme je l'ai mentionné ci-haut, je suis d'accord avec GotQuestions que la «La Bible est largement claire sur ce qu’est le baptême, ceux à qui il est destiné et ce qu’il accomplit. » Considérons maintenant les preuves bibliques en commençant par 1 Pierre 3. Après avoir expliqué comment Noé et sa famille « furent sauvés à travers l'eau», Saint Pierre dit (1 Pierre 3, 21-22) :

Cette eau était une figure du baptême, qui n`est pas la purification des souillures du corps, mais l`engagement d`une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus Christ, qui est à la droite de Dieu, depuis qu`il est allé au ciel, et que les anges, les autorités et les puissances, lui ont été soumis.

Jésus dit aussi (Marc 16, 16), « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné ». Alors, voici où le différend se trouve réellement :


  • GotQuestions nie explicitement que le baptême vous sauve: « Le baptême ne sauve pas »
  • La Bible affirme explicitement que le baptême vous sauve: « Cette eau était une figure du baptême … et qui maintenant vous sauve » (1 Pierre 3, 21).


Comme il n'y a aucun moyen rationnel de tenir à la fois que le baptême nous sauve et qu’il ne nous sauve pas, alors soit GotQuestions ou soit la Bible doit être dans l’erreur.

Pour ce qui est de la question de savoir s’il est correct de baptiser par aspersion plutôt que de par immersion, considérez ce passage de la Didachè, écrit au premier siècle, et qui montre que le baptême par aspersion avait déjà été autorisé au cours de l'âge apostolique:

Au sujet du baptême, baptisez ainsi : après avoir enseigné tout ce qui précède, baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau courante. S’il n’y a pas d’eau vive, qu’on baptise dans une autre eau, et à défaut d’eau froide, dans de l’eau chaude. Si tu ne disposes ni de l’une ni de l’autre, verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Que le baptisant, le baptisé et d’autres personnes qui le pourraient, jeûnent avant le baptême ; du moins au baptisé ordonne qu’il jeûne un jour ou deux auparavant. 

Donc l'Église au temps des Apôtres a permis le Baptême par aspersion, lorsque cela était nécessaire. Pourtant, de nombreux protestants l’interdisent. Pourquoi? Pour ces protestants, le symbolisme du baptême est extrêmement important, parce que c’est tout ce qu'il est pour eux. En revanche, la Didachè montre que l'Église apostolique n’a pas attaché trop d’importance au symbolisme, parce qu'ils ont reconnu que le baptême était beaucoup plus qu'un symbole.

C. Le baptême est quelque chose que nous faisons pour Dieu

GotQuestions affirme que « Le baptême d’eau par immersion est une étape de l’obéissance, après avoir cru en Christ. C’est une proclamation de la foi en Christ, une déclaration de notre soumission à Lui ». En d'autres termes, c’est surtout quelque chose que nous faisons pour Dieu. Nous déclarons notre choix conscient pour le Christ. Cela est étroitement lié à l'idée que le baptême est juste un symbole. Mais comme nous l'avons déjà vu, cela n’est pas exact: le Baptême fait quelque chose. Dans l'acte du Baptême, Dieu est le principal acteur dans le Baptême, comme Il l’est dans tous les sacrements. Il agit dans le Baptême en nous sauvant et en effaçant nos péchés.

Nous voyons cela clairement dans le passage que nous avons déjà examiné de 1 Pierre 3, dans laquelle il dit que le baptême est « l’engagement d`une bonne conscience envers Dieu» (1 Pierre 3, 21). Autrement dit, nous demandons à Dieu une conscience bonne (en ayant le pardon de nos péchés), pas en Lui disant que notre conscience est déjà bonne.

Pietro De Cortana, Ananie restaurant la vue de Saint Paul (1631)
Nous le voyons aussi cela dans Actes 22, 16 où Saint Paul raconte comment Ananie lui dit «Et maintenant pourquoi tarder? Lève-toi, fais-toi baptiser et purifies-toi de tes péchés en invoquant son nom. » Paul croyait déjà à ce point et sa vue était déjà rétablie (Actes 22, 13), mais il avait toujours besoin d'avoir ses péchés pardonnés et ses péchés ont été emportés par le Baptême. Ce n’était pas seulement le symbole d'un événement passé: le baptême a effectivement fait quelque chose.

Cette tendance se retrouve dans toute l'Écriture, y compris dans l'Ancien Testament. Saint Pierre a noté, dans le passage que nous avons examiné ci-dessus, que l'Arche de Noé préfigurait le baptême avec le thème du salut à travers l'eau. Saint Paul fait la même remarque à propos des Israélites traversant la Mer Rouge sous la nuée de l'Esprit Saint (1 Corinthiens 10, 1-4). D’autres exemples abondent, comme la guérison de Naaman le Syrien dans 2 Rois 5. Le Christ signifie cela dans ses miracles, en restaurant la vue par le lavage (Jean 9, 11). Même le symbolisme du baptême souligne ceci: l'eau est associée au nettoyage pour signifier la réalité spirituelle que le baptême apporte.

Voici comment Saint Paul décrit l'action de Dieu dans le Baptême (Éphésiens 5, 25-27):

Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l'avoir purifiée dans l'eau baptismale, avec la parole, pour la faire paraître, devant lui, cette Église, glorieuse, sans tache, sans ride, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée. 

Remarquez comment la description de Paul contraste avec celle de GotQuestions. Ce n’est pas nous qui nous déclarons propres pour Jésus; ce n’est pas non plus se laver pour Jésus. Au lieu de cela, dans le Baptême, c’est Jésus qui nous lave. Ou regardez encore 1 Corinthiens 6, 9-11, dans lequel Paul dit que, bien que certains de ses lecteurs sont des injustes destiné à l’enfer, « mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu. » Donc, non seulement le Baptême n’est pas quelque chose que nous faisons pour Dieu, il n’est même pas quelque chose que nous pourrions faire pour Dieu. Il doit nous purifier, ou comme le dit Paul dans Tite 3, 4-7 :

Mais lorsque Dieu notre Sauveur a fait paraître sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisions, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit, qu'il a répandu sur nous largement par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers de la vie éternelle selon notre espérance.

En réduisant le Baptême à un symbole, et à un symbole que seuls les adultes qui se considèrent comme des chrétiens sauvés peuvent effectuer, ces protestants ont ironiquement réduit le Baptême à une bonne œuvre que nous effectuons pour Dieu, plutôt que l’œuvre gratuite de Dieu qui efface nos péchés et nous apporte le salut.

2. Quatre bons arguments pour le baptême des enfants

Ayant vu que les arguments contre le baptême des enfants sont peu convaincants (et qu’ils sont construits sur de fausses hypothèses au sujet du Baptême), nous allons examiner les arguments en faveur du Baptême des enfants:

A. Le Baptême est la porte de l'Église

John Phillip, baptême en Écosse (1850)
Le baptême est la façon par laquelle nous sommes introduits dans l'Église, le Royaume de Dieu. Cela est, je l'espère, un point relativement peu controversé et nous le voyons dans les Actes 2, 41-42: « Alors ceux qui ont reçu sa parole furent baptisés, et on a ajouté ce jour-là environ trois mille âmes. Et ils se sont consacrés à l'enseignement et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et aux prières. Eux donc, ayant accueilli sa parole, furent baptisés; et ce jour-là s'adjoignirent environ trois mille personnes. Et ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et aux réunions communes, à la fraction du pain et aux prières ». Autrement dit, ils ont été « ajoutés » à l'Église parce qu'ils ont été baptisés (Ce passage est parfois cité comme une « preuve » contre le baptême des enfants. Je vais répondre à cette objection plus loin dans la conclusion). De même, Paul dit que «Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit » (1 Corinthiens 12, 13). Nous entendons aussi cela proclamé directement par Jésus-Christ dans Jean 3, 5 : «En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu ».

Donc, si le baptême est la façon dont nous sommes ajoutés à l'Église, nous sommes confrontés à quelque chose d’étrange: si le Baptême des enfants est interdit, alors il n'y a rien de tel que des bébés chrétiens. Il y a des bébés juifs, des bébés musulmans et toutes sortes d'autres bébés, mais pas de bébés chrétiens. Les bébés et les petits enfants ne sont pas autorisés à entrer dans le Royaume de Dieu, parce qu'ils ne sont pas assez vieux pour faire une profession de foi. Maintenant, considérez cette bizarrerie à la lumière de Luc 18, 15-17 :

On lui amenait aussi les tout petits pour qu'il les touchât; ce que voyant, les disciples les gourmandaient. Mais Jésus les appela à lui, disant : " Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis, en vérité : qui ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu n'y entrera point. " 

Dans un récit parallèle, Marc ajoute que Jésus « les prit dans ses bras et les bénit en leur imposant les mains. » (Marc 10, 16) et l'action est liée à l'envoi de l'Esprit Saint sur eux (Actes 8, 18; Actes 9, 17).

Ces enfants, on peut même dire des nourrissons, étant amenés à Jésus car ils sont si petits qu'ils doivent être amenés à lui. Pourtant, le Christ les bénissait en leur disant que le Royaume leur appartient. Remarquez la grande différence entre l'approche du Christ est celle des baptistes. Alors que les baptistes agissent comme si la foi est quelque chose que nous avons à œuvrer et à faire mûrir, le Christ traite la foi comme étant le contraire: les petits enfants sont naturellement confiants; ils vivent par la foi, parce qu'ils sont trop faibles pour faire autrement. Fermer les portes de l'Église à ces enfants - pour les empêcher d'être chrétiens pendant ces années les plus formatrices - leur rend un très mauvais service.

B. Le baptême est la Nouvelle Circoncision

Comme moyens d’entrer dans le Peuple de Dieu, le baptême remplace la circoncision. Saint Paul utilise cette imagerie pour décrire le Baptême dans Colossiens 2, 11-12:

En lui vous avez été circoncis d'une circoncision non faite de main d'homme, de la circoncision du Christ, par le dépouillement de ce corps de chair. Ensevelis avec lui dans le baptême, vous avez été dans le même baptême ressuscités avec lui par votre foi à l'action de Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts.

Cette « circoncision du Christ » est le baptême,

Pourtant, la circoncision avait lieu le huitième jour après la naissance (Lévitique 12, 3). Ce ne fut que dans le cas des convertis que la circoncision était retardée. Bien sûr, la circoncision a précédé la foi pour les garçons juifs. Mais ce n’était pas là la question: ils ont été élevés en tant que Juifs. De même, lorsque nous baptisons les enfants, nous nous engageons à les élever en tant que chrétiens.

Cela fait partie des responsabilités d'un parent envers son enfant. Les enfants ne savent pas différencier le bien du mal et ils apprennent ces choses d'abord de leurs parents. Cela signifie que les parents ont le droit et le devoir d'élever leurs enfants dans la vraie foi. Cela se reflète bien dans la proclamation de Josué (Josué 24, 14-15):

Craignez donc Yahweh et servez-le avec intégrité et vérité; ôtez les dieux qu'ont servis vos pères de l'autre côté du fleuve et en Égypte, et servez Yahweh. Que si vous ne trouvez pas bon de servir Yahweh, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir, soit les dieux que servaient vos pères au-delà du fleuve, soit les dieux des Amorrhéens dont vous habitez le pays. Pour moi et ma maison, nous servirons Yahweh

Ce fut le cas du judaïsme de l'Ancien Testament et c’est aussi vrai pour le christianisme du Nouveau Testament. Le baptême des enfants reconnaît l'évidence: les enfants ont tendance à croire ce que leurs parents leur enseignent au sujet de Dieu, du moins au début. Vous ne voyez pas beaucoup de fervents chrétiens avec des athées ou des sceptiques de quatre ans. Les enfants nés dans des familles chrétiennes doivent être élevés à partir de la perspective de la foi.

C. Le Baptême est important pour le salut

Peter Paul Rubens, la Vierge à l'Enfant entourée
par les Saints Innocents (1618)
Ce point est simple: l'Écriture lie à plusieurs reprises le baptême au salut. Elle ne le traite pas comme étant l'effet du salut, comme le protestantisme le fait. Elle le traite plutôt comme une condition nécessaire au salut.

Comme nous l'avons déjà vu, Jésus dit: «Amen, amen, je vous le dis, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu sans être né de l'eau et de l'Esprit» (Jean 3: 5), tandis que Paul dit que Dieu « nous a sauvés … par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit » (Tite 3, 5) et Pierre dit simplement: « Cette eau était une figure du baptême … et qui maintenant vous sauve » (1 Pierre 3, 21). Et Jésus promet que « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » (Marc 16, 16). Donc le baptême sauve.

Pour cette raison, les premiers chrétiens étaient catégoriques sur le fait de baptiser les enfants immédiatement. Écoutez ce que saint Cyprien de Carthage dit à Fidus sur ce sujet autour de l’an 253 :

Pour ce qui regarde les enfants, vous disiez qu’on ne devait pas les baptiser le deuxième ou le troisième jour, mais qu’il fallait prendre modèle sur la loi antique de la circoncision, par conséquent ne pas baptiser et sanctifier le nouveau-né avant le huitième jour. Notre assemblée en a pensé tout autrement. La façon d’agir que vous préconisiez n’a rallié aucun suffrage, et nous avons tous été d’avis qu’il ne fallait refuser à aucun homme arrivant à l’existence la Miséricorde et la Grâce de Dieu. Le Seigneur dit dans l’évangile : « Le fils de l’homme n’est pas venu pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver » (Luc 9, 56). Autant donc qu’il est en nous, nous ne devons, si c’est possible, perdre aucune âme.

Remarquez les deux camps: l’un dit que les bébés doivent être baptisés tout de suite, tandis que l'autre dit que nous ne devrions pas baptiser les enfants ... jusqu'à ce qu'ils soient âgés de huit jours, pour mieux signifier que le baptême est la nouvelle circoncision. Ces deux camps sont fermement pour le baptême des enfants. On voit aussi que le premier camp l'emporte, parce qu'ils réalisent que le baptême sauve, puisque nous ne devrions pas prendre de risques avec les âmes de nos enfants. Voilà le type de logique dont nous aurions bien besoin davantage.

D. Le Baptême permet de devenir un disciple

Le problème avec la vue credobaptiste est qu'il considère le baptême comme une sorte de point de contrôle à laquelle nous arrivons à après avoir eu la foi. Mais l'Écriture présente le baptême comme l'un des moyens qui nous permet de vivre la vie de disciple en premier lieu. Écoutez les promesses de Dieu dans Ézéchiel 36, 24-28:

Je vous tirerai d'entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai sur votre terre. Je ferai sur vous une aspersion d'eaux pures et vous serez purs; de toutes vos souillures et de toutes vos abominations je vous purifierai. Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre chair le cœur de pierre; et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai au dedans de vous mon Esprit, et je ferai que vous suivrez mes ordonnances, que vous observerez mes lois et les pratiquerez. Vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu.

Comme je l'ai mentionné précédemment, il y a quatre caractéristiques au baptême : (1) le Saint-Esprit nous est accordé par le baptême; (2) il nous purifie du péché (comme Actes 22, 16 le dit); (3) non seulement il nous purifie des péchés présents, mais il nous permet d'éviter le péché à l'avenir, grâce au don d’un esprit nouveau. Voilà comment il nous justifie et nous sanctifie, comme le dit Paul dans 1 Corinthiens 6, 11; et (4) il nous incorpore dans le Peuple de Dieu.

Donc, l'un des moyens dont le Baptême nous sauve est par l'Esprit Saint qui verse en nous les grâces qui nous permettent d'être de vrais disciples du Christ. Voilà pourquoi le Baptême est davantage comme la ligne de départ qu’une ligne d'arrivée en ce qui concerne la foi. Voilà sans doute aussi pourquoi la Grande Commission du Christ de faire des disciples de toutes les nations implique d'abord de les « baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit» (Matthieu 28, 19), puis de leur « enseigner à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28, 20).

Si vous privez les enfants du Baptême, vous les coupez de grâces qui sont essentielles pour les disciples et vous les couper même des grâces dont ils ont besoin pour aller au Ciel. Voilà un jeu fou et mortel à jouer avec les âmes de vos enfants.

Conclusion

Espérons que cet article a démontré à la fois qu'il n'y a pas de bonnes raisons de s'opposer au baptême des enfants et qu’il y a de très bonnes raisons (une question de vie ou de mort)  de le favoriser. Je voudrais terminer en considérant l'homélie que Saint Pierre a faite à la Pentecôte que l’on retrouve dans Actes 2.

Ceux qui s'y opposent au baptême des enfants citent souvent Actes 2, 41, parce que les trois mille hommes dont nous entendons parler et qui se font baptiser semblent être des adultes qui en sont venus à croire. Cela n’est pas surprenant: l’Écriture compte à certains endroits seulement les hommes de chaque famille, comme le montre Matthieu 14, 21, et Matthieu 15, 38. Ce qui est surprenant, c’est ce qui arrive juste avant. Saint Pierre disent spécifiquement à ses trois mille auditeurs (Actes 2, 38-39):

Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit, car la promesse est pour vous, et pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, autant qu'en appellera le Seigneur notre Dieu. 

Cela illustre plusieurs des thèmes que nous avons examinés jusqu'à présent: le baptême est principalement l'œuvre de Dieu, il lave nos péchés et il s’étend à la fois à ceux qui sont assez vieux pour entendre le message de l'Évangile et à leurs enfants. Ne pas baptiser vos enfants revient à les priver de ce que Dieu leur a promis et à les priver de la foi que vous leur devez en tant que leur parent.


Cet article est une traduction personnelle de l’article «The Case for Infant Baptism» de Joe Heschmeyer.

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