Jésus a-t-il existé? Une approche différente


Jésus a-t-il existé?

Les discussions sur ce sujet commencent souvent en cherchant des références à Jésus dans les sources anciennes chrétiennes.

Ou alors, on cherche des références à Jésus dans les sources non chrétiennes.

Mais, il y a une autre façon de voir la question qui est souvent ignorée…

L'approche standard 

Jésus est évidemment mentionné dans les sources chrétiennes comme dans les Évangiles, dans les autres écrits du Nouveau Testament et dans les œuvres des Pères de l'Église.

Cependant, parce que ce sont des sources chrétiennes, leur témoignage est parfois ignoré et on fait alors appel à des références provenant de sources non chrétiennes qui mentionnent Jésus.

Par exemple, il est mentionné dans les écrits d'un certain nombre d'écrivains romains qui vivaient au début des années 100. Il est également mentionné, de façon un peu plus controversée, dans les écrits de Josèphe, un historien juif du premier siècle.

Mais une objection est parfois levée aussi au sujet de ces sources. Il est suggéré qu'ils ne représentent pas une preuve indépendante de l'existence de Jésus, parce que ces auteurs en question ne connaissent de Jésus que ce qu'ils ont appris des chrétiens.

Dans certains cas, cela peut être vrai. Dans d'autres cas, cela peut ne pas être vrai. Certains de ces auteurs ont pu avoir accès à des documents transmettant des renseignements sur Jésus qui étaient indépendants du mouvement chrétien.

Mais, supposons qu'ils n'en avaient pas. Supposons que toutes les informations présentées dans ces sources dépendent ultimement de sources chrétiennes.

Cela ne nous laisse pas dans une impasse, car nous pouvons prendre une approche différente pour élucider cette question.

Les références au christianisme

Au lieu de commencer par rechercher des références sur Jésus, nous pouvons plutôt examiner les références sur le mouvement chrétien lui-même et voir ce que nous pouvons apprendre à son sujet.

Bien sûr, les sources qui font référence à Jésus ont tendance à se référer aussi au mouvement chrétien. Cela signifie que nous pouvons établir rapidement un certain nombre de références au christianisme qui sont très anciennes.

Il est mentionné par:

  • Suétone, qui a écrit autour de l’an 121
  • Tacite, qui a écrit autour de l’an 116
  • Pline le Jeune, qui a écrit en 110 ou 111
  • L'empereur Trajan, qui a répondu à Pline en l'an 110 ou 111
  • Et Josèphe, qui a écrit autour de l’an 93

L'inclusion de Josèphe dans cette liste ne dépend pas de la célèbre « Testimonium Flavianum », trouvé dans ses Antiquités 18, 3, 3.

Même en mettant de côté cette référence, qui est partiellement endommagée, Josèphe se réfère ailleurs à Jésus comme ayant des adeptes (en notant qu'il « a été appelé Christ ») dans un passage pour lequel nous n'avons aucune preuve de corruption de manuscrit (Antiquités 20, 9, 1).

Nous avons donc plusieurs références sur l'existence d'un mouvement chrétien, qui datent de la fin du premier siècle et du début du second.

Répartition géographique

Ces mêmes références indiquent une répartition géographique considérable pour ce mouvement.
Josèphe écrit sur les événements de Judée, dont d'autres sources indiquent également qu’elle avait été le point d'origine de ce mouvement.

Mais Suétone et Tacite écrivent sur ce mouvement, qui existait aussi à Rome.
Et Pline le Jeune indique qu'il était bien connu en Bithynie (dans le nord de la Turquie moderne).

Un mouvement récent

Un autre fait notable sur le mouvement chrétien, est qu'il était d'origine récente.
C'est quelque chose de corroboré aussi par les mêmes sources, qui placent son origine au premier siècle.

Josèphe relie Jésus à son « frère » Jacques, qui est mort en l'an 62 (Antiquités 20, 9, 1).

Pline est un peu perdu sur la façon de traiter avec ce mouvement religieux, qui est si nouveau que la façon de traiter avec ses membres est encore en cours d’élaboration (Lettres 96).

Suétone dit expressément que les chrétiens étaient un nouveau mouvement (Vies des douze Césars: Néro 16).

Et Tacite dit que Jésus a été « exécuté sous le règne de Tibère par le procurateur Ponce Pilate » (Annales 15, 44).

Tous ces éléments pointent vers le premier siècle comme date de l'origine du mouvement.

Les chrétiens sont d'accord

Les sources chrétiennes anciennes sont d'accord avec tout cela. Ils reconnaissent que le christianisme a commencé au premier siècle.

Ceci est important, car il n’était pas dans l'intérêt des premiers chrétiens d’affirmer cela.
La nouveauté n'est pas généralement une caractéristique souhaitable pour la promotion d'une religion.
Il est beaucoup plus facile de promouvoir une religion si vous pouvez affirmer son antiquité.

C'est pourquoi même les religions qui ont une origine incontestablement récente, y compris la scientologie, le mormonisme et le mouvement du nouvel âge, se relient invariablement à une certaine forme de soi-disante sagesse antique.

Et les premiers chrétiens ont aussi fait cela, en soulignant les origines de leur mouvement dans le judaïsme.

Ils ont souligné cela  de façon à compenser le fait que leur mouvement avait son origine particulière quelques années plus tôt.

Nous pouvons donc prendre leur témoignage d'une origine récente comme crédible, car si le mouvement chrétien avait été plus âgé, ils auraient affirmé qu'il était plus âgé.

Pour réduire l’écart

Nous pouvons encore réduire davantage l'éventail des origines chrétiennes.

Pline indique que certaines des personnes qu’il avait interrogées avaient été chrétiennes jusqu'à vingt ans auparavant. En comptant à rebours à partir de date à laquelle il a écrit, cela suggère qu’il y avait des chrétiens en Bithynie dès l’an 90.

Tacite et Suétone parlent tous les deux de chrétiens qui étaient à Rome pendant le règne de Néron (de 54 à 68) et Suétone fait possiblement allusion à ceux-ci étant présent pendant le règne de Claude (de 41 à 54, voir Vies des douze Césars: Claudius 25).

Lorsque nous nous tournons vers les sources chrétiennes, nous trouvons Luc indiquant que Jean-Baptiste a commencé son ministère la quinzième année de Tibère César (Luc 3, 1), qui est le plus généralement considéré comme une référence à l’an 28.

Ceci est important, car les quatre évangiles indiquent que le mouvement chrétien a commencé après que le ministère de Jean-Baptiste a commencé.

Un mouvement qui se propage rapidement

Ces sources nous permettent ainsi de dresser le portrait d'un mouvement qui se propage rapidement.
Il a apparemment commencé dans la province romaine de Judée en l'an 28, ou peu de temps après.
Il s'est répandu jusqu'à Rome au plus tard entre 54 et 68 (et peut-être plus tôt).

Et il s'est propagé jusqu’à la Bithynie au plus tard en l’an 90.

Ce portrait est dérivé de seulement quelques sources. Si nous permettions à d'autres sources du premier et du deuxième siècle de parler, il serait facile de démontrer que le mouvement était aussi dans d'autres endroits, y compris en Antioche Syrienne, à Éphèse, à Corinthe, à Thessalonique, à Philippes et en de nombreux autres endroits.

Ce que nous voyons est donc un mouvement qui est passé d’un état de non-existence, à celui d’un mouvement considérablement répandu dans le monde romain, en quelques décennies.

Cela nous dit quelque chose d'important sur le mouvement des premiers chrétiens…

Il était organisé

Les mouvements ne se propagent pas de cette façon, sauf s’ils sont organisés.

Ce fut notamment le cas dans le monde antique, où les voyages étaient lents, difficiles, dangereux et souvent coûteux.

La propagation du christianisme n'était pas un accident. Il a été le résultat d'une stratégie délibérée d’évangélisation, qui requiert une organisation importante.

Cela nous dit aussi quelque chose d'autre. . .

Il avait des dirigeants

Une organisation requiert des dirigeants. Il doit y avoir des gens pour organiser les voyages et voir à ce que son message se propage.

Le livre de Romains exprime ce besoin d'un point de vue chrétien comme suit:
Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n'a pas encore cru?
Et comment croira-t-on en celui dont on n'a pas entendu parler?
Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur?
Et comment seront-ils prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés? (Romains 10, 13-15).
Développer une organisation

Les premiers écrits chrétiens nous révèlent certaines choses sur la façon dont le mouvement chrétien a été organisé et comment son organisation a été développée au cours du premier siècle de son existence.

Nous le voyons être rapidement organisé en groupes locaux appelés églises.

Ceux-ci ont des dirigeants locaux, y compris les évêques, les prêtres et les diacres.

Cependant, les églises elles-mêmes ont tendance à être fondées, surtout dans les premiers temps, par des personnes connues comme étant des apôtres et des évangélistes.

Les sources que nous avons (y compris les documents du Nouveau Testament, les écrits des premiers Pères de l'Église et même les écrits fallacieux comme les évangiles gnostiques) indiquent que les premiers efforts d’évangélisation ont été effectués par les dirigeants qui ont été appelés « apôtres ».
Le terme grec pour apôtre (apostolos), exprime l'idée de quelqu'un qui a été envoyé, ce qui soulève une question…

Qui les a envoyés ?

Les mouvements ont tendance à avoir des fondateurs et en particulier les mouvements très organisés.
Chaque fois que vous avez un mouvement important et bien organisé, il y a souvent une seule figure, à son commencement, qui a joué un rôle clé dans sa mise en place, le développement de sa vision et pour déterminer les dirigeants qui vont le faire progresser.

Même dans les mouvements qui se forment quand un certain nombre de mouvements à vocation similaire se réunissent et se fusionnent, il y a généralement une seule figure qui prend le rôle de chef de file.

Donc, quand on voit le christianisme comme étant une organisation diversifiée géographiquement et qui s’est répandu très vite et qu’il y avait des dirigeants connus sous le nom d’apôtres (« les envoyés ») qui fondaient des congrégations locales, il est naturel de regarder ce mouvement et se demander si, lui aussi, avait un tel chef fondateur.

Selon les premiers chrétiens, il y en a un, et c'est ici que nous rencontrons la figure de Jésus.

Jésus de Nazareth

Les premiers écrits que nous avons s'accordent à dire que Jésus de Nazareth a fondé le mouvement chrétien, qu’il a recruté et formé ses premiers dirigeants et puis les a envoyé comme étant ses apôtres.

C'est tout simplement ce que vous attendriez d'une organisation qui apparaît et qui croisse soudainement comme le mouvement chrétien, et il n'y a aucune bonne raison de rejeter ses écrits sur ses origines sur ce point.

L'apparition soudaine et la croissance rapide du christianisme pointent vers un niveau d'organisation et de motivation, qui s’explique plus naturellement par un mouvement ayant un fondateur unique, récent et charismatique.

Un fait pas unique au christianisme

Ce raisonnement ne s'applique pas seulement au christianisme. Il s'applique également à d'autres mouvements qui apparaissent soudainement et qui se développent rapidement.
Par exemple, il s'applique aussi à l'Islam.

Islam n'existait pas avant le début des années 600 et dans les 150 premières années de son existence, il s’est propagé de façon spectaculaire, en allant à travers l'Afrique du Nord, au Moyen-Orient, jusqu’en Inde (avec un point d'appui européen au Portugal et en Espagne).

Ce genre d'expansion nécessite une organisation.

Dans le cas de l'Islam, l'organisation était politique et militaire, mais il pointe encore vers l'existence d'un fondateur unique, récent et charismatique, Mahomet, qui a créé le mouvement, qui lui a donné une vision et qui lui a donné son organisation d’origine et sa motivation.

La réalité de Jésus

On pourrait s'attendre à ce qu’un mouvement, qui a commencé et qui s'est propagée rapidement en quelques décennies seulement, d'avoir un fondateur, et, en absente de preuves très convaincantes du contraire, il n'a pas de raison de rejeter les affirmations du mouvement lui-même quand il s’agit de savoir qui est son fondateur.

Seulement avec les sources non chrétiennes, nous aurions pu savoir que le christianisme a probablement eu un fondateur, qui a vécu un certain temps dans la première moitié du premier siècle.

Quand nous retrouvons des sources chrétiennes en accord avec cela, et qui affirment que le fondateur est identifié en tant que Jésus de Nazareth, nous avons des raisons d’endosser cette affirmation et de conclure: Jésus de Nazareth a existé.

Cet article est une traduction personnelle de l’article «Did Jesus Exist? An Alternate Approach» de Jimmy Akin. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

Commentaires

  1. Je vous rappelle qui si, en tant que chrétien, vous êtes tenu de croire vrai le contenu du Nouveau Testament, vous n'êtes pas obligé de violer le commandement vous interdisant le faux témoignage en faisant passer pour vrais ces prétendus "témoignages profanes" dont la fausseté a été démontrée maintes fois.

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    1. Oui bien sûr que je crois au Nouveau Testament. Cet article est une façon de démontrer l'existence de Jésus à ceux qui seraient méfiant envers le Nouveau Testament.

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  2. Mais vos prétendus témoignages profanes sont des faux d'origine chrétienne. La première authentique mention du christianisme par un païen est de Lucien de Samosate dans "La mort de Pérégrinus" écrit entre 165 et 180.

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    1. Bonjour
      Toutes les références présentées dans cet article sont de véritables documents écrits. Il n’y a que celui de Josèphe qui peut être considéré disputé, car il y a trois recensions, mais même à cela, les 3 mentionnent Jésus d’une façon ou d’une autre.

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