Thomas pensait-il que Jésus était Dieu?

Dimanche dernier, nous avons entendu le récit évangélique de « Thomas l'incrédule » qui, en voyant le Christ ressuscité, est passé de sceptique à croyant et qui s’est exclamé à Jésus: « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20, 28). En effet, c'est l'une des preuves les plus puissantes et des plus directes pour la doctrine de la divinité du Christ : la croyance que Jésus est pleinement Dieu et pleinement homme.

Mais pour les groupes qui nient la divinité du Christ, comme les Témoins de Jéhovah ou Iglesia ni Cristo (Église du Christ), ce passage n'est pas suffisant pour les convaincre. Même si la plupart de ces groupes ne vont pas aussi loin que de dire que Thomas s’est trompé quand il a appelé Jésus Dieu (comme un pasteur d’Iglesia in Cristo a fait une fois lors d’un débat avec Karl Keating), ils offrent d'autres explications pour ce passage.


Thomas a simplement dit « Oh mon Dieu ! »

Certains critiques disent que Thomas a été tellement envahi de joie qu'il ne savait plus ce qu'il disait. Les mots de Thomas seraient alors à prendre comme si quelqu'un s’écriait: « Oh mon Dieu ! » après avoir vu un être cher éviter de justesse d'être frappé par une voiture. Mis à part le fait que dans le judaïsme du premier siècle il était un péché grave de prononcer le nom du Seigneur en vain, cette explication n’est pas plausible pour deux autres raisons.

Tout d'abord, à d'autres endroits, les Écritures nous le mentionnent explicitement lorsque les apôtres disent quelque chose qu'ils ne veulent pas. Après la transfiguration de Jésus, Pierre dit impulsivement qu'il va construire des tentes pour Jésus, Moïse et Élie. En réponse à cette réaction, Luc note que Pierre « ne savait pas ce qu'il disait » (Luc 9, 33), tandis que Marc dit de Pierre : « Il ne savait en effet quoi dire, l'effroi les ayant saisis » (Marc 9, 6). Deuxièmement, Thomas n'a pas seulement laissé échapper un « Oh mon Dieu » de la même manière qu’un adolescent pourrait texter « OMG » (acronyme de Oh mon Dieu en anglais) à un ami. Le texte grec de Jean 20, 28 indique plus littéralement, « Le Dieu de moi et le Seigneur de moi ! » (ho kurios mou kai ho theos mou).

Enfin, les Témoins de Jéhovah ne peuvent pas dire Thomas ne parlait à Jésus, parce que dans leur traduction officielle du Monde Nouveau, Jean 20, 28 dit: « En réponse Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » ».
Thomas n'a pas simplement dit: « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Il l’a dit à Jésus.

Mauvaise interprétation du grec

D'autres critiques prétendent que les propos utilisés par Thomas n'étaient pas adressés à Jésus, mais qu’ils étaient plutôt une prière ou une exclamation à Dieu le Père. Ils disent que nous pouvons le savoir parce que Jean ne décrit pas Thomas en utilisant le cas grammatical particulier en grec pour une interpellation directe, qui est le vocatif.  En anglais (et en français) ce cas est implicite dans le contexte d'une phrase, mais en grec, on l’identifie à partir de l'orthographe. Ce cas est ce qui fait d'une simple mention d'un nom comme « Frédéric », quelque chose de différent de parler à quelqu'un, ou de dire « Frédéric ! »

Ces critiques affirment que si Jean voulait que nous pensions que Thomas avait fait une interpellation directe à Jésus, il aurait alors utilisé le vocatif. Puisque Thomas utilise le « cas nominatif » plus standard, il doit simplement avoir été reconnaissant envers Dieu le Père en le louant pour le retour du Seigneur. Il ne s'adressait donc pas à Jésus avec les titres « Seigneur » et « Dieu ».

Même si nous mettons de côté le fait que Thomas parlait probablement l'araméen et non le grec, cet argument n’est toujours pas convainquant, car il est fréquent dans la grammaire grecque du Nouveau Testament de s'adresser à quelqu'un en utilisant le cas nominatif. En fait, dans tout le Nouveau Testament, il n’y a qu’un seul verset (Matthieu 27, 46) où quelqu’un s’adresse à Dieu à l'aide du vocatif (voir Daniel Wallace, Greek Gammar Beyond the Basic, 58). Partout ailleurs dans le Nouveau Testament, Dieu est adressé en utilisant le même cas nominatif qui se trouve dans Jean 20, 28.

Par exemple, dans Apocalypse 4, 11, les vingt-quatre vieillards disent à Dieu le Père : « kurios ho ho theos kai hemon » ou « notre Seigneur et notre Dieu ». Notez que les mots grecs pour « Seigneur » et « Dieu » (kurios et theos) sont les mêmes mots que l’on retrouve dans Jean 20, 28, mais personne n’oserait dire que les anciens ne s’adressaient pas au Père dans ce passage. Cela démontre que l'utilisation du cas nominatif ne prouve pas qu’une phrase ne soit pas une interpellation directe d’une autre personne.

Jésus a un Dieu !

Enfin, certains critiques affirment que Jésus a admis qu'il n'était pas Dieu quelques versets plus hauts et que Thomas ne pouvait donc pas alors avoir, même en principe, la pensée que Jésus était Dieu. Ils soulignent que, lorsque Jésus a rencontré Marie-Madeleine après sa résurrection, il lui dit: « Ne me touche pas, car je n'ai pas encore monté vers le Père; mais va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 17).

Comment Jésus peut-il être Dieu s'il a un Dieu ? La principale hypothèse sous-jacente aux objections comme celle-ci est que Dieu ne peut être qu’une seule personne. Selon cette critique, Jésus ne peut pas être Dieu parce que Jésus appelle une autre personne Dieu. Par conséquent, il doit être cette personne, ou le Père, qui est Dieu. Mais si Dieu est plus d'une personne, le Fils peut à la fois reconnaître son Père comme étant Dieu, tout en étant lui-même Dieu.

Rappelez-vous Jésus n'a pas seulement une nature divine, il avait aussi une nature pleinement humaine. Une part de notre humanité est de pouvoir connaître Dieu et l'adorer. Dans sa nature humaine, Jésus rendit grâces et louangea son Père, son Dieu. En fait, vous remarquerez que dans son échange avec Marie-Madeleine, Jésus fait une distinction entre « mon Père » et « votre Père » et « mon Dieu » et « votre Dieu ». Jésus n'a pas dit « notre Dieu » ou « notre Père ».

Cela implique que Marie-Madeleine et les autres apôtres ont Dieu comme Père dans un sens différent que Jésus a Dieu comme Père. Plus précisément, ils (et nous) ont Dieu comme un père adoptif (Romains 8, 15), tandis que Jésus est le Fils unique de Dieu qui partage la même nature divine (Jean 1, 18).

Jésus a laissé Thomas dire ce qu’il a dit

Donc, nous avons de bonnes raisons de penser que l’appellation de Thomas n'était pas qu’une expression émotive ou une prière à Dieu le Père. Thomas voulait reconnaître Jésus comme son Seigneur et son Dieu. Ce qui fait de ce passage une preuve convaincante de la divinité du Christ est que Jésus ne corrige pas Thomas.
Dans le Nouveau Testament, chaque fois qu'un être humain est pris pour être Dieu, la personne vénérée corrige ceux qui l’adorent. Quand les Grecs à Lystre prirent Paul et Barnabé pour les dieux Zeus et Hermès, les deux hommes ont déchiré leurs vêtements. Ils ont rappelé à la foule qu'ils étaient aussi des êtres humains et ils les supplièrent d'adorer le vrai Dieu qui a fait le ciel et la terre (Actes 14, 14-15).

Dans Apocalypse 19, 10, l'apôtre Jean tombe à ses pieds pour adorer un ange, mais l'ange lui dit vivement : « Ne fais pas ça ! » Dans le livre des Actes, le roi Agrippa a accepté des foules l’éloge qu'il était Dieu et à cause de son échec pour rediriger ces louanges à Dieu, il « est devenu pâture des vers et il mourra » (Actes 12, 23).

Pourtant, en dépit de tout cela, Jésus n'a pas corrigé Thomas.

Cela devrait nous mener à la conclusion que, quand est venue la déclaration de Thomas à Jésus en l'appelant : « Mon Seigneur et mon Dieu », il n'y avait rien qui devait être corrigé. Si c'est le cas, alors nous devrions imiter Thomas et ne pas avoir peur de nous adresser à Jésus de la même façon.

Cet article est une traduction personnelle de l’article « Did Thomas Think Jesus Was God? » de Trent Horn. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

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