Quels étaient ces « jours » qui étaient attachés à des indulgences ?

Si vous vous renseignez au sujet d’indulgences plus anciennes (comme par exemple celles que l'on trouve sur les images saintes d'avant les années 1960), vous verrez qu’ils contiennent souvent une référence à un certain nombre de « jours » d’indulgence.

Qu'est-ce que ces jours représentent ? Si vous avez une indulgence de 500 jours, qu'est-ce que cela signifie? Est-ce que cela veut dire que vous sortirez du purgatoire 500 jours plus tôt que si vous ne l’aviez pas obtenue ?


Non, mais beaucoup de gens sont confus sur ce point. Ce qui explique pourquoi lorsque les règlements concernant l'octroi des indulgences ont été révisés en 1967, le pape Paul VI a éliminé toutes les indulgences qui faisaient référence à des «jours » et il les a appelées indulgences «partielles» (contrairement à «plénières»). Voir le chapitre 5 et la norme 4 de la Constitution Apostolique Indulgentiarum Doctrina.

Donc, les indulgences n'ont désormais plus un nombre de jours qui leur sont rattachés. Mais quand ils en avaient, à quoi faisaient-ils référence?

L’encyclopédie catholique (Catholic Encyclopedia) du début du 20e siècle (à l’entrée indulgences) l’explique de cette façon:

Une indulgence partielle commute seulement une certaine partie de la peine et cette portion est déterminée conformément à la discipline pénitentielle de l'Église primitive. Dire qu’une indulgence de tant de jours ou d'années est accordée signifie qu'il annule une punition au purgatoire équivalent à celle qui aurait été versée, selon le point de vue de Dieu, par l’exécution de ce nombre de jours ou d'années selon l'ancien canon pénitentiel. Dans ce cas-ci, évidemment, le calcul ne revendique pas un degré d’exactitude absolue, il n'a qu'une valeur relative [ma traduction].

Dans l'Église primitive, la discipline pénitentielle nécessitait souvent une période de temps pendant laquelle une personne devait faire pénitence, avant qu'ils ne puissent être absous et mener une vie sacramentelle et liturgique normale.

La pénalité pour avoir eu un avortement, dans certains lieux ou époques, était de dix ans de pénitence.

Gagner une indulgence « d'un an » annulerait ainsi l'équivalent d'une année de pénitence selon le canon de l'Église primitive d’estimation des pénitences.

Les «jours» attachés aux indulgences sont donc analogues aux jours utilisés dans l'ancien système pénitentiel.

Je savais cela depuis longtemps, mais j'ai toujours voulu une déclaration officielle à ce sujet et non pas seulement une explication donnée par l'expert théologique qui a écrit l'article dans l'encyclopédie catholique.

Alors j'ai pensé : Pourquoi ne pas regarder dans la Raccolta ?

La Raccolta était la collection officielle des indulgences de l'Église avant la révision de 1967. C'est l'équivalent de l'Enchiridion moderne (Manuel) des indulgences.

Alors, j'ai cherché une édition 1903 de la Raccolta en ligne. Il propose une introduction (« Sur les saintes indulgences et les conditions requises pour les gagner »), qui traite de la question.

Il déclare :

Pour les indulgences partielles de jours, de quarantaines ou d’années, le nombre de la peine temporelle qui devait être purgé soit dans cette vie ou dans l'autre, est remis en faveur de celui qui les acquiert, comme ils auraient été versés par l’exécution des pénitences de tant de jours, de quarantaine (pénitences d'une durée de 40 jours), d’années, etc., prescrit dans les anciens canons pénitentiels de l'Église [ma traduction].

Cela confirme ce que dit l'encyclopédie catholique.

L'introduction a été composée par la Congrégation des Indulgences et des Saintes Reliques (voir la section VII), ce qui en ferait une explication officielle et non quelque chose qui aurait été ajouté par un éditeur.

Si c'est le cas, cela me donne l'explication officielle que j’attendais au sujet de ce que ces "jours" signifiaient.

Cet article est une traduction personnelle de l’article « What Were Those “Days” That Used to Be Attached to Indulgences? » de Jimmy Akin. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

Commentaires

  1. ...et si vous regardiez dans la Bible ?

    En ce qui me concerne je n'y trouve rien au sujet des indulgences.

    J'espère que vous serez indulgents avec moi...

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  2. Bonjour,

    Vous avez toute mon indulgence, car je sais que cet enseignement est parfois caricaturé au point où il ne ressemble plus à ce que nous trouvons dans la Parole de Dieu. J’aimerais débuter par dire que l’Église catholique considère comme Révélation la Bible et la sainte Tradition. Bien qu’on ne retrouve pas dans la Bible le mot indulgence ou l’enseignement au sujet des indulgences présenté comme tel, on peut tout de même y repérer les principaux principes de cet enseignement. Un peu comme le cas de l’enseignement de la Trinité, que vous partagez peut-être. Voici les six principes sur lesquels cet enseignement repose :

    1- Le péché entraîne la culpabilité et la pénalité
    2- Les pénalités sont à la fois temporelles et spirituelles
    3- La pénalité temporelle peut demeurer même si le péché a été pardonné
    4- Dieu peut donner sa bénédiction à une personne dans le but d’en aider un autre
    5- Dieu peut remettre les punitions temporelles par l’Église
    6- Dieu peut bénir les chrétiens qui sont morts en récompense pour les chrétiens vivants

    Ces principes peuvent être trouvés dans la Bible. La majorité des gens qui ont de la difficulté avec les indulgences n’ont pas de problème avec les 4 premiers principes, qui sont plus clairement énoncés dans la Bible, ce sont souvent les points 5 et 6 qui sont plus contestés. Est-ce que vous trouvez que ces principes ont du sens ou est-ce qu’il y en a un en particulier qui vous semble étranger à la Bible?

    Que la grâce du Ressuscité soit sur vous,
    Miguel

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  3. Bonjour,

    D'accord avec les points 1 à 4, qui sont bibliques.

    Le point 5 est plus délicat, mais si vous entendez par là une maladie ou une infirmité (physique, morale) guérie par l'entremise de l'Eglise (qui pour moi est l'ensemble des sauvés, quelle que soit leur appartenance dénominationnelle), alors c'est OK.

    Je ne vois pas où dans la Bible on trouve un passage justifiant le point 6.

    Maintenant, ce qui me gêne le plus, c'est de faire payer pour des indulgences (j'ai peut-être une guerre de retard : peut-être n'est-ce plus le cas...).

    Merci pour vos éclaircissements.

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  4. Bonjour,

    Permettez-moi de commencer par votre deuxième remarque. L’Église dispense des indulgences pour des actions qui participent à améliorer la vie spirituelle des fidèles, comme par exemple pour un pèlerinage, prière, lecture de la Bible, etc. Dans le passé, l’Église catholique permettait non pas vendre des indulgences, mais de donner une indulgence pour des dons en argent. Donc, ce n’était pas vraiment que l’argent achetait l’indulgence, mais l’acte de donner en tant qu’acte de charité qui se voyait octroyer une indulgence. Cependant, vous comprenez surement que cette distinction pouvait porter à confusion et que l’avarice humaine pouvait faire dévier cette pratique (qui a été dénoncé, avec raison, par Martin Luther et d’autres personnes de son époque dont certains sont demeurés catholiques et d’autres qui ont passé chez les protestants). C’est pourquoi peu de temps après, en 1567, le pape Pie V a annulé toutes les indulgences qui impliquaient un montant d’argent ou une transaction financière. Cela est selon moi une très bonne décision qui aurait probablement dû même être prise avant.

    Pour la première question :

    Pour le point 6 concernant l’aide des morts par les vivants, il y a aussi des indices de cela dans la Bible. L’endroit le plus évident se retrouve dans 2 Maccabées 12, 40-46 :

    « Ils trouvèrent, sous les tuniques de chacun des morts, des objets consacrés, provenant des idoles de Jamnia et que la loi interdit aux Juifs; il fut donc évident pour tous que cela avait été la cause de leur mort. Tous bénirent donc le Seigneur, juste juge qui rend manifestes les choses cachées. Puis ils se mirent en prières, demandant que le péché commis fût entièrement pardonné; et le valeureux Judas exhorta le peuple à se garder pur de péché, ayant sous les yeux les conséquences du péché de ceux qui étaient tombés. Puis, ayant fait une collecte où il recueillit la somme de deux mille drachmes, il l'envoya à Jérusalem pour être employée à un sacrifice expiatoire. Belle et noble action, inspirée par la pensée de la résurrection! Car, s'il n'avait pas cru que les soldats tués dans la bataille dussent ressusciter, c'eût été chose inutile et vaine de prier pour des morts. Il considérait en outre qu'une très belle récompense est réservée à ceux qui s'endorment dans la piété, et c'est là une pensée sainte et pieuse. Voilà pourquoi il fit ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu'ils fussent délivrés de leurs péchés. »

    Je suis bien conscient que les protestants ne considèrent pas les deux livres des Maccabées (et aussi 5 autres livres et des parties grecs de Daniel et d’Esther) comme étant inspirés. Est-ce que ce sont les catholiques qui ont ajouté ces livres au 16e siècle ou si les protestants les ont retranchés? Je crois que d’un point de vue historique, on doit admettre la deuxième option. Mais il y a tout de même des petits indices, que je l’admets, sont beaucoup moins évident dans le Nouveau Testament.

    Comme par exemple on voit Paul prier pour Onésiphore dans 2 Timothée 1, 16-18. Si on prend en compte aussi le texte de la finale (2 Timothée 4,19-21) de cette lettre, le fait que Paul mentionne la maison (famille) d’Onésiphore sans le mentionner lui-même suggère qu’il est mort. Voici les deux passages en question :

    « Que le Seigneur fasse miséricorde à la maison d'Onésiphore, parce qu'il m'a réconforté souvent et n'a pas eu honte de mes chaînes; au contraire, arrivé dans Rome, il m'a cherché avec empressement et m'a trouvé. Que le Seigneur lui donne de trouver miséricorde auprès du Seigneur en ce jour-là! Et tous les services qu'il m'a rendus à Ephèse, tu les connais fort bien. »
    Et la finale : « Salue Prisca et Aquila, et la maison d'Onésiphore. Eraste est resté à Corinthe. J'ai laissé Trophime malade à Milet. Hâte-toi de venir avant l'hiver. Eubule, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères te saluent. »

    Je m'arrête là pour le moment. Jusqu'à présent, est-ce que cela fait un peu de sens selon vous ?

    Miguel

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  5. Concernant Onésiphore, la phrase "Que le Seigneur lui donne de trouver miséricorde auprès du Seigneur en ce jour-là!" est plus un voeu qu'une prière.

    Concernant les "apocryphes", ce sont les protestants qui les ont retranchés. Luther disait (à moins que ce ne soit Calvin) qu'ils étaient utiles à lire, mais non canoniques. En ce qui me concerne j'apprécie le livre de la Sagesse et le Psaume 151 (TOB 2010).

    Concernant les indulgences : il est tout à fait compréhensible qu'après des siècles le catholicisme ait rajouté des traditions que l'on ne trouve pas dans la Bible. Les protestants l'ont aussi fait, et les évangéliques sont en train de le faire... c'est humain.

    C'est pourquoi il est essentiel de vivre de l'Homme nouveau (qui se nourrit de l'Arbre de Vie) plutôt que du vieil homme (qui se nourrit de l'arbre de la connaissance du bien/mal). Cf. à ce sujet Jean 3 (Nicodème).

    Je suis très attaché au libre arbitre, c'est pourquoi si je critique volontiers ce que je considère comme des dérives, j'estime que chacun est libre de ses choix.

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  6. Bonjour,

    Pour Onésiphore, le passage est plus ambigu et je le reconnais, même si je crois qu'un vœu exprimé à Dieu est aussi une prière. Vous devez admettre par contre que le passage de 2e livre de Maccabées est tout à fait sans ambiguïté sur ce point. Je me demande si vous le considérez inspiré, ou sinon, quelle en est la raison ? Surtout que vous semblez admettre qu'il a été retranché par les protestants. Les catholiques croient que ces livres sont aussi inspirés que les autres livres de la Bible.

    Si jamais vous étiez d'accord sur le fait que le livre de 2 Maccabées est un écrit inspiré, je ne vois pas alors pourquoi vous pensez que les indulgences sont contraires à la Bible et qu'elles seraient une tradition ajoutée, puisque les autres 5 principes semblaient faire du sens selon vous et que le 2e livre de Maccabées illustre très bien le 6e principe. Mais je crois que vous ne considérez pas ce livre comme inspiré et que c'est là que réside votre critique ... est-ce que je me trompe ?

    Miguel

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  7. Bonjour,

    Maccabées est fiable historiquement, mais les Juifs et les Protestants ne les incluent pas dans leur canon, et par conséquent ne considèrent pas certaines pratiques décrites comme justifiées : ce n'est pas parce qu'une certaine pratique y est décrite qu'elle est forcément juste, d'autant plus qu'elle n'est décrite qu'à cet endroit de la Bible.

    Concernant le salut, Paul explique clairement que le salut vient de la foi et non des oeuvres (d'autant moins des oeuvres des autres...) : c'est ce qu'a découvert Luther lorsqu'il gravissait des marches à genoux pour expier ses péchés.

    Il n'y a qu'un sacrifice expiatoire : celui de Jésus. Tout ce qu'on y ajoute ne sert de rien, car ce sacrifice est tout-suffisant. C'est dans Hébreux.

    Je ne dis pas tout cela pour vous "coincer", mais simplement pour vous dire que c'est du temps perdu que de faire des choses que Dieu ne demande pas.

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  8. Bonjour,

    Pardonnez-moi de ne pas aborder la question du salut par la foi et du sacrifice de Jésus dans cette réponse, mais je veux vraiment approfondir la question de 2 Maccabées qui est un enjeu important pour le sujet présent qu’est la question des indulgences.

    Je ne suis pas certain de bien comprendre votre position. Comme vous parlez toujours des protestants à la 3e personne, je ne sais pas trop si vous considérez les deutérocanoniques comme étant inspirés du Saint-Esprit. La teneur de vos commentaires me pousse à croire que vous partagez l’avis des protestants et qu’ils ne sont pas inspirés. La Septante contenait pourtant les livres deutérocanoniques. Si vous maintenez que la Septante est inspirée (c’est ce que je crois avoir lu sur votre site), pourquoi alors faire confiance au jugement de Luther et des autres protestants sur ce point? Pourquoi alors suivre leur exemple dans le retranchement de tous ces livres?

    Tous les conciles qui ont discuté de cette question depuis le 4e siècle considéraient ces écrits comme étant inspirés. Voici quelques articles qui traitent de la formation du canon dans l’Église :

    http://www.foicatholique.com/2011/03/la-canon-de-la-bible-les-dates.html
    http://www.foicatholique.com/2011/03/la-canon-de-la-bible-les-dates_25.html
    http://www.foicatholique.com/2011/03/le-canon-de-la-bible-les-dates.html

    Miguel

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  9. Bonjour,

    Concernant la Septante : son texte grec est plus ancien que le texte hébreu actuel - il est en fait la traduction grecque du texte hébreu originel. C'est pourquoi bibletude.org considère le texte de la Septante comme inspiré, en ce qui concerne les livres appartenant au canon juif. Les autres livres sont sujets à caution.

    Concernant le salut, il consiste entre autres en vérité qui rend libre. La lourdeur du catholicisme, ses ajouts non bibliques (rôle de Marie et des saints, etc.) sont pour beaucoup un obstacle au salut (la Bible est claire là-dessus : Dieu est UN, et le médiateur entre Dieu et les hommes est UN, [l']homme messie Jésus (1 Timothée 2:5)).

    Les livres deutérocanoniques et l'église catholique donnent l'impression de la même lourdeur que l'appareil religieux du temps de Jésus, et agissent pour beaucoup comme un repoussoir. Dans cette optique, ce qu'on espère du pape François est qu'il dépoussière tout cela, et qu'il n'est pas qu'une vitrine pour mieux cacher la Babylone que l'on devine parfois en filigrane derrière l'église catholique.

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  10. Bonjour,

    Je suis bien d'accord avec vous sur le texte de la Septante. Il est plus ancien et il le texte y est beaucoup plus certain, du moins en principe, qu'un texte dont les voyelles ont été fixé autour du Xe siècle (car il ne contenait au départ que les consonnes et cela pouvaient donner plusieurs sens à l'occasion comme le psaume 22).

    Je comprends vos préoccupations face à certains enseignements de l'Église qui peuvent devenir des obstacles. Pour ce qui est de mon cheminement personnel, je me suis rendu compte en étudiant le catholicisme que ce qui me semblait au départ des obstacles étaient beaucoup plus proche de la Parole de Dieu que les caricatures que l'on présente parfois de ces enseignements. Comme par exemple, le fait que plusieurs pensent que la communion des saints est en contradiction avec la médiation unique du Christ... comme si le fait de demander à quelqu'un de prier pour nous contournerait la médiation du Christ alors qu'au fait tous passent nécessairement par le Christ.

    Pour revenir au deutérocanonique, sur quel critères les rejetez-vous? Si justement pour vous la Bible est le fondement de tout, est-ce que cette question n'est pas alors la plus fondamentale de toute. Pourquoi la Bible à 66 livres plutôt que celle à 73? Soit Dieu a inspiré ces livres ou pas. Comment faites-vous alors pour le discerner?

    Miguel

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  11. Bonjour,

    1. Lorsque la Septante fut traduite à partir de la Bible hébraïque, les livres deutérocanoniques furent ajoutés, mais ne faisaient pas partie de la Bible hébraïque de base.

    2. Les livres deutérocanoniques ne sont pas cités dans le Nouveau testament.

    3. Jérôme les a traduits à contre-coeur.

    4. Beaucoup d'évêques et de docteurs affirment que les deutérocanoniques ne sont pas les oracles de Dieu.

    5. Augustin fit admettre les deutérocanoniques, mais seulement comme livres qui pourraient être lus et cités.

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  12. Bonjour, j’aimerais proposer certaines remarques à vos remarques :

    1- J’aimerais savoir quel est ce document que vous appelez la Bible hébraïque de base. Je ne crois pas qu’existait une telle entente avant la venue de Jésus-Christ. Les écrits de la Loi (Torah, fixé au 5e siècle siècles av. J.-C.) et des Prophètes (Nevi'im, fixés au 2e siècle av. J.-C.) étaient fixés, mais le cas qui nous intéresse : les Autres Écrits (Ketuvim) n’auraient été fixés qu’à la fin du premier siècle ou même plus vraisemblablement au 2e siècle après J-C. Si vous acceptez le canon juif, vous acceptez alors un canon provenant de gens qui ont formellement rejeté Jésus-Christ et ces gens ne sont certainement pas autorisés à définir ce qui convient pour les chrétiens. Pourquoi faites-vous confiance à des non-chrétiens pour vous dire ce que la Bible chrétienne doit contenir?

    2- Le Nouveau Testament fait allusion aux livres deutérocanoniques. Ce site anglophone en propose plusieurs (http://jimmyakin.com/deuterocanonical-references-in-the-new-testament). L’exemple le plus commun est Hébreux 11 qui fait référence au 2e livre des Macabées. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Luther ait voulu au départ reléguer ce livre (et 3 autres du N.T.!) aux écrits apocryphes comme il l’a fait pour les deutérocanoniques. Il a dû se rétracter, car les autres réformateurs ne voulaient pas toucher au Nouveau Testament. D’ailleurs, même si cela était vrai, la citation par le Nouveau Testament d’un livre de l’Ancien Testament n’est pas un critère de discernement pour l’inspiration d’un livre, car sinon il y aurait beaucoup de livres à retrancher, car ils ne sont pas cités. Vous semblez exigez un fardeau supérieur, en terme de critère, aux deutérocanoniques que vous n’imposez pas aux autres livres de l’Ancien Testament. Pourquoi?

    3- Effectivement, saint Jérôme avait certaines réserves concernant les deutérocanoniques. Cette attitude est un peu compréhensible, car il avait consulté des juifs de Palestine pour ses études sur l’Ancien Testament. Néanmoins, saint Jérôme a traduit les deutérocanoniques, car il reconnaissait que c’était à l’Église de définir le canon des Écritures (et non pas aux juifs) et il a accepté la décision des conciles et du pape. Il disait : « Quel péché aurais-je commis en suivant le jugement des églises ? Mais celui qui témoigne contre moi, rappelant l’objection que les Hébreux ont l’habitude de s’élever contre l’histoire de Suzanne, du cantique des trois enfants, et l’histoire de Bel et du Dragon, qui ne sont pas retrouvés dans les volumes (Canon) hébreux, prouve qu’il est juste un dénonciateur sans raison. Car je ne donnais pas mes vues personnelles, mais plutôt les remarques qu’ils (= les juifs) faisaient contre elles ». (Contre Rufinus 11 : 33/ [en 402]) » Pourquoi est-ce que vous refusez d’accepter le jugement de l’Église qui a prévalu pendant plus de 15 siècles et qui est bien antérieure à la décision des « réformateurs »?

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  13. 4- Il est vrai que dans le passé, certaines personnes ont douté de certains livres deutérocanoniques, mais cela a toujours été une minorité et la plupart se sont ralliés au jugement de l’Église. Avant Martin Luther et les réformateurs, personne n’avait osé retrancher ces livres de la Bible et prétendre avoir l’autorité de prendre une telle décision. Par exemple, beaucoup de chrétiens ont douté du livre de l’Apocalypse et il n’est toujours pas lu dans les églises Byzantines, mais vous l’acceptez tout de même dans votre Bible. Pourquoi suivre les réformateurs pour vous dire ce que doit contenir votre Bible? Pourquoi encore ce double standard pour les deutérocanoniques?

    5- Pour ce qui est d’Augustin, je crois que vous vous trompez. C’est saint Augustin qui a défendu les deutérocanoniques pendant les conciles de Carthage et d’Hippone de la fin du 4e siècle qui portaient sur cette question. En plus dans ces conciles, il n’était pas question de livres pouvant être lu dans l’Église sans pour autant être considéré comme inspirés, car c’est précisément ce que ce concile voulait empêcher :
    « (Il a été décidé).qu'en dehors des Écritures canoniques rien ne doit être lu dans l'Église sous le nom de divines Écritures. Or sont écritures canoniques : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Jésus Nave, Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux livres des Chroniques, Job, le Psautier de David, cinq livres de Salomon, douze livres des Prophètes, Esaïe, Jérémie, Daniel, Ézéchiel, Tobie, Judith, Esther, deux livres d'Esdras, deux livres des Maccabées.
    Quant au Nouveau Testament : quatre livres des évangiles, un livre des Actes des Apôtres, treize épîtres de l'apôtre Paul, du même une aux Hébreux, deux de Pierre, trois de Jean, une de Jacques, une de Jude, l'Apocalypse de Jean. »

    Mes questions peuvent paraître un peu rudes, mais ce sont toutes des questions qui m’ont tous beaucoup fait réfléchir pendant que j’étais en période de recherches et de questionnement sur le christianisme. J’espère qu’y répondre vous sera aussi bénéfique qu’il en a été pour moi. Au final, la question est simple : utilisez-vous des critères précis et uniformes pour discerner ce que doit contenir le canon? Si oui, quels sont-ils? Si ce n’est qu’un assentiment à une autorité, alors pourquoi l’autorité des réformateurs au lieu de celle de l’Église catholique ou d’une autre église? Pour ma part, c’est une question d’assentiment à l’autorité de l’Église catholique, car je vous avoue que je ne pourrais pas le justifier complètement autrement. Je rejoins donc saint Augustin qui disait : « Je ne croirais pas à l’Évangile si l’autorité de l’Église ne m’y incitait pas ». Mais, j’ai tout de même des raisons que je considère satisfaisantes pour choisir l’autorité de l’Église catholique plutôt qu’une autre.

    Cette question des livres deutérocanoniques, et celle de l’eucharistie et de la papauté m’ont mené vers l’Église catholique et cela au départ d’un point de vue purement historique et ensuite biblique. J’ai alors pleinement compris ce que voulait dire le cardinal Newman lors de sa conversion au catholicisme lorsqu’il disait : "To be deep in history is to cease to be a Protestant."

    Je vous suggère aussi cet article sur les deutérocanoniques (5 mythes à propos de sept livres): http://enfant-prodigue.com/ep/pvkto/5%20mythes%20-%20sept%20livres.htm

    Que la grâce de Dieu soit sur vous,
    Miguel

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  14. Excellent commentaires, M. Morin. Merci beaucoup.

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  15. Bonjour,

    Merci pour toutes ces informations, et pour le temps passé à les rassembler.

    Lorsque je parle avec des catholiques sincères comme vous, qui disent ce qu'ils croient non pas parce que la hiérarchie l'a dit, mais parce qu'ils ont cherché, comme les chrétiens de Bérée de faisaient, je les considère comme des frères et soeurs.

    Je vais creuser ces points plus avant.

    Soyez bénis.

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  16. Bonjour,
    J'admire votre réaction. Plusieurs personnes auraient réagit à ces commentaires en coupant la discussion.
    Bonne recherche et n'hésitez pas à revenir partager vos découvertes.
    Que Dieu vous bénisse aussi.

    Miguel

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    Réponses
    1. Cher Miguel
      Je vous remercie énormément pour ces éclaircissements, je suis vraiment épaté de la précision et de la sincérité de vos propos.
      Je donne en effet des cours de catéchisme pour jeunes dans la paroisse. Dernièrement la question des indulgences a été pleinement soulevée et je me retrouve pas mal dans vos interprétations fideles à la Parole de Dieu et à l Eglise.
      Je vous demande si possible de m’indiquer des sites a consulter pour nos jeunes paroissiens surtout des sites concernant la Bible et des activites instructives rattachees a la bible et a la catechese. Introduire nos enfants dans le cadre de la Bible et l’histoire leur manque et les intéresse pleinement.
      Mon email : prfady@gmail.com
      Merci d’avance.

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    2. Bonjour,

      Merci de vos bons mots d’encouragements.

      Il y a le site http://www.idees-cate.com/le_cate.html qui est un bon point de départ pour trouver des pistes d’activités pour les jeunes.
      S’ils sont un peu plus vieux (13-14 ans ou plus), je conseille le livre « Comprendre les Écritures » https://www.amazon.fr/Comprendre-Ecritures-cours-complet-dintroduction/dp/2891278453 . On y trouve des explications bibliques très claires avec des extraits du catéchismes et des petites activités sous forme de questions.

      Que le Seigneur vous bénisse

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    3. Cher Miguel,

      Un point tres delicat me tarode dernierement et qui fait couler pas mal d encre partout le sujet de la fin des temps et fin du monde et dernier jugement. Des points de vues deconcertants surgissent dernierement confirmant que la fin des temps c est la venue de la gloire du Christ pour une premiere restauration de l ordre de ce monde. Ils affirment que ceci n a rien a voir avec le dernier jugement. Beaucoup souleve la question de la victoire du coeur Immaculee de Marie en 2017.......
      sincerement j ai fait trop de recherches mais en vain au contraire les choses se compliquaint davantage quant a ceux qui se referent au livre de Daniel et aux 7 semaines eta l apocalypse en extrapolant vers d anciennes propheties et visions mariales.
      un amalgame effrayant et une perspective apocalyptique deconcertante.
      d autre part je crois a tous les apparitions mariales confirmes par l Eglise et celle d Akita du Japon me boulverse et me choque mais j y crois...
      bref au secours!!!!
      Merci pour les adresses ils sont vraiment utiles.
      Email =prfady@gmail.com

      Effacer
    4. Bonjour,

      Je ne crois pas qu’il faille s’en faire avec ce genre de prédiction. On trouve toujours quelques groupes pour annoncer la fin du monde pour l’an prochain. Certes, cela arrivera un jour, mais le plus important est de rester les yeux fixés sur le Christ et de veiller… car nous ne savons ni le jour ni l’heure.

      Généralement, les catholiques croient que la fin du monde coïncide avec le jugement, mais à ce que je sache l’Église n’a jamais statué définitivement sur cette question. Cependant, les doctrines tels que l’enlèvement et celle du règne de 1000 ans (comme celles que vous évoquez) ont de très faibles fondements bibliques et on les retrouve généralement davantage dans les milieux protestants fondamentalistes.

      Je crois moi aussi aux apparitions mariales qui sont approuvées par l’Église, mais il faut être prudent avec certains sites qui déforment ou accentuent certains messages pour faire sensation. Rappelez-vous que le Seigneur veille toujours sur nous et que nous n’avons rien à craindre si nous demeurons en Lui.

      Que la grâce de Dieu soit sur vous

      Effacer
    5. Bonjour Monsieur Morin,
      Je vous souhaite une agréable année 2017 à vous et vos proches.

      Le 16 novembre 2016 (bientôt 2 mois), j'ai publié un commentaire qui je pense pourrait être utile à M. (ou Mme?) Boustany ainsi que tous ceux qui auraient les même frayeurs.
      Vous ne l'avez, à l'heure actuelle (7 janvier 2017), toujours pas autorisé.
      Il y a également un certain nombre de mes commentaires (10) qui n'ont toujours pas été publiés et pour lesquels j'aurais aimé une réponse. Vous avez précédemment dit ne pas avoir eu le temps de le faire, ce que je comprends. Mais je me demande tout de même si vous n'en n'auriez pas supprimé quelques uns (n'ayant pas eu la moindre réponse depuis deux mois). Si c'est le cas, merci de bien vouloir m'en donner la raison. Si vous l'avez fait par hasard, j'ai gardé une copie de mes commentaires et peut les publier de nouveau si vous me l'autorisez. (vous pouvez me commenter une réponse et supprimer votre commentaire immédiatement, je devrais recevoir une notification par mail). Je serais étonné car j'ai lu dans un de vos commentaires que vous ne censurez jamais les commentaires sur ce site, ce qui est tout à votre honneur.
      Mon commentaire sur ce post ne nécessitant pas de réponse, pourquoi n'a-il pas été publié ?

      Pour info, j'ai publié des commentaires sur les sujets suivants :
      http://www.foicatholique.com/2014/03/quelles-etaient-ces-jours-qui-etaient.html
      http://www.foicatholique.com/2016/11/incarnation-jesus-christ.html
      http://www.foicatholique.com/2016/10/16-regles-de-lecture-de-la-bible.html
      http://www.foicatholique.com/2016/10/commencement-univers.html (x2)
      http://www.foicatholique.com/2016/03/probleme-mal-dieu-athee.html
      http://www.foicatholique.com/2016/09/qui-a-cree-dieu.html
      http://www.foicatholique.com/2016/09/hors-de-leglise-point-de-salut.html
      http://www.foicatholique.com/2013/01/que-veut-on-dire-par-lame.html
      http://www.foicatholique.com/2013/02/cet-article-se-veut-la-suite-de-celui.html
      http://www.foicatholique.com/2015/01/les-indices-pensables-21-sacrifier-une.html
      La plupart des commentaires ont été rédigés de fin août à fin octobre 2016, sauf les deux premiers qui datent du 16 novembre.

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    6. Bonjour,

      Bonne année 2017 à vous et à vos proches aussi. Puissiez-vous y trouver Dieu, le seul qui puisse vous combler.

      Il y a effectivement une dizaine de commentaires anonymes (je présume qu’ils sont tous de vous) qui ne sont pas publiés pour différentes raisons. Ils ne sont pas effacés, mais seulement en attente de modération. Il y a de vos questions qui sont vraiment pertinentes, mais je prévois y répondre dans des articles ultérieurs, que je n’ai pas eu le temps de réaliser encore. Si vous voulez communiquer avec moi en privé par courriel, je pourrai vous donner les raisons spécifiques pour chacun d’eux. J’ai dû modifier ma façon de faire pour les commentaires, mon blogue ayant gagné en visites ces derniers mois et mon temps disponible ayant malheureusement un peu diminué.

      Pour votre commentaire sur la question de Mme Boustany, je n’ai effectivement pas publié votre commentaire. Je crois que si une personne vient sur ce blogue pour poser une question, c’est qu’elle désire une réponse dans une perspective de croyant. Votre réponse en étant une dans une perspective athée, je ne crois pas qu’elle représente ce que cette personne recherchait en venant poser sa question ici. Il y a aussi que le premier paragraphe de ma réponse englobait aussi le point avec lequel j’étais d’accord dans votre réponse.

      Les commentaires des blogues créés avec blogger ne sont pas une plate-forme efficace pour les débats. Si vous voulez faire des débats de façon plus active, il y a les forums qui sont plus adaptés pour cela et où vous aurez davantage d’interactivité et plus de réponses. J’aime bien quand les gens ont des questions ou me donne des commentaires en commentaires sous un article, mais le but de ces commentaires n’est pas de se lancer dans de grands débats sur des questions générales… surtout s’ils ne portent pas vraiment sur le sujet de l’article en question.

      Amicalement

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