Ce dimanche: La grande prière de Jésus : « Père, glorifie ton Fils » (Jn 17, 1-11)

1Ayant ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit: "Père, l'heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie, 2Puisque vous lui avez donné autorité sur toute chair, afin qu'à tous ceux que vous lui avez donnés, il donne la vie éternelle. 3Or, la vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. 4Je vous ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que vous m'avez donnée à faire. 5Et maintenant à vous, Père, glorifiez-moi auprès de vous, de la gloire que j'avais auprès de vous, avant que le monde fût. 
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur venait de dire à ses disciples: «Vous aurez des tribulations dans le monde». A cet avertissement il fait succéder la prière, pour nous apprendre à tout quitter pour recourir à Dieu seul au milieu de nos tribulations: «Ayant dit ces choses, Jésus leva les yeux au ciel», etc.
Bède le Vénérable
Il faut entendre ici les choses qu'il leur dit pendant la cène, les unes lorsqu'il était encore à table, jusqu'à ces paroles: «Levez-vous, sortons d'ici»; les autres lorsqu'il fut sorti, jusqu'à la fin de la prière, dont voici le commencement: «Jésus leva les yeux au ciel, et dit: Mon Père», etc.
Saint Jean Chrysostome
Il lève les yeux au ciel pour nous apprendre jusqu'où nos prières doivent monter, et que nous devons les faire en levant au ciel, non-seulement les yeux au corps, mais ceux de l'esprit.
Saint Augustin
Notre-Seigneur aurait pu en tant qu'homme, s'il l'avait fallu, prier sans proférer aucune parole; mais en se montrant l'humble suppliant de son Père, il a voulu nous apprendre qu'il n'a pas oublié qu'il était notre maître. Aussi ses disciples trouvent-ils un sujet d'édification, non-seulement dans ses enseignements, mais dans la prière qu'il adresse pour eux à son Père. Et ce fruit précieux est à la fois pour ceux qui entendirent cette prière, et pour nous qui devons un jour la lire dans le saint Évangile. Il commence sa prière en ces termes: «Mon Père, l'heure est venue», et il nous montre ainsi que loin d'être nécessairement soumis au temps, il était le suprême ordonnateur du temps où devaient s'accomplir les actions dont il était l'auteur immédiat ou qui ne se faisaient que par sa permission. N'allons pas croire que cette heure soit venue comme amenée par le destin, c'est Dieu lui-même qui l'avait fixée dans ses décrets, car loin de nous la pensée que les astres aient pu contraindre à mourir le Créateur des astres.
Saint Hilaire
Il ne dit pas: Le jour ou le temps est venu, mais: «L'heure est venue». L'heure est une partie du jour, et quelle est cette heure? celle où il devait être couvert de crachats, flagellé, crucifié, mais celle aussi où le Père devait glorifier le Fils. La mort vint interrompre le cours de ses oeuvres, et tous les cléments du monde ressentirent l'effet de cette mort, la terre trembla sous le poids du Seigneur suspendu à la croix, et elle attesta qu'elle ne pouvait contenir dans son sein celui qui allait mourir. Le centurion s'écrie bien haut: «Il était vraiment le Fils de Dieu». La prédiction se trouve ainsi justifiée. Le Sauveur avait dit: «Glorifiez votre Fils», et il affirme ainsi qu'il était vraiment son Fils, non-seulement de nom, mais en réalité, en ajoutant le pronom: «Vôtre», car nous sommes aussi en grand nombre les Fils de Dieu, mais nous ne le sommes pas de la même manière que lui. Il est proprement le Fils de Dieu par origine et non par adoption, en vérité, et non-seulement par dénomination, par sa naissance, et non par création. Aussi après qu'il eut été glorifié, la vérité fut solennellement proclamée, le centurion confessa qu'il était le vrai Fils de Dieu, de manière à ce que personne, parmi les fidèles, ne pût hésiter à reconnaître ce que les bourreaux eux-mêmes n'avaient pu nier.
Saint Augustin
Mais si sa passion a été pour lui un principe de gloire, combien plus sa résurrection? Ce qui éclate, en effet, dans sa passion, c'est son humilité bien plutôt que sa gloire. Il faut donc entendre ces paroles: «Mon Père, l'heure est venue, glorifiez votre Fils»; dans ce sens: L'heure est venue de répandre la semence de l'humilité, ne différez pas les fruits de gloire qu'elle doit produire.
Saint Hilaire
Mais peut-être regardera-t-on commeune marque de faiblesse dans le Fils qu'il ait besoin d'être glorifié par un plus puissant que lui. Et qui, en effet, se refuserait à reconnaître dans le Père une puissance plus grande, sur le témoignage du Sauveur lui-même, qui déclare que son Père est plus grand que lui? Prenons donc garde qu'un sentiment d'irréflexion nous fasse voir dans la gloire du Père un affaiblissement de la gloire du Fils, car Noire-Seigneur ajoute aussitôt: «Afin que votre Fils vous glorifie». Il n'y a donc ici aucun signe de faiblesse dans le Fils, puisqu'il doit rendre lui-même la gloire qu'il demande; donc cette prière qu'il fait pour que son Père lui donne une gloire qu'il doit lui rendre à son tour, est une preuve qu'ils ont tous deux une même puissance et une même divinité.
Saint Augustin
Mais on peut demander avec raison comment le Fils a glorifié le Père, puisque la gloire éternelle du Père n'a pu subir d'amoindrissement qui serait la suite de son union avec la nature humaine, ni d'accroissement dans sa perfection toute divine. Sans doute la gloire du Père n'a pu éprouver on elle-même aucune altération, aucun accroissement, mais elle était comme amoindrie aux yeux des hommes, lorsque Dieu n'était connu que dans la Judée. C'est donc lorsque l'Évangile de Jésus-Christ eut fait connaître le Père aux nation s, que le Fils a véritablement glorifié le Père. Il lui dit donc: «Glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie», c'est-à-dire: Ressuscitez-moi, afin que je vous fasse connaître à tout l'univers. Il explique ensuite plus clairement encore comment le Fils glorifie le Père, en ajoutant: «Puisque vous lui avez donné puissance sur toute chair, afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés». Cette expression, «toute chair», signifie tous les hommes, c'est-à-dire, que la partie est prise pour le tout. Cette puissance sur toute chair a été donnée par le Père à Jésus-Christ en tant qu'homme.
Saint Hilaire
Car il s'est incarné pour rendre la vie éternelle à tout ce qui était faible, esclave de la chair et de la mort.
Saint Hilaire
Ou bien, Dieu a donné ce pouvoir au Fils par sa naissance où il lui a communiqué sa divine essence. Il ne faut point regarder cette communication dans le Père comme un signe de faiblesse, puisqu'il conserve le pouvoir qu'il donne, et que le Fils ne laisse pas d'être Dieu lui-même, tout en recevant le pouvoir de donner la vie éternelle.
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur dit: «Vous lui avez donné la puissance sur toute chair», pour montrer que sa prédication devait s'étendre, non-seulement aux Juifs, mais à tout l'univers. Mais comment entendre ces paroles: «Sur toute chair», car tous les hommes n'ont pas embrassé la foi? c'est-à-dire, que le Fils de Dieu a fait tout ce qui dépendait de lui pour déterminer les hommes à croire; si un grand nombre n'ont point écoute sa parole, la faute n'en est pas à celui qui leur parlait, mais à ceux qui ont refusé de recevoir sa parole.
Saint Augustin
Il leur dit donc: «Puisque vous lui avez donné puissance sur toute chair; que votre Fils vous glorifie», C'est-à-dire, qu'il vous fasse connaître à toute chair que vous lui avez donnée, car vous ne la lui avez donnée, que pour qu'il lui donne lui-même la vie éternelle.
Saint Hilaire
Mais en quoi consiste la vie éternelle? le Sauveur va nous l'apprendre: «Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous le seul Dieu véritable, et celui que vous avez envoyé Jésus-Christ». La vie, c'est de connaître le vrai Dieu, mais cela seul ne suffit pas. Quelle est la connaissance essentiellement liée à celle-là? «Et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ».
Saint Hilaire
Les Ariens prétendent que le Père seul est le seul vrai Dieu, le seul juste, le seul sage, et ils excluent le Fils de toute communion à ces divines perfections. Les choses qui sont propres à un seul, disent-ils, ne peuvent être communiquées à un autre, si donc ces attributs se trouvent dans le Père seul, la conséquence est que le Fils n'est point véritablement Dieu, et que c'est à tort qu'on lui en donne le nom.
Saint Hilaire
Chacun sait, à n'en pouvoir douter, que la vérité d'une chose se révèle par sa nature et par sa vertu, ainsi le véritable froment est celui qui réduit en farine, cuit sous la forme de pain, et pris en nourriture présente la nature au pain et en produit les effets; je demande donc ce qui manque au Fils pour qu'il soit vrai Dieu, puisqu'il a tout à la fois la nature et la vertu de Dieu? Il a donné des preuves de la puissance de sa nature, lorsqu'il a créé les choses qui n'existaient pas et les a appelées à l'existence suivant sa volonté.
Saint Hilaire
Dira-t-on que par ces paroles: «Vous qui êtes le seul vrai Dieu», le Sauveur se met en dehors de toute communion, de toute identité avec la nature divine? Oui, san s doute, ou pourrait dire qu'il se met en dehors, si après ces paroles: «Vous qui êtes le seul vrai Dieu», il n'ajoutait: «Et celui que vous avez envoyé Jésus-Christ».En effet, la foi de l'Eglise a confessé que Jésus-Christ était vrai Dieu, par la même raison qu'elle reconnaissait que le Père était le seul vrai Dieu, car la naissance divine du Fils unique ne lui a rien fait perdre de la nature divine.
Saint Augustin
Voyons doue si ces paroles du Sauveur: «Afin qu'ils vous connaissent, vous qui êtes le seul vrai Dieu», signifient que le Père seul est le vrai Dieu, et si au contraire nous nedevons pas en conclure que les trois personnes, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit soient Dieu. Mais c'est en vertu du témoignage du Sauveur lui-même, que nous disons que le Père est le seul vrai Dieu, que le Fils est le seul vrai Dieu, que l'Esprit saint est le seul vrai Dieu, et que le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, c'est-à-dire, toute la Trinité ne font pas trois Dieux, mais un seul vrai Dieu.
Saint Augustin
On peut encore disposer la phrase, de cette manière: Afin qu'ils reconnaissent pour le seul vrai Dieu vous et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ; et dans cette proposition se trouve compris l'Esprit saint, parce qu'il est l'Esprit du Père et du Fils, et l'amour consubstantiel de ces deux personnes divines. Le Fils vous glorifie donc en vous faisant connaître à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, si la connaissance de Dieu est la vie éternelle, plus nous avançons dans la connaissance de Dieu, plus aussi nous avançons vers la vie éternelle. La mort n'a plus d'accès dans la vie éternelle, et la connaissance de Dieu sera parfaite, lorsque l'empire de la mort sera complètement détruit. Alors Dieu sera souverainement glorifié, parce que sa gloire sera à son comble. Les anciens ont défini la gloire, la renommée d'un homme, accompagnée d'estime et de louange. Or, si la gloire, d'un homme peut résulter de sa renommée seule, quelle sera donc la gloire de Dieu, lorsqu'il sera vu tel qu'il est? C'est pour cela que le Psalmiste a écrit: «Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, ils vous loueront dans les siècles des siècles». La gloire et la louange de Dieu, et par conséquent sa glorification, n'auront plus de fin, parce que la connaissance de Dieu sera pleine et parfaite.
Saint Augustin
C'est alors que nous contemplerons dans la vie éternelle la vérité de ce que Dieu disait à Moïse: «Je suis celui qui suis» ( Ex 3).
Saint Augustin
Lorsque notre foi deviendra la vérité au sein de la vie elle-même, alors notre mortalité fera place à l'éternité.
Saint Augustin
Mais dès cette vie Dieu est glorifié, lorsque la prédication le fait connaître aux hommes par la foi, et c'est pour cela que le Sauveur dit: «Je vous ai glorifié sur la terre».
Saint Hilaire
Cette glorification n'ajoute rien à la perfection de la divinité, mais elle est un certain honneur qui résulte de la connaissance de ceux qui l'ignoraient auparavant.
Saint Jean Chrysostome
C'est avec raison qu'il dit: «Je vous ai glorifié sur la terre», car il avait été glorifié dans les cieux en recevant la gloire qui est propre à sa nature, et les adorations des anges; il ne parle donc pas ici de la gloire essentielle à la nature du Père, mais de la gloire qui résulte des hommages que lui rendent les hommes. C'est pour cela qu'il ajoute: «J'ai consommé l'oeuvre que vous m'avez donnée à faire».
Saint Augustin
Il ne dit pas: L'oeuvre que vous m'avez commandée, mais: «Que vous m'avez donnée», paroles qui sont un éclatant témoignage en faveur du la grâce; car que possède la nature humaine, même dans le Fils unique, qu'elle n'ait reçu? Mais comment a-t-il consommé l'oeuvre que Dieu lui a donnée à faire, puisqu'il lui restait encore la douloureuse épreuve de sa passion? Il regarde donc comme consommé ce dont il sait avec certitude que la consommation est proche.
Saint Jean Chrysostome
Ou bien encore il dit: «J'ai consommé l'oeuvre que vous m'avez donnée», c'est-à-dire, j'ai fait de mon côté tout ce qui me concernait; on peut dire aussi que tout est consommé, quand la plus grande partie est faite, car la racine de tous les biens avait été plantée et les fruits ne devaient pas tarder à suivre, et il était d'ailleurs essentiellement uni à tout ce qui devait arriver dans la suite.
Saint Hilaire
Il ajoute ensuite pour nous faire comprendre le mérite de l'obéissance et tout le mystère de sa divine incarnation: «Et maintenant, mon Père, glorifiez-moi en vous-même».
Saint Augustin
Il avait dit précédemment: «Mon Père, l'heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie», c'est-à-dire, que d'après l'ordre indiqué par cesparoles, le Père devait glorifier le Fils, afin que le Fils pût glorifier ensuite le Père. Ici au contraire il dit: «Je vous ai glorifie, et maintenant glorifiez-moi», c'est-à-dire, qu'il semble demander d'être glorifié comme récompense de ce qu'il a le premier glorifié son Père. Pour expliquer cette différence, il faut admettre que dans la première proposition, Notre-Seigneur s'est servi du Verbe qui exprimait le temps dans lequel les choses devaient avoir lieu, et que dans la seconde proposition, il s'est servi du passé pour expri mer une chose future, comme s'il avait dit: Je vous glorifierai sur la terre, en consommant l'oeuvre que vous m'avez donnée à faire, et maintenant glorifiez-moi vous-même, mon Père. Ces deux propositions ont donc le même sens et ne diffèrent que parce que la seconde renferme le mode de glorification que le Fils demande à son Père: «Glorifiez-moi en vous-même de la gloire que j'ai eue en vous avant que le monde fût». L'ordre naturel de cette phrase est celui-ci: Que j'ai eue en vous avant que le monde existât. Il en est qui ont prétendu que ces paroles signifiaient que la nature humaine dont le Verbe s'est revêtu dans l'incarnation, devait être transformée dans la nature du Verbe, et que l'homme devait être changé on Dieu. Bien plus, si nous examinons de plus près leur sentiment, ils vont jusqu'à dire que l'homme est anéanti en Dieu, car personne n'oserait dire que ce changement double en aucune façon, ou augmente le Verbe de Dieu. Nous disons, nous, que celui qui nie que le Fils de Dieu ait été prédestiné, nie par-là même qu'il soit le Fils de l'homme, Jésus donc voyant arriver le temps de la glorification à laquelle il était prédestiné, demande que cette prédestination reçoive son accomplissement: «Et maintenant glorifiez-moi», etc. C'est-à-dire, il est temps que je jouisse en vous en vivant à votre droite, de cette gloire que j'ai eue en vous en vertu de votre prédestination éternelle.
Saint Hilaire
Ou bien il demandait que la nature qui en lui appartenait au temps, reçût la gloire qui est au-dessus du temps, et que la chair soumise à la corruption fût transformée dans la vertu de Dieu et l'incorruptibilité de l'esprit.
6J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés: et ils ont gardé votre parole. 7Ils savent à présent que tout ce que vous m'avez donné vient de vous; 8Car les paroles que vous m'avez données, je les leur ai données. Et ils les ont reçues, et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de vous, et ils ont cru que c'est vous qui m'avez envoyé. 
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur explique ensuite à ses disciples quelle est cette oeuvre qu'il a consommée, c'est-à-dire, la manifestation du nom de Dieu: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés».
Saint Augustin
S'il veut seulement parler ici des disciples avec lesquels il vient de célébrer la cène, il ne peut être question de cette glorification dont il a parlé précédemment, et par laquelle le Fils glorifie le Père. Quelle gloire, en effet, pour Dieu, d'avoir pu être connu de onze ou de douze mortels? Si au contraire ces paroles: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du monde», comprennent dans la pensée du Sauveur, tous ceux qui devaient croire en lui; c'est vraiment alors cette glorification par laquelle le Fils donne la gloire au Père. Cette proposition: «J'ai manifesté votre nom», doit donc s'entendre comme cette autre: «Je vous ai glorifié», c'est-à-dire, que le passé est mis ici pour le futur. Cependant la suite nous autorise à regarder comme plus probable que le Sauveur parlait ici de ceux qui étaient déjà ses disciples, et non de tous ceux qui devaient croire en lui. Dès le commencement de sa prière, le Sauveur veut nous faire comprendre sous le nom de siens, tous ceux à qui il a fait connaîtra le nom de son Père qu'il a glorifié en leur donnant cette connaissance; ce qu'il a dit précédemment: «Afin que votre Fils vous glorifie», se trouve expliqué par les paroles qui suivent: «Puisque vous lui avez donné la puissance sur toute chair». Ecoutons maintenant ce qu'il dit de ses disciples: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du monde». Est-ce donc, qu'ils ne connaissaient pas le nom de-Dieu, lorsqu'ils étaient Juifs? Etoùdonc lisons-nous: Dieu est connu dans la Judée, et son nom est grand dans Israël? Voici donc comme il faut entendre ces paroles: «J'ai manifesté votre nom aux hommes que vous m'avez donnés du monde», c'est-à-dire, à ceux qui, m'écoutent en ce moment; non pas ce nom de Dieu que vous donnent communément les hommes, mais le nom de Père, nom qui ne peut être manifesté qu'autant que le Fils est manifesté lui-même. Il n'est, en effet, aucune nation qui, avant même du croire en Jésus-Christ, n'ait eu une connaissance quelconque de Dieu, comme étant le Dieu de toutes lus créatures. Comme créateur du monde, Dieu était donc connu dans toutes les nations, avant même qu'elles eussent embrassé la foi de Jésus-Christ. Il était connu dans la Judée comme le Dieu, dont le culte était exclusif de toutes les fausses divinités. Mais son nom de Père de Jésus-Christ, par lequel il efface les péchés du monde, n'était nullement connu, et c'est ce nom qu'il manifeste à ceux que son Père lui a donnés du monde. Mais comment l'a-t-il manifesté? Si le temps dont il a dit précédemment: «L'heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles n'était pas encore venue, il faut admettre que le Sauveur a employé ici le passé pour le futur.
Saint Jean Chrysostome
On peut dire encore qu'il leur avait déjà fait connaître par ses paroles comme par ses actions, que Dieu le Père avait Jésus-Christ pour Fils.
Saint Augustin
Enleur disant: «Vous me les avez donnés du monde», il leur fait comprendre qu'ils n'étaient pas du monde; toutefois ce n'est pas à leur naissance, mais à la grâce de la régénération qu'ils en étaient redevables. Mais que veulent dire les paroles qui suivent: «Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés ?» Est-ce que le Père a jamais rien possédé que le Fils n'ait possédé lui-même? Non sans doute; cependant le Fils de Dieu a eu en cette qualité ce qu'il n'avait pas encore comme Fils de l'homme, alors qu'il ne s'était pas encore fait homme dans le sein de sa mère. Lors donc qu'il dit: «Ils étaient à vous», le Fils de Dieu ne se sépare point de son Père, mais il a coutume de rapporter toute sa puissance à celui de qui il tire cette puissance avec son origine. Et en ajoutant: «Vous me les avez donnés», il nous montre que c'est comme homme qu'il les a reçus de son Père. Il se les est aussi donnés à lui-même, c'est-à-dire, que Jésus-Christ Dieu a donné avec son Père à Jésus-Christ homme ce qui n'est pas avec le Père, c'est-à-dire, les hommes. En s'exprimant ainsi, il nous fait voir l'étroite union qui existe entre lui et son Père, et que la volonté de son Pure est que les hommes croient au Fils, c'est pour cela qu'il ajoute: «Et ils ont gardé votre parole.
Bède le Vénérable
Cette parole du Père, c'est lui-même, parce que c'est par lui que le Père a créé toutes choses, et qu'il contient en lui-même toutes les paroles, comme s'il disait: Ils m'ont confié à leur souvenir, de manière à ne jamais m'oublier. Ou bien «ils ont gardé ma parole», en ce sens qu'ils ont cru en moi: «Et maintenant ils savent que tout ce que vous m'avez donné vient de vous». Il en est qui prétendent qu'il faut lire: «Maintenant j'ai connu que tout ce que vous m'avez donné vient de vous», mais ce langage n'aurait pas de sens, car comment le Fils pouvait-il ignorer ce qui appartient au Père? Au contraire, on comprend très bien qu'il ait dit de ses disciples: «Ils ont appris qu'il n'y a rien en moi qui vous soit étranger, et que toutes les vérités que j'enseigne viennent de vous».
Saint Augustin
Le Père lui a tout donné lorsqu'il l'a engendré, pour qu'il possédât tout ce qu'il possède lui-même.
Saint Jean Chrysostome
Et comment les disciples l'ont-ils appris? Par mes paroles, qui leur enseignaient que je suis sorti de vous; c'est, en effet, ce à quoi nous le voyons s'appliquer dans tout son Évangile: «Parce que je leur ai donné les paroles que vous m'avez données, et ils les ont reçues».
Saint Augustin
C'est-à-dire, ils les ont comprises et retenues, car on revoit véritablement la parole lorsqu'on la comprend intérieurement: «Et ils ont reconnu véritablement que je suis sorti de vous». Et pour ne pas donner à penser que cette connaissance était déjà le fruit de la claire vision, et non de la foi, il explique quelle est cette connaissance, en ajoutant: «Et ils ont cru (sous-entendez véritablement) que vous m'avez envoyé». Ils ont donc cru véritablement ce qu'ils ont reconnu véritablement. Car ces paroles: «Je suis sorti de vous», ont la même signification que ces autres: «Vous m'avez envoyé». Il ne faut pas entendre ce que le Sauveur dit ici: «Ils ont cru, en vérité», dans le même sens que ce qu'il a dit précédemment à ses disciples: «Vous croyez maintenant, l'heure est venue où vous serez dispersés chacun de votre côté»; mais ils ont cru en vérité, c'est-à-dire comme il faut croire, d'une foi ferme, inébranlable, forte, persévérante, qui devait les empêcher de s'enfuir chacun chez eux, et d'abandonner Jésus-Christ. Les disciples n'étaient donc pas encore tels que le Sauveur les représente, en employant le passé pour le futur, et en prédisant l'admirable changement que le Saint-Esprit devait opérer en eux. Il est facile d'expliquer comment le Père a donné ces paroles à son Fils, si l'on entend qu'il les a reçues du Père comme Fils de l'homme, si l'on entend, au contraire, qu'il a reçu ces paroles du Père comme Fils unique, il faut éloigner toutes idée de temps, et se garder de croire que le Fils de Dieu ait pu exister un seul instant sans que son Père lui ait donné ces paroles; car tout ce que le Père a donné au Fils, il le lui a donné en l'engendrant.
9C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que vous m'avez donnés; parce qu'ils sont à vous. 10Car tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi, et que je suis glorifié en eux. 11Je ne suis plus dans le monde. Pour eux, ils sont dans le monde, et moi, je vais à vous. Père saint, gardez dans votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'ils ne fassent qu'un, comme nous.
Saint Jean Chrysostome
Tant de paroles consolantes, que le Seigneur avait prodiguées à ses disciples, n'avaient pu encore pénétrer leurs coeurs; il s'adresse donc pour eux à son Père, afin de leur montrer la grandeur de son amour. «C'est pour eux que je vous prie», c'est-à-dire je ne me contente pas de leur donner tout ce que j'ai, je me rends encore leur intercesseur près d'un autre, pour leur témoigner un plus grand amour.
Saint Augustin
Ce monde, dont le Sauveur ajoute: «Je ne prie point pour le monde», ce sont ceux qui suivent dans leur vie la concupiscence du monde, et qui ne sont point compris dans les décrets de la grâce pour être choisis par lui du milieu du monde. Ce sont ces discrets auxquels le Sauveur fait allusion par ces paroles: «Mais je prie pour ceux que vous m'avez donnés». Par là même, en effet, que son Père les lui a donnés, ils n'appartiennent plus à ce monde pour lequel il ne prie point. Ne croyons pas, du reste, que parce que le Père les a donnés à son Fils, il ait perdu ceux qu'il a donnés; aussi ajoute-t-il: «Parce qu'ils sont à vous».
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur répète souvent ces paroles: «Vous me les avez donnés», pour bien convaincre ses disciples que telle était bien la volonté de son Père, qu'il n'est point venu comme un étranger pour les tromper, mais qu'il les a revus comme étant à lui. Loin de nous encore la pensée que son pouvoir sur eux est un pouvoir nouveau, et que c'est récemment que son Père les lui a donnés, car il ajoute: «Et tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi». Que personne donc ne croie, parce que mon Père me les a donnés, qu'ils soient devenus étrangers à mon Père, car tout ce qui est à moi est à lui; ni qu'ils m'étaient étrangers à moi-même, parce qu'ils m'ont été donnés, car ce qui est à lui est à moi.
Saint Augustin
Nous voyons assez clairement ici comment tout ce qui est au Père est aussi au Fils unique; c'est parce qu'il est Dieu lui-même, qu'il est né du Père, et qu'il est égal au Père. Ce n'est donc point dans le même sens que le père de l'enfant prodigue disait à l'aîné de ses fils: «Tout ce que j'ai est à vous»; ( Lc 15, 31) car ces paroles doivent s'entendre de tous les biens créés qui sont au-dessous de la créature raisonnable. Les paroles du Sauveur, au contraire, comprennent la créature raisonnable elle-même qui ne peut être soumise qu'à Dieu. Comme elle appartient à Dieu le Père, elle ne pourrait appartenir en même temps au Fils qu'autant qu'il serait égal au Père; car on ne peut sans crime assujettir les saints, dont il parle ici, à un autre qu'à celui qui les a créés, qui les a sanctifiés. Mais lorsqu'on parlant de l'Esprit saint le Sauveur dit aussi: «Tout ce qu'a mon Père est à moi», il entend les perfections qui sont de l'essence même de la divinité du Père, car ce n'est point d'une créature soumise au Père et au Fils que le Saint-Esprit aurait pu recevoir ce que le Sauveur exprime en ces termes: «Il recevra de ce qui est à moi».
Saint Jean Chrysostome
Notre-Seigneur donne la preuve de ce qu'il vient d'avancer: «Et j'ai été glorifié en eux». La preuve, en effet, qu'ils sont sous ma puissance, c'est qu'ils me glorifient en croyant en moi et en vous, car personne ne peut être glorifié en ceux qui ne seraient point soumis à sa puissance.
Saint Augustin
En leur représentant cette glorification comme un fait accompli, il leur fait voir qu'elle entrait dans les desseins de la prédestination divine, et il voulait qu'on regardât comme certain ce qui devait nécessairement arriver. Cependant il nous faut examiner s'il s'agit ici de cette glorification dont le Sauveur a dit plus haut: «Et maintenant, mon Père, glorifiez-moi en vous»; car s'il a été glorifié dans son Père, comment l'a-t-il été dans ses disciples? Est-ce lorsqu'il s'est manifesté aux apôtres, et par eux à tous ceux qui ont cru à leur témoignage? Notre-Seigneur ajoute, en effet: «Et déjà je ne suis plus dans le monde, et eux sont dans le monde».
Saint Jean Chrysostome
C'est-à-dire, alors même que je ne serai plus présent sous une forme sensible, je serai glorifié dans la personne de ceux qui donnent leur vie pour moi, comme pour mon Père, et qui me font connaître par leurs prédications, comme ils font connaître mon Père.
Saint Augustin
Si vous ne considérez que le moment où le Sauveur parlait de la sorte, ses apôtres et lui étaient encore dans le monde. Nous ne pouvons pas entendre ces paroles: «Déjà je ne suis plus dans le monde», du détachement du coeur et du progrès de l'âme dans la vie divine; car, peut-on admettre que Jésus ait jamais eu de l'affection pour les choses du monde? Il ne reste donc plus qu'un sens possible à ces paroles, c'est que Notre-Seigneur affirme qu'il n'est plus présent dans le monde corporellement comme il l'était auparavant. Est-ce que nous ne disons pas tous les jours, d'un homme qui est sur le point de partir, et surtout de celui qui va mourir: Il n'est plus ici? Jésus explique d'ailleurs le sens de ces paroles, en ajoutant: «Et je vais à vous». Il recommande donc à son Père ceux qu'il allait priver de sa présence corporelle: «Père saint, lui dit-il, conservez dans votre nom ceux que vous m'avez donnés»; c'est-à-dire qu'il prie Dieu en tant qu'homme, pour les disciples que Dieu lui a donnés. Mais pesez bien les paroles qui suivent: «Afin qu'ils soient un comme nous». Il ne dit pas: Afin qu'eux et nous, nous soyons un, comme nous sommes un nous-mêmes; mais qu'ils soient un dans leur nature, comme nous sommes un nous-mêmes dans notre nature. En effet, comme en Jésus-Christ Dieu et l'homme ne font qu'une seule et même personne, nous comprenons qu'il est homme, parce qu'il prie, nous comprenons qu'il est Dieu, parce qu'il ne lait qu'un avec celui qu'il prie.
Saint Augustin
Notre-Seigneur, comme chef de l'Eglise, qui est son corps, aurait pu dire: Eux et moi, nous sommes non pas une seule chose, mais un seul être, car la tête et le corps ne font qu'un en Jésus-Christ. Mais on nous montrant sa consubstantialité divine avec son Père, il veut que nous soyons un en Jésus-Christ, non-seulement dans cette nature qui nous est commune, dans laquelle nous voyons des hommes mortels s'élever à une glorieuse égalité avec les anges, mais qu'ils soient un comme nous, par les sentiments d'un amour réciproque, qui les fonde en un seul esprit dans les ardeurs du feu de la charité, et les fasse tendre au même bonheur par les efforts d'une volonté unanime. Voilà ce que signifient ces paroles: «Afin qu'ils soient un comme nous sommes un», c'est-à-dire, de même que le Père et le Fils sont un, non-seulement dans une même et simple nature individuelle, mais dans l'unité d'une même volonté; ainsi ceux qui ont le Fils pour médiateur entre bien et eux, doivent aussi être un, non-seulement par la communauté d'une même nature, mais par l'union d'une même charité.

Commentaires

Formulaire de contact

Nom

Courriel *

Message *