Ils célébraient l’Eucharistie: Jean 6


Si nous célébrons l’Eucharistie, c’est tout d’abord parce que Jésus lui-même nous l’a enseigné. Le passage de la Bible où Jésus parle le plus explicitement de l’Eucharistie est dans son discours à Capharnaüm, dans l’Évangile de Jean, au chapitre 6. Pour replacer brièvement ce discours dans son contexte, Jésus avait fait le miracle de la multiplication des pains, le jour précédent, de l’autre côté de la mer de Tibériade et des foules le suivirent pour en faire leur roi.
L'ayant trouvé de l'autre côté de la mer, ils lui dirent : " Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? "
Jésus leur répondit : " En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et avez été rassasiés.
Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, car c'est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau. "
Ils lui dirent alors : " Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? "
Jésus leur répondit : " L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. "
Ils lui dirent alors : " Quel signe fais-tu donc, pour qu'à sa vue nous te croyions ? Quelle œuvre accomplis-tu ?
Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur a donné à manger du pain venu du ciel. " (Jean 6, 25-31)
À la question des Juifs, Jésus leur répond d’abord que l’œuvre de Dieu est de croire en celui qu’il a envoyé. Sur ce point, ils comprennent bien que Jésus veut qu’ils croient en lui. Il n’a même pas besoin de le dire explicitement que ceux-ci lui demandent un signe afin de croire. Cela est une réaction normale, car Dieu a généralement donné des signes à ceux qu’il envoie en mission, comme il a fait par exemple pour Moïse (voir Ex 4).
Jésus leur répondit : " En vérité, en vérité, je vous le dis, non, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel ; mais c'est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ;
car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. "
Ils lui dirent alors : " Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. "
Jésus leur dit : " Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif.
Mais je vous l'ai dit : vous me voyez et vous ne croyez pas.
Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors ;
car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
Or c'est la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour.
Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. "
Les Juifs alors se mirent à murmurer à son sujet, parce qu'il avait dit : " Je suis le pain descendu du ciel. "
Ils disaient : " Celui-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? " 
(Jean 6, 32-42)
Les Juifs commencent vraiment à se demander ce que veut dire Jésus lorsqu’il dit qu’il est le pain descendu du ciel. Ils ont beaucoup de difficulté à le prendre au sens littéral, car on voit que c’est vraiment ce qu’ils ont pensé en premier lieu selon leur questionnement. Certains sont probablement même prêts à croire que cela n’est qu’une métaphore, car après tout ces gens le suivent pour en faire leur roi, ils ne sont donc probablement pas tous hostiles à son message…
Jésus leur répondit : " Ne murmurez pas entre vous.
Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque s'est mis à l'écoute du Père et à son école vient à moi.
Non que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient d'auprès de Dieu : celui-là a vu le Père.
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle.
Je suis le pain de vie. 
(Jean 6, 43-48)
Jésus est clair : celui qui croit a la vie éternelle. Quel est donc ce message auquel Jésus veut que la foule croie ? Il donne la réponse dès sa phrase suivante : « Je suis le pain de vie ». Encore une fois, certains Juifs doivent penser qu’il s’agit d’une métaphore ou d’une parole symbolique…
Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts ;
ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas.
Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. "
Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux ; ils disaient : " Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? " 
(Jean 6, 49-52)
« Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde ». Jésus est maintenant clair sur ce qu’est le pain de vie : c’est sa chair. Serait-ce encore une de ses métaphores ou de ses paraboles, devaient encore penser certains Juifs. Ils discutent désormais de plus en plus fort et se demandent : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » À ce point, Jésus sait ce à quoi ils pensent. Il va donc être très clair dans son enseignement :
Alors Jésus leur dit : " En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.
Qui MANGE ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.
Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson.
Qui 
MANGE ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me 
MANGE, lui aussi vivra par moi.
Voici le pain descendu du ciel ; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts ; qui 
MANGE ce pain vivra à jamais. " (Jean 6, 53-58)
Il n’y maintenant plus d’autre conclusion possible. Jésus parlait vraiment de manger littéralement sa chair et de boire son sang. Sa chair est vraiment une nourriture et son sang est vraiment une boisson. Que pouvait-il bien dire de plus pour se faire comprendre ? Au fait, plusieurs l’ont compris ainsi et l’ont quitté et nous y reviendront plus tard.

Certains chrétiens continuent pourtant de lire ce passage comme étant seulement une métaphore de la part de Jésus. Voici quelques raisons pourquoi cela ne semble pas possible :

  1. Dans cette dernière partie, Jésus intensifie son vocabulaire en utilisant un autre mot pour mettre l’emphase sur la réalité de manger. Au lieu d’utiliser le mot grec qui signifie manger (racine : esthio, strong #5315), il utilise plutôt le mot grec qui signifie plus mâcher ou même ronger qui est en majuscule dans le texte ci-haut (racine : trogo, strong #5176). Pourquoi Jésus aurait-il mis cette emphase supplémentaire si cela n’était pas pour clarifier son message et surtout en sachant que ses interlocuteurs étaient déjà confus? Cela ne serait pas acceptable à moins de penser que Jésus aurait volontairement voulu égarer ceux qui l’écoutaient.
  2. L’insistance sur ce point est aussi unique dans le Nouveau Testament. Les répétions et l’utilisation du « En vérité, en vérité » plus de 4 fois en quelques versets nous montre l’importance que ce qu’il affirme. D’ailleurs cette expression était utilisée à l’époque comme formule de serment. 
  3. Certains chrétiens voient dans l’affirmation « Je suis le pain de vie » une métaphore comme dans d’autres endroits dans cet Évangile où Jésus dit « Je suis la Porte » (Jean 10,9) ou bien « Je suis la vraie vigne » (Jean 15,1) où Jésus parle vraiment en métaphore. Lorsqu’on prend le temps d’examiner ces passages, on voit bien que dans ceux-ci, personne ne le prend au sens littéral en demandant à Jésus comment peut-il être une porte, Jésus n'est pas aussi insistant et personne ne le quitte pour ses enseignements.

Tel fut l'enseignement qu'il donna dans une synagogue à Capharnaüm.
Après l'avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent : " Elle est dure, cette parole ! Qui peut l'écouter ? " 
(Jean 6, 59-60)
Encore une fois, si le fait que Jésus est le pain de vie est seulement une métaphore qui signifie croire en Jésus, je ne vois pas pourquoi cela était une parole aussi dure… après tout, les gens qui l’écoutaient étaient prêts à en faire leur roi et Messie.
Mais, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce propos, Jésus leur dit : " Cela vous scandalise ?
Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant ?...
C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. 
(Jean 6, 61-63)
Plusieurs critiques de l’interprétation catholique de ce discours utilisent ce dernier verset pour annuler tout l’enseignement donné par Jésus sur le fait de manger sa chair. Cet argument ne tient pas la route. Jésus ne dit pas ici que sa chair ne sert de rien, mais plutôt que les paroles de la chair ne servent de rien en opposition avec celles de l’esprit. Il veut seulement dire que  ses paroles sont paroles de vie en opposition avec les paroles de la chair, qui ne sont que discours d’hommes. Un peu comme lorsqu’il dit : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41).
Mais il en est parmi vous qui ne croient pas. " Jésus savait en effet dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait.Et il disait : " Voilà pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père. "Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. (Jean 6, 64-66)
Plusieurs disciples ont quitté Jésus pour cet enseignement. Si tout cela n’était qu’une métaphore, ce serait le seul endroit de tout le Nouveau Testament où Jésus laisse partir des gens qui n’auraient pas bien compris son message. Dans tous les autres enseignements, Jésus clarifie son message lorsqu’il voit que les gens ne comprennent pas et le prennent par erreur au sens littéral. Voir Jn 4, 31-38 et Mt 6, 5-12. Nous avons vraiment la situation contraire dans ce passage de Jean 6. Jésus parlait en sens littéral, voulait être compris au sens littéral et à donnée des clarifications en ce sens.
Jésus dit alors aux Douze : " Voulez-vous partir, vous aussi ? " (Jean 6, 67)
Encore une fois, Jésus ne dit pas à ses Apôtres : « Avez-vous compris vous au moins que je parlais en métaphore ». Il les renvoi plutôt à eux-mêmes pour voir s’il croyait vraiment ce que Jésus avait dit. Si vous être chrétien et que votre pasteur ne vous offre pas un aliment qui est vraiment le Corps du Christ, je vous invite vous aussi à réfléchir à cette question de Jésus : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit : " Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. " (Jean 6, 68-69)
Cette réponse de Pierre est probablement mon passage préféré. On voit bien qu’il ne comprend pas encore clairement comment Jésus va faire pour leur donner sa chair à manger, mais il a quand même assez de foi pour dire : « Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. » Je crois que nous vivons tous des moments de notre vie ou nous pouvons répondre la même chose.
Jésus leur répondit : " N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l'un d'entre vous est un démon. "
Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; c'est lui en effet qui devait le livrer, lui, l'un des Douze. 
(Jean 6, 70-71)
La conclusion de cet enseignement de Jésus est claire :
Jésus est le pain de vie. Le pain de vie est sa chair. Sa chair est une nourriture. Cette nourriture est l’Eucharistie. Peut-être pensez-vous que cette interprétation étire trop ce texte. Nous allons voir dans le prochain article, comment Jésus va s'y prendre pour nous donner sa chair à manger.

Commentaires

  1. Oui, Jean 6 dit cette présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie de façon si claire, surtout quand dans les versets 53-58 où Jésus redit cette merveille comme s'il enfonçait un clou de plusieurs coups de marteau (à partir du verset 51, on peut en compter sept.
    J'aime beaucoup Jean 6. Depuis le début Jésus nous prépare à l'Eucharistie en multipliant les pains et en marchant sur les eaux. J'en ai fait un poème :
    JEAN 6

    - 1 -
    Au lac de Ta Parole, je suis allé pêcher
    De grands poissons d’amour et des perles de joie.
    Dans le four de Ton Cœur, j’ai trouvé le pain chaud
    Qui donne envie de vivre en nourrissant la foi.

    - 2 -
    Accepte mon offrande en ce désert du monde
    Où le peuple gémit en quête d’un berger.
    Ce pain et ces poissons que tu multiplieras
    Serviront à calmer les cœurs qui crient « J’ai faim ! »

    - 3 -
    « J’ai faim ! J’ai soif ! » Ce cri, Tu veux l’éteindre ici
    Pour le ressusciter sur un autre rivage.
    Au-delà de la mer où la tempête éclate,
    Tu viens nous rassurer : « N’ayez pas peur ! C’est moi ! »

    - 4 -
    « J’ai faim ! J’ai peur ! » Deux cris qui traversent les siècles
    Mais qu’on n’entendra plus dans Ton Pays d’Amour.
    Parle, Jésus, dis-moi le secret de Ton Cœur,
    Ouvre-moi ton jardin de fleurs eucharistiques.

    - 5 -
    Plus que Tes mots d’amour, au-delà des miracles,
    Ton Corps livré au bois, Ton Sang versé pour moi
    Me donnent envie de suivre les chemins d’aventure
    Où Tu m’invites à vivre corps à Corps avec Toi.

    - 6 -
    La soupe populaire qu’on voudrait prolonger
    En Te couronnant roi d’un peuple paresseux,
    Tu dis qu’elle n’était qu’un signe des merveilles
    Que tu veux accomplir pour combler tous les vœux.

    - 7-
    Ta marche sur les eaux devrait faire comprendre
    Que Ta chair si fragile habitée par l’Esprit
    Sera le Pain de vie qui va aider Ton Peuple
    À devenir Ton Corps vivant et vivifiant.

    - 8 -
    Certains n’ont pas la force de continuer à croire.
    Tu vas trop loin, trop fort ! Ils ne peuvent Te suivre
    Au pays cannibale, dans l’antre des vampires…
    « Comment manger Ta chair, comment boire Ton sang ? »

    - 9 -
    Et pourtant tu insistes et, sept fois, tu redis…
    Tu plantes la fleur d’or de Ton dessein sublime.
    Le rêve de l’amour devient réalité :
    Manger celui qu’on aime pour lui être semblable !

    - 10 -
    O divin corps à Corps, merveilleux Cœur à cœur !
    Le Fruit ressuscité de l’arbre de la Croix
    Nous fait les consanguins du beau Dieu de la foi
    Pour répandre avec joie partout sa bonne odeur.

    - 11 -
    O divin Rendez-vous qui nous fait devenir
    Missionnaires d’amour là où Tu nous conduis.
    Comme Dame Marie, nous Te portons en nous,
    Pour Te donner au monde et combler sa vraie soif.

    Martinique, le 14 septembre 2009 Jacques Beaudry c.s.v.


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