Des harmonies cachées dans les Évangiles

Comment les harmonies cachées dans les Évangiles prouvent
que leurs auteurs ont dit la vérité au sujet de Jésus ?
Il est évident que les quatre Évangiles s'accordent sur les principaux faits sur la vie de Jésus :

• Il a vécu en Palestine au premier siècle.
• Il a voyagé à travers la Galilée et la Judée.
• Il a fait des miracles.
• Il a enseigné.
• Il a été crucifié à Jérusalem, à Pâque, sous l’administration de Ponce Pilate.
• Il est ressuscité des morts.
• Et ainsi de suite…

Tout ce qui est évident.

Contradictions au sein des Évangiles ?

Les critiques des Évangiles ont donc tendance à se concentrer sur ce qui est moins important (les différences entre les Évangiles sur des questions de détail).

Ces allégations de contradictions entre les Évangiles ont tendance à s’estomper lorsqu’on lit les textes attentivement, que l'on comprend la façon dont les anciens textes narratifs fonctionnaient et la liberté qu’on eut les auteurs dans la façon dont ils ont organisé leurs matériaux.

Par exemple, ils étaient libres de paraphraser. Ils étaient libres de ne pas placer les événements dans l'ordre chronologique à des fins littéraires. Ils ont été autorisés à simplifier et à résumer les événements pour donner seulement les faits principaux et ils en étaient aussi libres d’en tirer des implications différentes.

Témoignages répétés ?

Les défenseurs des Évangiles disent parfois que ce type de différences sont celles auxquelles nous nous attendrions si les Évangiles avaient été écrits par des témoins oculaires ou sur la base de témoignages oculaires.

Après tout, dans une salle d'audience d’un tribunal, vous vous attendez à ce que les témoins voient les choses sous des angles différents, qu’ils ne disent pas tous exactement les mêmes choses, qu’ils paraphrasent, que leurs témoignages se chevauchent en alternance et qu’ils en omettent certains détails.

Si les témoins ont trop d'harmonie entre leur témoignage (s'ils disent tous exactement les mêmes choses, avec les mêmes termes et sans variation dans les détails), c'est alors un signe que les témoins ont répété leur témoignage et ce dernier devient suspect.

Ils peuvent avoir comploté les uns avec les autres sur ce qu’ils allaient dire au lieu de raconter ce qui s’est vraiment passé.

Des signes de crédibilité

Lors de l'évaluation des témoignages, les avocats (et les jurés!) recherchent des signes de crédibilité dans les témoignages des témoins.

Un signe de crédibilité est lorsque les petits détails s’accordent ensemble et que ce sont le genre de détails que les témoins n’auraient pas pensé à conspirer entre eux.

Ce ne sont pas des détails qui sautent aux yeux au premier abord. Ils demeurent cachés jusqu'à ce que vous fassiez une étude plus approfondie de leur déposition.

Mais quand ils s’harmonisent, ils donnent une preuve supplémentaire que vous avez entendu la vérité.

Y at-il de telles harmonies cachées entre les Évangiles?

Oui !

Une question pour Philippe

Voici une harmonie cachée entre le matériel relaté dans l'Évangile de Jean et l'Évangile de Luc.

Dans Jean, à la multiplication des pains, nous lisons :
Jésus donc ayant levé les yeux, et voyant qu'une grande foule venait à lui, dit à Philippe: "Où achèterons-nous du pain pour que ces gens aient à manger?" Il disait cela pour l'éprouver, car lui, il savait ce qu'il devait faire. Philippe lui répondit: "Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un morceau." (Jean 6,5-7).
Il y a quelque chose d'un peu étrange dans cette histoire: Jésus demande à Philippe où ils peuvent acheter du pain pour la foule.

Pourquoi Philippe?

Un Apôtre de second ordre

Philippe n'est pas le porte-parole habituel ni le représentant des apôtres dans son ensemble. C'est Pierre.
Philippe est un apôtre de second ordre… littéralement.

Chaque fois que les douze apôtres sont nommés, ils le sont toujours en trois groupes de quatre noms selon un système de classement clair.

Pierre est toujours le premier nom dans le premier bloc, qui est étoffé par les trois autres apôtres principaux (Jacques, Jean et André) .Judas Iscariote est toujours le dernier nom du dernier bloc.

Philippe (avec Barthélemy, Thomas et Matthieu) est toujours dans le deuxième bloc de noms.

Donc, il n'est pas un apôtre particulièrement important. Il s'agit d'un « deuxième choix ».

Alors, pourquoi Jésus lui demande-t-il où acheter du pain ?

Une réponse possible

Une réponse possible est que Philippe connaissait bien la région où il était et qu’il connaissait les lieux les plus proches où le pain aurait pu être acheté.

Maintenant, savons-nous quelque chose sur l’endroit où la multiplication des pains a eu lieu (autour de la mer de Galilée) ?

Oui.

Selon l'Évangile de Luc :
Les apôtres, à leur retour, lui racontèrent tout ce qu'ils avaient fait. Il les prit avec lui et se retira à l'écart dans la direction d'une ville nommée Bethsaïde. Les foules, l'ayant su, le suivirent. Les ayant accueillies, il leur parlait du royaume de Dieu, et il rendit la santé à ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser, et les Douze s'approchèrent et lui dirent : " Renvoyez la foule, afin qu'ils s'en aillent loger dans les bourgs et les hameaux des environs et y trouvent de la nourriture; car nous sommes ici dans un lieu désert. " Il leur dit : " Donnez-leur vous-mêmes à manger. " Ils lui dirent : " Nous n'avons pas plus de cinq pains et deux poissons, à moins peut-être que nous ne nous en allions nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple ! " (Luc 9,10-13).
Donc, l'événement a eu lieu dans « un lieu désert » près de la ville de Bethsaïde.

Avons-nous raison de penser que Philippe pourrait être familier avec la région près de Bethsaïde?

Oh oui! Nous avons de bonnes raisons.

Retour à Jean

Dans l'Évangile de Jean, nous lisons qu’au début de son ministère :
Le jour suivant, Jésus résolut d'aller en Galilée. Et il rencontra Philippe. Et Jésus lui dit: "Suis-moi." Philippe était de Bethsaïde, la ville d'André et de Pierre (Jean 1,43-44).
Voici comment Jean souligne que Philippe était probablement de Bethsaïde, car il est introduit de cette façon, et il montre comment il connaissait le cercle de ceux qui allaient devenir apôtres : Philippe connaissait déjà André et Pierre, car ils étaient la même ville.

Plus tard, nous lisons :
Or, il y avait quelques Gentils parmi ceux qui étaient montés pour adorer, lors de la fête. Ils s'approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande: "Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus" (Jean 12,20-21).
Pourquoi les Gentils s'approchent de Philippe? Et pourquoi donc Jean souligne-t-il de nouveau que Philippe était de Bethsaïde?

Probablement parce que Bethsaïde était «en Galilée», et que la Galilée avait une grande population de la langue grecque des Gentils.

Matthieu 4,15 (tout comme Isaïe 9,1) l’appelle même la «Galilée des Gentils».

En tant que Galiléen, Philippe avait une certaine connaissance de la langue grecque (il peut même avoir été l'une des personnes qui connaissaient le mieux le grec parmi les disciples de Jésus).

Il était donc accessible et Jean veut s'assurer que ses lecteurs le savent. C’est pourquoi il nous rappelle d'où Philippe venait.

Dans tous les cas, Jean atteste à deux reprises que Philippe était de Bethsaïde.

Ce que Jean ne dit pas

Ce que Jean ne dit pas, c'est que la multiplication des pains a eu lieu près de Bethsaïde.

Vous apprenez cela que si vous lisez l’Évangile de Luc et si vous portez vraiment attention aux détails.
Il y a donc une «harmonie cachée» entre Luc et Jean sur le sujet.

De Jean, nous apprenons que Jésus pose une question à Philippe, qui présuppose la connaissance de l'endroit où ils étaient. De Luc, nous apprenons où cette région était, et de Jean, nous apprenons que Philippe était de la région que nomme Luc.

C'est le genre de chose qui inspire confiance. C’est-à-dire que cela démontre que les témoins n’ont pas conspiré entre eux, mais qu’ils disent la vérité sur ce qui s'est passé.

C'est le genre de petit détail que les témoins qui conspirent n'auraient jamais pensé à inventer.

Et il n’y a pas que cela.

Une harmonie encore plus cachée

Jean indique que trois des apôtres avaient Bethsaïde comme ville natale : Philippe, Pierre, et André.
Pourquoi Jésus ne pose-t-il pas alors sa question à Pierre ou à André? Alors qu’ils étaient de Bethsaïde eux aussi!

En effet, comme Pierre était le porte-parole et le représentant habituel des apôtres, on devrait s'attendre à ce que Jésus fasse sa demande à Pierre, étant donné qu'il était aussi de la région.

Y a-t-il une raison pour laquelle il ne fait pas?

La nouvelle demeure de Jésus

Il y a peut-être, en effet, une raison pour laquelle Jésus s’est tourné vers Philippe plutôt que Pierre ou André : ces deux derniers avaient quitté la région un certain temps auparavant.

Marc indique que Jésus avait déménagé de Nazareth à Capharnaüm, une ville qui était également situé sur la rive de la mer de Galilée :
Après quelque temps, Jésus rentra à Capharnaüm, et l'on apprit qu'il était dans la maison (Marc 2,1).
Ceci fait suite à un incident dans la synagogue de Capharnaüm où Jésus avait exorcisé un homme possédé par un démon :
Ils se rendirent à Capharnaüm, et dès que, le jour du sabbat, il fut entré dans la synagogue, il se mit à enseigner. Et ils étaient stupéfaits de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme les scribes. Or il y avait justement dans leur synagogue un homme (possédé) d'un esprit impur, qui s'écria (Marc 1,21-23).
Jésus avait alors déménagé de Nazareth à Capharnaüm, qui fût alors sa nouvelle ville d'accueil.
Quelqu’un d’autre avait-il déménagé avec lui?

Pierre et André

Entre ces deux références, Marc fait également référence à Jésus qui va dans une maison spécifique à Capharnaüm : celle de Pierre et André.

Nous lisons :
En sortant de la synagogue, il vint aussitôt dans la maison de Simon et d'André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit, ayant la fièvre; aussitôt ils lui parlèrent d'elle. Il s'approcha et la fit lever, en lui prenant la main; et la fièvre la quitta, et elle se mit à les servir (Marc 1,29-31).
Alors Pierre et André ont également déménagé à Capharnaüm.

Cela pourrait être la raison pour laquelle Jésus demande à Philippe, plutôt qu’à Pierre ou André, où acheter du pain dans les environs de Bethsaïde : les deux frères, qui étaient aussi originaires de là, avaient déménagé il y a quelque temps et ils avaient acquis une maison à Capharnaüm.

Philippe était alors sans doute celui qui connaissant le mieux la région et où le pain pouvaient être acheté.
Nous trouvons donc une autre harmonie cachée qui explique en partie pourquoi Jésus a posé la question à Philippe.

Et ensuite?

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Cet article est une traduction personnelle de l’article « Hidden harmonies in the Gospels » de Jimmy Akin. Vous pouvez consulter l’article original en anglais ici.

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